TOPs 10 de l'année 2022


Il nous aura fallu le mois de Janvier pour revenir sur l'année 2022. Une année riche en sorties, dont de nombreuses ont été crées lors des différents confinements, et qui se trouvent enfin libres de résonner. Une richesse qui se retrouve dans notre traditionnel TOP 10 annuel, avec très peu d'albums en commun au sein de l'équipe. Cette pluralité d'albums se retrouve également dans les paysages sonores de ses derniers, qui vous ferons voyager dans l'univers de chacun des membres de Scholomance, qu'on vous laisse le soin de découvrir par vous-même.

Il est temps, écoutez, voyagez...

L'illustration de cette année a été réalisée par Marine Février, artiste aux multiples facettes, musicienne, dessinatrice, pixelartiste et chroniqueuse en nos pages. Elle a réalisé ce dessin comme un résumé de l'année écoulée, entre revendication sociale, féminisme et écologie. 




Cela faisait plusieurs années qu’il n’y avait pas eu autant de sorties post-black qui m’avaient marquées. Pour autant ce n’est pas l'un de ces albums qui a trusté la première place. L’album qui m’aura marqué le plus cette année est l’album posthume du maître Klaus Schulze, – évidemment sa disparition en avril 2022 ne rend que plus impactant sa sortie. J’aime à croire que même sans cela, il serait à la même place. En effet, Klaus Schulze fait partie des artistes qui ont marqué ma construction musicale (autant en solo qu’avec Tangerine Dream) et cet album nous propose un paysage sonore sublime, entre musique industrielle minimaliste et ambiant provenant d’Arrakis, la planète où se passe la majorité de l’intrigue de la saga Dune, qui a également eu un impact significatif dans ma vie… Bien loin de l’OST du film composée par Hans Zimmer (qui prouve qu’il sait encore composer) elle reflète bien plus la grandeur cosmique, l’angoisse intérieure et le mysticisme inhérent à la planète de sable. 
 
Autre album attendu, le nouveau Sigh. Une de mes formations fétiches à n’en pas douter, mais qui avec In Somniphobia (2012) et Graveward (2015) m’avait un peu perdu, puis directement retrouvé avec l’incroyable Heir To Despair (2018). C’est donc avec une impatience, mêlée de l’inquiétude qu’il n'ait pu s'agir que d’un « one-shot », que j'attendais le nouvel album. Arrive alors le premier extrait et là, énorme coup de cœur, me voilà instantanément conquis par cet album composé comme un poème japonais, à propos du crépuscule de la vie et de la mort qui s’approche. Un black metal toujours aussi sublime et avant-gardiste, aux touches de folk japonaise et progressives. On reste dans le black metal « avant-gardiste » avec Zeal & Ardor, et son album éponyme. J’ai une relation étrange avec le groupe de Manuel Gagneux ; j’ai toujours trouvé ça hyper intéressant sans réellement apprécier. Il y avait toujours cette chose indicible qui faisait que je n’accrochait pas mais qui, pour autant, faisait que je suivais assidûment son évolution. Et grand bien m’en fasse puisque enfin, l’album de Zeal & Ardor que j’attendais est sorti et son écoute fût incroyable ! Du black metal avec des passages « neo-metal » surprenants, mais qui trouvent leur place dans cette expérimentation, là où les éléments negro spiritual se font plus discrets mais aussi plus impactants de par leur rareté, on a moins cette impression de : mélange pour le mélange. 
Tassi, side-projet ultra productif de Dryad (Bliss-Illusion) s’offre aussi une place dans le top de cette année avec Northland III, troisième volet de la saga débutée par l’artiste en 2021. Encore une fois orné par une œuvre sublime d’Alcide Nathanaël, ce nouveau chapitre se fait plus trip-hop, plus lumineux, mais les passages « black metal » virant sur le DSBM (black metal dépressif) n’en sont que plus noirs. Un opus plus contrasté mais aussi plus féerique qui ouvre la porte de ce TOP aux autres sorties post-black de l’année, mais il faudra encore attendre cher lecteur, car le suivant est le très attendu Wormrot. Dernier album avec leur chanteur historique Arif, ce nouvel album est une réappropriation totale de l’idée de ce qu’est le grind. Le groupe n’hésites pas à incorporer du violon aux airs dissonants et une batterie qui en plus de la vitesse, de la puissance et de la violence, nous offre quelques passages de percussions plus « tribales ».
 
On retourne dans les sorties black metal « avant-gardistes » de l’année avec les maîtres du genre, Blut Aus Nord, venu invoquer les entités cauchemardesque et cosmiques de l’univers de Lovecraft. Les nappes black metal hypnotiques sont sublimes et nous plongent toujours plus profondément dans les abysses insondables du Monde, nous faisant perdre notre rapport au temps et à l’espace, faisant du noir abyssal un noir cosmiques… De quoi sombrer avant de s’éveiller aux sonorité death metal old-school du dernier Ripped To Shreds qui au travers de son nouvel album continue de nous conter des histoires guerrières prenant place dans une Chine antique et fantastique. Avec 劇變 (Jubian) Andrew Lee continue d’explorer les sons old-school du death, en y apportant des éléments plus mélodique mais aussi grind. Quittons cet univers pour retrouver des atmosphères plus familières, une nuit, des bruits urbains, un ciel éclairé par des lampadaires et l’électricité partout. Cailleach Calling né de membres officiant (ou aillant officié) dans Botanist, White Ward, Dawn of Ouroboros (et encore bien d’autres) nous offre ce paysage urbain, post-black, aux accents progressifs. Bien que les groupes d’origines des membres ne font pas partie des formations dont j’apprécie particulièrement la musique, fort est de constater que leur rencontre, elle, me transporte particulièrement. Ils rendent palpable le battement des mégalopoles, la poésie de la nuit urbaine, de ses lumières vivantes, de ce mélange de vitesse mais aussi du nouveau rythme nocturne qui fait ralentir la vie. La suite de ce top nous fera quitter cette vie moderne palpitante, pour la nature slovaque. Le premier album de Besna, Zverstvá est d’une poésie, d’une mélancolie qui rappellera les deux premiers albums d’Harakiri for the Sky sans pour autant les copier. Ces nouveaux venus dans la scène post-black metal puisent dans tous ce que le terme « post » offre de liberté, bien que les parties post-hardcore et post-black soient les plus flagrantes, les passages plus post-rock ne sont pas en reste, ponctuant l’album de moments de pure douceur. Une douceur qui sera totalement absence de l’album qui clôturera ce top, Necropolítica de Ratos De Porão. Bien que les deux derniers groupes se retrouvent sur leurs positions politiques antifascistes, musicalement ils auraient difficilement pu être plus éloignés, puisqu’on passe d’un post-black éthéré à un punk hardcore (ok, ils ont chacun des touches HxC) / thrash qui ne connaît pas la paix. J’ai une relation étrange avec RxDxPx, découverts avec leur album, Feijoada Acidente? (la version réédité en 2013) il y a de nombreuses années, je n’avais a b s o l u m e n t pas accroché à leur thrash / HxC. Très peu familier à l’époque de la scène punk extrême et beaucoup trop occupé à me plonger dans les ténèbres du black metal... Mais plusieurs années après, lorsque enfin je me tourne vers la scène Punk HxC, je me souviens de cet album qui prend la poussière depuis tant d’années, et là, claque énorme, l’album et le groupe deviennent des incontournable de ma culture et de mes goûts en matière de HxC. Entre cette redécouverte et la sortie de Necropolítica il s’est écoulé presque 10 ans puisque Século Sinistro est sorti en 2014. C’est donc avec impatience que j’attendais la sortie de ce nouvel opus, puisque c’était la première fois que je pouvais vivre une sortie de ce groupe que j’avais appris à adorer. Eh bien voici pour moi le meilleur album de HxC sorti cette année et même ces derniers années. Pourtant il y a eu de la concurrence, notamment avec l’excellent nouveau Crutches (plus crust que thrash). Que dire de cet album, c’est du punk HxC avec du thrash donc ça va vite, ça hurle sa rage contre le capitalisme, sa haine du fascisme et ça le fait bien !

  
Depuis plus d'une décennie j'écoutais tout ce qui me passait devant le nez, avec plusieurs centaines d'albums écoutés annuellement et puis voilà 2022, avec un cinquante voir cent albums tout au plus. Cette année fut pour moi une année pleine de militantisme plus que de musique. Voici donc quelques albums qui m'ont suivis et qui ont été pour moi les plus marquants de 2022.
 
La plus grosse claque et découverte de l'année fut pour moi Chat Pile, regroupant des influences passant du punk HxC, au sludge, à la noise ou au post-punk.  Des morceaux chaotiques mêlant folie, noirceur et rage. Un album avec un style unique et une basse monstrueuse.

Toujours aussi viscéral, le second album de mon top est le premier des lyonnais de Iron Deficiency. Le groupe fait partie de cette nouvelle vague de punk HxC aux frontières avec le metalcore 90's, le hardcore et le crossover. Vous l'aurez donc compris c'est une invitation à la bagarre tout le long de l'album, une chanteuse survoltée, bref un album prometteur, à vivre en live et qui annonce que du bon pour la suite de cette nouvelle vague SxE.

Troisième album marquant de cette année, le première opus de Syndrome 81, on reste dans la scène punk pour se tourner cette fois vers la oï ! Je n'aurais peut-être jamais pensé réécouter ce genre de musique mais Syndrome 81 a réussi en y ajoutant une grosse touche post-punk. Des refrains marquants, des compos entraînantes, un combo parfait.

Que dire du quatrième, Wormrot, un album très attendu qui ne déçoit pas. Efficace, ravageur, puissant, tout ce qu'on en demande.

Ez3kiel, un groupe de ma jeunesse que j'avais presque oublié et 8 ans qui se sont écoulés depuis le précédent opus. Le groupe passant près de chez moi, ce fut l'occasion de découvrir leur nouvel album en live. Leur musique, un savant mélange de post-rock, dub, electro, experimental, cette fois-ci est accompagnée de chant, dont les paroles sont écrites par l'écrivain Caryl Ferey. Un album rempli d'émotions, aussi bien retranscrite par le chant que dans les compos.

Médine France, nouvel album du rappeur du même nom, un de ces meilleurs opus, de très bonnes punchlines, de bonnes intrus ; de quoi en faire un excellent album.

Heaven Is Here, assez ironique comme nom d'album, vos oreilles ressentiront plus l'enfer que le paradis. Candy nous livre un HxC dissonant, noisy et indus qui vous emmènera dans un monde de violence malaisant. Trente minutes d'une cacophonie délicieusement insoutenable et bruitiste qui raviront les fans de musique chaotique.

Comme chaque fois les albums d'Haru Nemuri se retrouvent dans mon top, je suis vraiment fans de son travail mêlant j-rock, hip-hop, pop, voire même quelques touches lorgnant sur le post-HxC. De plus vous trouverez un LP magnifique réalisé encore une fois par le très professionnel Specific Recordings. Donc n'hésitez pas foncer.

Piri Reis, groupe malaysien de screamo/emoviolence. Premier album du groupe, une belle pépite, qui retourne les tripes, du chant tantôt malaisien, tantôt anglais. Encore un album où la violence est au service des émotions.

Fall Of Tears, vous ne verrez sûrement cet EP nulle par ailleurs, petite pépite tout droit venue du pays du soleil levant. Never forget, Never regret est le premier EP des japonnais, mêlant déjà parfaitement post-HxC, screamo et nappes instrumentales post-rock.

En conclusion, même si 2022 ne fût pas l'année la plus riche en écoutes, elle fût quand même riche en excellents albums comme ceux de Sigh, Cloud Rat, Sisyphean, Blut Aus Nord, Foxtails, Ashenspire, Suichu Spica, Cageless, Birds in Row, Tulip, Alas, Mindforce ou encore Throwing Bricks...
Pour 2023, une grosse attente du prochain album d' Augustine (Ex-Nesseria) et le prochain opus de Cattle Decapitation !



Quelle fascinante époque. C’est aujourd’hui que tout bascule, que l’avenir de l’humanité se joue... D’un point de vue personnel, 2022 fut pour moi l’année de l’introspection, de l’évolution, de la guérison même. J’ai commencé à construire solidement, en grande partie soutenue par mon compagnon de route, sur un chemin de sagesse. Et vous verrez que les albums qui vont suivre résonnent parfaitement avec cette démarche. Tout ce à quoi j’aspirais a commencé à se dénouer et 2023 s’annonce excitant, tant sur le plan personnel que dans le monde. Dans la société, 2022 a été une année mouvementée et difficile, la guerre en Ukraine a éclaté, nous en avons été secoués, aujourd’hui la situation semble s’enliser, interminable, dans un bourbier jonché de morts... Entre canicules et feux de forêt, ça a aussi été l’année où l’impact du réchauffement climatique s’est fait le plus visible (pour le moment), notamment en France, où le réchauffement serait plus rapide encore que dans le reste du monde. Mais « qui aurait pu prédire la crise climatique ? » pour citer les mots de notre bon président, qui semble lui aussi, doucement commencer à réaliser. Depuis le COVID, la conscience des problèmes que pose cette crise majeure a augmenté dans l’esprit de la population, en 2022 elle s’est largement renforcée, personne ne pouvait plus faire l’autruche. Souhaitons que 2023 soit l’année de la construction collective, des propositions citoyennes, de la lutte collective nécessaire et des grands bouleversements. S’il faut continuer à jeter de la soupe sur des tableaux ou même aller plus loin, pour alerter et surtout faire réagir les pouvoir publics, il est certain que cela sera fait. Souhaitons qu’en 2023 le peuple fasse davantage corps, communauté, que chacun s’ouvre, apprenne à mieux appréhender l'autre et à partager des intérêts communs. Que la classe dominante tremble et descende de sa tour d’ivoire. Souhaitons que 2023 soit l’année de la rencontre et du début de la construction collective. Souhaitons que cette année nous boute hors de notre zone de confort.

Comme 2022 fut l'année de l'introspection et de la maturation pour moi, cela se reflète pas mal dans mon top. Parmi les nouveautés, j’ai écouté majoritairement du dungeon synth, ce qui sera largement reflété dans ce top, que je consacrerai à ce genre plutôt méconnu. Si cela ne vous dit rien, suivez le guide ! Bon j’ai aussi écouté un peu de rap (coucou Médine, incroyable ton nouvel album !), du jazz, de la bossa nova, du lute de la Renaissance, j’ai redécouvert Jean-Michel Jarre et ses collègues des années 70... Bref, Entamons sans plus de cérémonie le top de l’année 2022, qui fut si riche musicalement.

« La liberté est une lourde charge, un grand et étrange fardeau à entreprendre pour l'esprit. Ce n'est pas facile. Ce n'est pas un don offert, mais un choix qui est fait, et le choix peut être difficile. La route monte vers la lumière ; mais le voyageur chargé peut ne jamais en atteindre le bout. » C’est ainsi qu’Ervergreen introduit son album, « Labyrinthine », d’après une citation d’Ursula Le Guin.

Fogweaver est un projet de fantasy synth consacré au cycle de Terremer (né sous la plume d’Ursula Le Guin) et issu de l’esprit fertile d’Evergreen, connu pour ses nombreux projets de dungeon synth (Hideous Gomphidius, Keys to Oneiria, Draconic Regicide, Wandlimb), de winter synth (Snowspire), de cosmic synth (Delmak-O), de black metal antifa (Bull of Apis Bull of Bronze) et pour être le créateur du label Fableglade. Son quatrième album « Labyrinthine » est entièrement basé sur le second tome, Les Tombeaux d’Atuan. On y suit l’histoire de Tenar, une jeune fille née dans l’empire Kargish, arrachée à sa famille alors qu’elle était enfant, pour devenir la grande prêtresse des Innommables, car elle est la réincarnation d'Arha, dite la Dévorée. Elle a pour mission de protéger le labyrinthe des pilleurs de trésors, mais se liera d’amitié avec un intrus, un sorcier qui se fait nommer l’Épervier et qui chamboulera le monde de la jeune fille.

Comme il est difficile de mettre des mots sur la musique de Fogweaver, tant elle est minimaliste, épurée et tant sa profondeur, pourtant, atteint des sommets ! Sa patte est bien reconnaissable et offre toujours une forme de transcendance. L’intensité n’y a d’égal que la légèreté. L’ombre y est sans cesse chassée par la lumière, dans une danse subtile. « Labyrinthine » dépeint le voyage introspectif qui conduit à la maturité, abordant des thèmes tels que la liberté, la responsabilité, l’autonomie et la libération. Contrairement à beaucoup d’œuvres de dungeon synth, qui sont davantage ancrées dans la nostalgie de l’enfance, comme dans le comfy synth (Grandma’s cottage, Tiny Mouse, ...), ou dans un esprit de révolte « adolescent », évoquant les racines black metal du genre, cet album est celui de l’âge adulte. C’est un passage vers l’âge de raison, âge qui ne prend jamais fin (à partir du moment où l’on a mis le pied dedans), si ce n’est dans la mort. Un album d’une immense profondeur donc, qui paisiblement, vous fait vibrer l’âme pour peu que votre fibre y soit réceptive.

Je me suis beaucoup étalée sur ce premier choix, pour les artistes qui vont suivre je serai plus brève.

En deuxième position j’ai placé le nouvel album d’Ulk, « Restoration Magic ». Un album qui a fait beaucoup de bruit à sa sortie et on comprendra vite pourquoi : il s’agit d’un chef d’œuvre renaissant, onirique et céleste, résolument lumineux, tourné lui aussi vers une sensible élévation. Il porte bien son nom car son écoute apaise véritablement, ressource et guérit. La sérénité en est le maître-mot et la douceur porte l’ensemble, notamment avec l’omniprésence de la harpe. La profondeur se déploie dans une sensibilité qui touche parfois au tragique, mais jamais abattue, ni foncièrement sombre. Cet opus, facile d’accès et d’une grande beauté porte bien haut l’étendard de la scène dungeon synth, dans tout ce qu’elle a de plus lumineux.

Pour clore ce podium, j’ai choisi le nouvel Erreth-Akbe, dont j’avais déjà parlé dans mon top des écoutes de la mi-2022 (je ne ferai que me répéter). Dans « A Lantern Swathed », Kelsey nous conte majestueusement une épopée issue également du cycle de Terremer. La composition et les arrangements nous font voyager entre des atmosphères remarquablement épiques, solennelles, hautement émotionnelles et subtiles. C’est un album monumental, primitif et raffiné, qui nous emporte dans une sorte de pays barbare, dans la steppe ou la toundra et qui nous laisse le sentiment d’avoir, l’espace d’un instant, inspiré à plein poumons l’air frais des larges étendues.

J’ai découvert Frér cette année avec « Crepuscular Glare Of Wisdom », dont l’écoute répétée n’a fait que me ravir. Charmant, méditatif et studieux, cet album est un petit trésor de mélodies brodées entre elles et d’arrangements d’orfèvrerie baroque. Selon la description de l’album, les mélodies seraient basées sur un manuscrit du 16ème siècle trouvé dans les archives de la ville de Vérone, en Italie, et qui aurait appartenu à un érudit, possiblement un moine. Quoi qu’il en soit, l’ensemble est parfaitement exécuté ; c’est à la fois nocturne et chaleureux, tout en clair-obscur, on imagine très bien la « chouette instruite » de la pochette nous enseigner quelque savoir caché. On s’envolera aisément avec elle dans les envolées lyriques bien orchestrées que propose l’album. Seul petit détail ennuyeux, le volume général de l’album est globalement assez faible comparé à la norme du streaming.

Sailor of the Astral Sea est un tout nouveau projet, dont le responsable n’est autre que Kelsey d’Erreth-Akbe. Dans cet album éponyme, de « cosmic dungeon synth », qu’il décrit comme « naïf » à cause du fait qu’il a pris des sons plutôt bruts et qu’il a travaillé sans métronome, histoire d’accentuer les maladresses, pour correspondre au mieux au flot de son tempo interne. Il s’agit d’un album beaucoup plus sombre que les précédents présentés dans ce top, mais pas moins transcendant. Les titres à rallonge décrivent des sortes de cauchemars, des rêves étranges où se présentent, comme des évidences, de nombreuses épreuves. Il y a quelque chose de chaud, de familier dans ces sons, dans les images qu’ils trahissent, comme un voyage introspectif né de l’inconscient collectif et lié aux univers de la science-fiction. Dans son aspect organique cela rappelle la musique analogique des années 70. Le destin du voyageur que devient l’auditeur, y est tant tragique qu’intense. Pourtant, on se laisse élégamment porter, on se contente de flotter, de côtoyer toutes les lumières de ce vide immense.

Torchlight est un projet que j’affectionne particulièrement depuis son commencement et qui ne m’a jamais déçue. « Woods of Spellbound Ruins » nous fait voyager au cœur d’une forêt gardienne des traces d’une civilisation ancienne et glorieuse. La nature a repris ses droits, et ne fait que sublimer la décrépitude des ruines. Nous ne sommes pas purement dans la nostalgie fantasmée ici. Une attitude optimiste de découverte, d’exploration, se loge au cœur de l’album. Une aura mystique demeure dans ces lieux, à nous de l’expérimenter, de nous laisser traverser par ces sonorités d’une élégance rare.

Une fois n’est pas coutume, le prochain album que je vais vous présenter est une remarquable ode chrétienne. Dans son nouvel album, « Steeped Sky, Stained Light » DIM tourne assurément son génie musical vers Dieu, dans une certaine ouverture mystique. Qu’on y croie ou non, ou qu’on partage une autre confession, on peut aisément se laisser toucher par cette longue succession de morceaux de 1h16 (chose rare en dungeon synth), tous plus solennels, émouvants et mystérieux les uns que les autres. Cet album est un sanctuaire, on y entend résonner les pas calmes d’un sentiment sacré.

Inspiré des « Lettres du Père Noël » de JRR.Tolkien, le dernier Frostgard, toujours dans un style assez répétitif et nostalgique, se démarque cependant de ses précédents albums par sa lumière et sa douceur. La touchante sincérité et le grand cœur dont témoigne l’espagnole Sisslith, à travers sa musique, réchauffent cet hiver neigeux, tout en délicatesse. Sans aucun doute le plus charmant album de Noël qu’il m’ait été donné d’entendre, idéal pour boire un thé chaud au coin du feu.

On compare beaucoup le français de Descort au célèbre Fief et ce n’est pas excessif selon moi, bien que leur style ne soit pas comparable en tous points. Dans la continuité d’« Ysopet 1er », Henri Dumois, accompagné de John Lordswood, nous délivre une nouvelle version de sa folk médiévale, légère et lumineuse. « Ysopet 2nd » est un album ravissant, enchanteur, vivifiant et harmonieux. J’aime particulièrement le thème entêtant du troisième morceau « Les Nyonsais et la Légende du Pontias ». Un excellent et délicieux remède pour alléger le cœur.

On en vient au dernier album de ce top, qui ne méritait objectivement pas d’être si bas, mais 2022 fut un si bon cru qu’il a fallut faire des choix. Je porte cet album dans mon cœur autant que les précédents. Après ses nombreuses sorties incroyables, John Lordswood débarque avec Skemthy, qui nous fait revivre avec entrain le temps des pyramides d’Égypte. « Sunrise on the Old Kingdom » est un album extrêmement abouti qui accompagnerait parfaitement un film sur le sujet. Les sonorités sont joyeusement agressives et charmeuses, elles sentent les pierres antiques et le soleil. Presque tout ce qu’on peut imaginer sur l’Egypte ancienne se retrouve majestueusement exécuté ici.

Ils sont nombreux les projets que j’aurais aimé rajouter à ce top : Helmet et Royaume des Brumes ou l’excellence du dungeon synth venue de France, Tales Under the Oak, que j’avais mini-chroniqué dans le top 2022 de mi-saison, Guild of Lore, LANDSRAAD, … Voilà pour le dungeon synth, mais le black metal n'était pas en reste et je tiens particulièrement à saluer l'incroyable premier album de Houle. Hâte de découvrir ce que 2023 nous réserve en termes de sorties. Et ça s’annonce déjà très lourd ! En attendant je vous souhaite à tous une année excellente, riche et instructive.



 

2022 est terminée, l'heure comme chaque année de faire le bilan des sorties de l'année. Cette année fut pour moi assez pauvre en nouveautés, non pas qu'elles ne furent pas au rendez-vous, mais plutôt que je me suis trop peu penché sur celles-ci, préférant ressortir des sorties plus anciennes. Plus encore que d'habitude le death metal est omniprésent dans mon top. À commencer par le patron de la scène américaine Immolation, toujours aussi redoutable d'efficacité malgré un album plus long qu'à l'accoutumée. Un groupe toujours aussi constant dans la qualité de ses albums. La classe ! Au coté du maître américain, on retrouvera sur le podium les québécois de Sedimentum avec un premier album gras, lourd et incroyablement efficace et nos français de Misgivings avec un brûlot de death metal sauvage, méchant et sans pitié. Viennent ensuite le nouvel album des norvégiens de Kampfar et leur black metal particulièrement reconnaissable qui sent bon le Grand Nord et qui me parle toujours autant et les américains de Mortuous avec un deuxième album de très grande qualité, véritable coup de cœur de cette fin d'année.

Si cette première moitié du top m'a semblé assez évidente en terme de qualité des albums cités pour paraître dans mon top, ce fut plus difficile pour la seconde moitié en particulier les trois places suivantes tant celles ci dépendent de mon envie. Ainsi la formation culte Autopsy et son nouvel album particulièrement bien nommé au groove cradingue - qui les caractérise depuis leurs débuts - se taille sa place dans mon top aux cotés de Vacuous, Chaotian et Corpsessed, tous jouant d'un death metal noir et lourd et tous issus des forges de Dark Descent Records. Enfin Ectoplasma avec son death metal, certes des plus classiques, mais toujours très agréable à se passer vient clore ce top 10 annuel.

De quoi vous faire écouter ou ré-écouter en attendant les sorties de cette nouvelle année...

 

 

 
Comme tous les ans, cette période de l’année, propice aux bilans et tops de toutes sortes, m’embarrasse toujours ; étant une personne dont les affinités sont fluctuantes au cours de l’année, selon mes humeurs et selon les périodes, mes sorties et écoutes préférées changent tout aussi souvent que le temps du Nord Pas de Calais (OK, c’est à dire que pas beaucoup, mais changeant quand même!). Mais voici quand même une petite sélection des albums qui ont marqué mon année avec un tops 10, qui je pense aura été parmi les meilleurs. 

Black Metooooollllllll!

Cette année est d’abord placée sous le signe du doom/sludge pour moi, pour pas changer, allez-vous me dire. Mais avant de juger, laissez moi vous dire que j’ai écouté autant de black metal, beaucoup de black ambient et post-black : ça change un peu de mes habitudes rampantes et languissantes. Une mention spéciale tout de même pour l’album A Wander in Liminality de Vong, du raw black vietnamien regorgeant de plein de trésors fantasmagoriques, dont je ne saurais que vous recommander chaudement l'écoute. C’est aussi le seul album de raw black que j’ai écouté cette année, sachant que ce n’est pas mon genre de prédilection du tout. Et dans le rayon des découvertes étonnantes, je nomme les suisses de Nighted qui ont su me faire voyager avec leur black atmo aux vibes darkwave, ambiance Blade Runner. Ça vous titille ? Courez les découvrir, ça vaut son pesant d’or.

Pour diverses raisons dont la ré-édition de son superbe vinyle, j’ai passé beaucoup de temps à écouter Shinrabansho de Bliss Illusion, du magnifique post-black bouddhiste invitant à la transe et à la méditation. Et c’est tout aussi naturellement que je m’étais penchée sur toute la discographie de Tassi, l’autre projet post-black de Dryad, chanteur de Bliss Illusion. J’ai passé une grande partie du début de l’année à poncer leur discographie, les 3 tomes de Northland constituent une superbe épopée fantastique, à mi-chemin entre le conte zen et le roman d’aventure, saupoudrée d’envolées d’arpèges éthérés et de mélodies aussi sombres que poétiques.

Toujours dans le black, cette année, j’ai beaucoup écouté les disques de chez Transcendance Productions, qui a le chic de dénicher les projets qui portent en eux une charge émotionnelle explosive. C’est ainsi que je m’étais retrouvée à m’entretenir avec Déhà pour son album Drache, un magnifique black atmosphérique pluvieux, aussi chargé qu’un ciel du nord et aussi noir et ardent qu’un bout de charbon issu des mines de ces terres ! Recommandation imminente !

De chez Transcendance, j’ai retenu aussi la dernière sortie de Vertige (anciennement J’ai Si Froid…) s’intitulant sobrement Aux Solitaires ! Le ton est donné avec ce black atmosphérique à la fois sauvage et passionnant. Véritable hymne des solitaires, de la nature et des grandeurs vertigineuses que seule la nature et la solitude savent offrir à l’âme. Un disque à fleur de peau, à fleur de sang, qui touche profondément le cœur. Mention spéciale à la dernière piste, qui effleure le sublime.

Doom/Sludge

Mais je vous avais parlé de l’année doom/sludge, alors en voici. Sans surprise, Cult of Luna et leur The Long Road North est placé très très haut dans mon classement personnel, et je pense que c’est presque le seul qui ne bougera pas de sa place de sitôt. Pourtant, j’ai pris un peu de temps pour l’apprivoiser et pour l’appréhender à sa juste valeur, contrairement à ses prédécesseurs. Pourquoi ? Peut-être parce qu’en début d’année, j’étais encore en pleines vagues transcendantales du dernier Cynic. Quoi qu’il en soit, c’est un album dense et magnifique, qui demande beaucoup d’attention et de lâcher prise pour se permettre d'entamer son long voyage.

Continuons dans le sludge rampant avec Absent in Body et Nonsun :
dans le genre, deux sorties aussi brillantes l’une que l’autre. Des albums qui vous retournent les tripes et qui vous mettent même à terre si vous n’y prêtez pas attention. Des voyages intérieurs douloureux mais ô combien salutaire. On en redemande même quand ça s’arrête.

Et puis il y a les anglais de Grave Lines qui nous content les parasites dans les relations humaines. Album ultra varié, passant de la lourdeur du doom, la gravité crade du sludge, la hargne du punk, à la mélancolie du gothique et la poésie noire de la dark folk sans aucun complexe ; de quoi nous délecter des complexités des relations humaines en pensant aux petits parasites bien installé sur notre canapé de misanthrope, vous voilà prévenu !

N’oublions pas le 3ème opus des nordistes de Sunstare, toujours consacré à la mythologie sumérienne ; monumental disque aux sons lourds et puissants que je ne saurais que recommander d'écouter à la suite des 2 premiers. Oui oui, à écouter en grappe !

Et je finirai ce paragraphe avec A Loner de Hangman’s Chair, groupe que je ne découvre véritablement que cette année avec ce magnifique opus, gorgé d’émotion et de magnifiques mélodies à fendre l’âme. En termes de doom, le disque que j’ai beaucoup attendu cette année, c’est Sacred Cargo de MMXX, projet initialisé pendant les années de pandémie par Andrea Chiodetti, l’ex-guitariste de The Foreshadowing, en collaboration avec Jesse Haff (batterie) et Egan O’Rourke (basse) de Daylight Dies, groupe cher à mon coeur. Et je suis superbement bien servie avec leur magnifique galette où ils font intervenir les plus belles voix de la scène metal, particulièrement celles de la scène doom, que je vous laisserai découvrir en zieutant la tracklist de l’album. La musique est puissante et intense, chacun des intervenants à la voix apporte une touche personnelle à cet opus intimiste et solennel qui se veut rassembleur et source d’espoir, pendant et après une aussi grande pandémie que celle que nous avons connu. Un disque à ne pas louper si vous êtes adeptes de mélodies mélancoliques, puissantes et rampantes.

Au rayon epic doom, c’est Ard qui m’a cueilli très tôt dans l’année, avec leur monastic doom et le long pèlerinage des moines bénédictins sur les rives des îles du nord de l'Angleterre. Magnifique opus que je recommande pour les nostalgiques de Virgin Black.

Je n’oublie pas non plus mon amour de toujours qu’est le doom/death. Après la magnifique sortie des géants de Swallow the Sun l’année dernière, j’ai cru que j’allais mettre du temps pour apprécier un autre album doom/death, mais c’était sans compter sur le voyage à travers les voiles des espagnols de Shattered Sigh. Les mélodies lourdes et envoûtantes vous accompagneront tout au long de ce voyage pour votre absolution finale.

Toujours dans le doom/death, Et Moriemur m’a séduit, d’abord avec sa magnifique couverture, mais surtout par l’originalité de l’œuvre. Les tchèques vont toujours plus loin dans l’expérimentation avec un doom mélangé au folk japonnais et nous offrent un superbe voyage à travers le japon mythologique et ses montagnes. Amateur de l’expérimental et du doom mélodique, ceci est pour vous.
Pour finir avec le doom, Messa, groupe découvert tout juste l’année dernière, et leur 3e opus Close, m’ont touché en plein cœur avec cette puissance mélodique et cette originalité voluptueuse dans les compositions, en fil rouge tout au long de l’album. Stoner Cette année, j’ai un peu délaissé le stoner, faute de temps, mais j’ai quand même retenu 2 albums dont la dernière sortie de My Sleeping Karma, Atma. Étant donné que je suis fan inconditionnelle du groupe, ceci est somme toute normal, mais sachez que le groupe ne déçoit pas avec cet opus, on retrouve leur formule stoner védique ultra efficace et chaloupée.

Puis, plus sombre, Giant Jellyfish a retenu mon attention avec Dark Dharma, du stoner psychédélique très doomisant, pour les amateurs d’atmosphères occultes et mystiques, des mélodies hypnotiques enveloppées de fumées de myrrhe et de bois de santal. D’autres genres part mes affinités habituelles, parlons de mes affinités historiques, c’est à dire mon amour inconditionnel pour Saxon et Immolation, et ces deux mastodontes m’ont offert chacun un disque d’une qualité d’or dans leur registre. Carpe Diem est l’album saxonien par excellence avec un heavy qui ne prend pas de ride, et qui ne prendra jamais de ride tant que ce sont eux ! Et Immolation sont fidèles à eux même et à leur musique avec un très bel Atcs of God bien sombre, agressif et efficace, de quoi arracher des cous agités au fil des chansons. Ensuite, vouant un grand amour au dark jazz très expérimental de The Lovecraft Sextet, à l’occasion de la sortie de Miserere, j’ai passé énormément de temps à poncer leur discographie, en écoutant les albums dans l’ordre, en boucle pour mieux me délecter de l’inventivité de ces musiciens qui nous offrent des albums hypers variés à chaque fois. Et Miserere est un pure bijoux de jazz doom aussi sombre que la bouche de l’enfer ! Mon plus beau coup de cœur hors metal cette année revient à NAN – Not a Number avec leur tout premier album: Euterpe. Du post-punk lumineux et poétique, du pure miel pour les esgourdes, et c’est si peu dire par rapport à la bête qu’il faut écouter. Coups de cœur tardifs Eh oui, juste quelques jours avant que je n’entame ces lignes, deux groupes viennent chambouler l’ordre impermanent de mon monde des sélections de fin d’année, et j’en suis plus que ravie ! Parce que le tribal sludge de Birushanah, quartet japonais, est redoutable d’originalité. Entre guitare acérée et percussions puissantes rendant l’ensemble lourd et compacte comme de la poix de goudron mélangée à la force vivante d’un volcan ! Voilà l’effet, je vous laisse imaginer, ou mieux, allez les découvrir de toute urgence !

Et avec eux, le doom/black fuzzy et occult des polonais de MAG. Mais moi, il ne faut pas venir me voir et me dire : tiens, du doom black fuzzy, et les gars de mettre, en guise de présentation, sur leur bandcamp : « magic is everything » en espérant un haussement d’épaule dédaigneux de ma part ! Nom de Zeus ! Et comme à mes habitudes obsessionnelles, je suis allée poncer leur discographie, ça ne m’a pas pris beaucoup de temps puisqu’ils n’ont sorti que deux disques. Mais voilà, leur MAGII (tout comme le tout premier, sobrement intitulé MAG, magnifique), fraîchement sortie fin novembre est une bombe de lourdeur et de fuzz, mais qui ne manque pas de hargne et de niaque, qui raviront les papilles des amateurs du genre.

 

100 : ce chiffre a hanté mes nuits lorsqu'il m'a fallu me pencher sur ce top des meilleurs albums de l'année 2022. 100, c'est exactement le nombre d'oeuvres qu'il m'a fallu départager lors de cet exercice de haute voltige. Autant dire que mon top a été très versatile et à changé de visage de nombreuses fois. Maintenant encore je m'interroge...

En tant que fan de post-punk et autres trucs darkwave, mon numéro 1 cette année est : Scorpions... Pas du tout dans cette veine donc. J'ai toujours été une grande fan de ce groupe, qui m'a accompagné tout au long de ma vie. Je suis sûrement loin d'être objective donc, mais j'ai adoré Rock Believer, que j'écoute en boucle. Son point fort : il sonne comme s'il avait été composé dans les années 80, à la grande époque de Blackout. Son point faible : il sonne comme s'il avait été composé à l'époque de Blackout...

Une fois passé ce petit écart nostalgique, mon année a surtout été constituée d'énormément de découvertes. Sur le podium, nous retrouvons The Midnight Computers avec son album intitulé Romantic Disaster ; un mélange entre goth rock, darkwave et dark rock. Si l'album peut parfois paraître un peu convenu, il est terriblement efficace. Le titre "Violence" est pour moi une des meilleurs claques de ces derniers mois ; à faire danser les morts.

Cult of Youth vous plongera dans un post-punk ténébreux de toute beauté, avec des passages ambient parfaitement maitrisés. Avec un son lorgnant sur des formations allant de The Mission à And Also The Trees, With Open Arms nous entraine de titre en titre vers des tréfonds teintés de néofolk, goth rock et de rock psychédélique, sans jamais en faire vraiment, ni tomber dans le caricatural.

En deçà, j'ai particulièrement apprécié What Dreams May Come et Beware Believers, respectivement de The Ire et Crows. Les deux albums ont la même énergie : un post-punk impétueux et terriblement efficace. Le premier est plus clair et aiguisé, le second est plus agressif et lourd, mais je ne parviens pas à les départager, c'est en fonction de mon état d'esprit du moment : 4ème place ex aequo.

Le reste du classement est constitué de formations totalement disparates. Tango Mangalore nous régale avec son One Fathom Heart [Lost Demos From The Sea], qui ravira les âmes amatrices de darkwave mélancolique et criarde, coincées dans les ports malfamés, et que les sirènes de la mer appellent en permanence. Not All Of Your Pain Is Self Chosen de SUIR vous entrainera dans une spirale sans fin d'amertume et de tristesse ; entre ambient, coldwave et shoegaze . Le genre d'œuvres que l'on écoute d'une traite, dans le noir complet, allongé sur un sol froid.

Dear Deer nous sort totalement de la léthargie avec Collect And Reject, un album oscillant entre no wave assumée, new wave aguicheuse et post-punk rythmé. Poisoned Gloves de Poison Point achèvera le rituel, entrainant, sans retour possible, vos jambes sur la piste de danse avec sa darkwave électronique / EBM percutante. Si les deux œuvres sont parfaites pour danser, les intentions sont profondément différentes. Scenic-shock contre cathartic-doc.

Enfin The Serfs avec Primal Matter, se hisse difficilement dans le classement. Un album post-punk très intéressant qui perd malheureusement en intensité au fur et à mesure de sa progression. Il aurait pu laisser sa place à l'un des groupes laissés pour contre.

Et comme100 albums, c'était impossible. Voici donc vite fait mon top 20, sans digressions. Car les règles sont faites pour être brisées :

Equinoxious - El Desaf​í​o
Buzz Kull - Fascination
Sydney ValetteHome Alone
Sacred SkinThe Decline of Pleasure
Follow Me Not - Away
Harsh SymmetryDisplay Model
Viagra Boys - Cave World
Un Hombre SoloDesilusión Total
DITZ - The Great Regression
Merciful Nuns - Kvltan

 

Cette année fut pour moi riche en découvertes ! Plus les mois avançaient, plus mes oreilles se retrouvaient comblées par des nouveautés toutes plus incroyables les unes que les autres. J’ai rarement eu autant de coups que cœur qu’en 2022, mais il a fallu faire un choix, et voici les 10 albums qui ont particulièrement retenu mon attention.

Je l’avais évoqué lors du top des écoutes de la mi-2022, précisant que l’album ferait certainement partie de mon top de l’année, et ça n’a pas loupé puisque Sari se retrouve même à la première place de ce classement ! Ce premier album de l’artiste est un mélange de pop japonaise avant-gardiste sur fond d’electro et de coldwave, autant dire un régale pour mes oreilles adeptes du mélange de genres. On y retrouve une atmosphère envoûtante, un univers singulier et déstabilisant dans lequel on se sent étrangement apaisé. Je suivrai avec attention les nouvelles productions de Sari, impatient de découvrir quelle direction prendra la suite de son œuvre.

Pour poursuivre avec des sonorités surprenantes, le nouveau Zeal & Ardor est une véritable perle en la matière. Un environnement musical atypique et une parfaite maîtrise des variations sonores et stylistiques viennent sublimer une composition remarquable qui joue avec les frontières des genres musicaux chers à l’artiste. En somme, je suis conquis. Cet album est dans mes oreilles depuis presque un an maintenant, et je pense qu’il va continuer de tourner durant cette année encore.

Pour terminer ce podium, on retrouve une production que j’ai découverte au début de l’année dernière également, et qui m’a percé le cœur dès la première écoute. L’album est un hommage de Lament à son chien Morris, décédé durant l’hiver 2021. Il s’agit d’une œuvre très personnelle produite par Januaryo Hardy qui m’a véritablement touché. Au-delà de la mélancolie propre au genre du shoegaze et du post-rock, la tristesse, les souvenirs et l’amour que l’artiste portait à son ami se ressentent au plus profond de notre âme, et l’on partage alors ce mélange de sentiments lors de chaque écoute, qui se révèle être l’histoire de la vie au côté d’un compagnon que l’on n’a pas connu, mais qui nous manque.

On poursuit avec Oiseaux-Tempête qui est une expérience sonore étrange et mystérieuse. Le groupe dépeint ici une ambiance musicale flirtant avec le post-rock et la noise, vous embarquant dans un voyage sensoriel enivrant auquel j’ai immédiatement adhéré, laissant vagabonder mon esprit dans les méandres de cette psyché mélodique.

The House est l'un des nombreux noms de Vladimir Pavelka (Cult of Fire, Death Karma) né de sa fascination pour les films d’horreur. Ce nouveau projet mélange black metal et musique de film dans une atmosphère véritablement malsaine. Après Ulver, il me fallait bien un album pour accompagner Halloween cette année encore. On continue avec Besna. Un album efficace, prenant : une vraie perle pour les oreilles. Le groupe enchaîne des titres percutants et délivre une œuvre transcendante pour qui apprécie la pureté d’un post-black poignant et cinglant. Puis c’est Demonic Resurrection qui prend la suite de ce classement en nous gratifiant d’un EP dévastateur bourré de mélodies épiques sur fond de riffs saturés. Quatre titres, quatre bombes qui explosent les enceintes pour notre plus grand plaisir !

Alors que 2022 touchait à sa fin et que mon top était déjà quasiment établi, v’la t’y pas que les Australiens de Deströyer 666 débarquent à grands coups de black/thrash dans mes tympans pour me prouver que cette année n’en avait pas encore terminé avec son lot de surprises musicales. Leur nouvel album se retrouve donc parmi mes favoris de 2022, la qualité, l’énergie et le blasphème étant au rendez-vous. Enfin, on termine avec Darkher, un pur concentré de noirceur pesante et oppressante (parce qu’il fallait bien un peu de déprime au milieu de toutes ces joyeusetés), ainsi qu’avec Månegarm dont je chantonne encore les mélodies entêtantes depuis presque un an maintenant.



 
Une nouvelle année s’achève et avec elle un nombre de nouveautés toujours grandissant. Et comme à titre personnel, le changement d’emploi me permet aujourd’hui d’écouter de la musique pendant le temps de travail, autant dire que ne retenir que 10 opus a été un choix plutôt rude.

Pourtant il a fallu choisir, et si le classement global a été établi plus comme une liste d’album qu’un véritable top, la première place a quand même été le coup de cœur de l’année. Autonoesis est apparu en suggestion Bandcamp comme un cheveux sur la soupe au moment où je ne cherchais rien de précis. Et quelle claque : entre black, touches de death, riffs thrash - une ambiance que les amateurs de Bathory aimeront probablement - et de nombreux emprunts néoclassiques, cet album se hisse sans difficulté à la première place en termes d’émotion ressentie.

Côté death metal, cette année, les pépites proposées par Immolation, Revocation et Psycroptic on fait partie de mes écoutes régulières, avec un Brymir fraîchement découvert qui offre une bouffée d'air frais à un paysage death mélodique surchargé et aseptisé.  Kampfar et Watain ont pour moi sorti deux albums excellents, et la scène asiatique a également offert son lot de dingueries avec notamment Ripped To Shreds, et la sortie en triple vinyle de l’excellent Northland I . II de Tassi.

Enfin, Rammstein qui restent chez moi le groupe qui me suit depuis mes premières écoutes dans le genre.

Il est temps à présent de se tourner vers 2023 qui s’annonce tout aussi riche de nouveautés, avec d’ores et déjà quelques pépites parues dans ce premier mois.

Commentaires

  1. J'ai lu l'intégralité de cet article et je trouve que ce top 10 est vraiment bien constitué.

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