L'expression d'une identité ethnique et/ou folklorique dans le Metal : une anthropologie de la communication
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Freddy Lim, leader de Chthonic |
Sommaire
(cliquez sur les parties pour y accéder. Il est recommandé de les lire dans l'ordre car elles sont toutes liées dans le découlement de la réflexion)
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I. Un style pluri-identitaire
II. L'expression d'une culture particulière dans un style mondialisé
Le mouvement Metal est apparu à la fin des années 1960. Depuis, un grand nombre de genres et de sous-genres ont fait leur apparition. Nous ne pouvons donc pas parler d'une identité Metal dans son ensemble car chacun d'eux développe une identité singulière et particulière avec ses propres codes musicaux, stylistiques, idéologiques et visuels.
C'est pour cela que nous allons nous concentrer sur deux émanations particulières de cette identité mais qui sont fortement liées entre elles, à savoir, l'identité ethnique et folklorique. La notion d'ethnie est importante car elle est, selon Max Weber, un composant essentiel du concept d'identité. Ce concept se base sur le fait qu'un groupe de personnes partage (ou croit partager) des traits communs que ce soit l'Histoire, les mythes, la langue et/ou les coutumes. Dans ce même ordre d'idée, la notion de folklorique rejoint ce concept. Le folklore, pour Carnoy, est l'ensemble des «traditions conservées dans la mémoire du peuple» souvent à l'oral puis à l'écrit grâce aux études des folkloristes. Dans ces traditions, on retrouve tout ce qui a attrait aux contes, récits, chants, musiques, danses et croyances.
Au sein même de ces notions nous pouvons constater qu'il existe de nombreuses identités et donc tout autant de façons de les exprimer. À travers la musique Metal de nombreux groupes ont trouvé un moyen de le faire. D'où notre problématique : alors que la notion d'ethnie et de folklore constitue la base d'une identité, comment arrivent-elles à s'exprimer dans un style qui, lui aussi, est constitué de nombreuses identités ? Nous allons donc nous demander comment les groupes de Metal arrivent-ils à exprimer une identité ethnique/folklorique ? Il faut, pour cela, se pencher sur les styles de Metal eux-mêmes et en discriminer certains pour ce travail. Pour cela, nous allons nous concentrer sur plusieurs styles, à savoir : l'Ethnique Metal, le Pagan Metal, le Folk Metal et le Black Metal. Nous définirons ces styles dans la première partie de notre problématique. Mais ils ont pour point commun d'être tous liés aux concepts que nous avons expliqué au début. Contrairement au Thrash Metal ou au Death Metal qui véhiculent des images plus modernes et des paroles en rapport avec la société moderne.
Pour commencer, nous allons répondre à cette question : comment ces styles revendiquent leurs identités dans ce mouvement pluri-identitaire ? Nous verrons aussi les différences entre les groupes qui ne font que jouer sur cette identités et ceux qui la revendique.
Dans un second temps, nous nous intéresserons aux processus mis en place pour exprimer une culture particulière dans cette musique mondialisée. Pour cela, nous verrons l'importance de l'image véhiculée par le groupe et comment elle permet de se définir et de revendiquer son appartenance à une culture. Comme il s'agit avant tout de musique, l'utilisation des instruments et des chants folkloriques revêtent une importance toute particulière. Nous finirons cette réflexion sur l'expression la plus extrême de l'identité, l'identitaire.
Dans un second temps, nous nous intéresserons aux processus mis en place pour exprimer une culture particulière dans cette musique mondialisée. Pour cela, nous verrons l'importance de l'image véhiculée par le groupe et comment elle permet de se définir et de revendiquer son appartenance à une culture. Comme il s'agit avant tout de musique, l'utilisation des instruments et des chants folkloriques revêtent une importance toute particulière. Nous finirons cette réflexion sur l'expression la plus extrême de l'identité, l'identitaire.
Pour ce qui est de la méthode, je n'ai pas pu faire de terrain exclusivement réservé à cette problématique, la raison étant qu'il n'existe pas de communauté dite «Folk» à Nice ou dans sa région. Mais j'ai pu, au cours de mes recherches, m'entretenir avec des Metalleux qui en écoutent et se revendiquent de cette communauté, que ce soit au cours de discussions, d'entretiens ou d'échanges par internet. Mais j'ai aussi, lors de mes recherches, participé à des concerts de Folk/Pagan Metal. Pour ce qui est de la partie Black Metal, mes entretiens, observations et descriptions sont tirés de mes terrains faits dans le cadre d'une recherche universitaire.
Étant moi-même dans le milieu Metal et plus particulière du Black Metal, je me place à la fois dans une situation privilégiée vis-à-vis de la communauté étudiée mais aussi difficile, comme le souligne Laurent Legrain dans son article « L'art de se faire surprendre ».
Étant moi-même dans le milieu Metal et plus particulière du Black Metal, je me place à la fois dans une situation privilégiée vis-à-vis de la communauté étudiée mais aussi difficile, comme le souligne Laurent Legrain dans son article « L'art de se faire surprendre ».
Pour expliquer sa légitimité il invoque le concept de la «conversation géniale» de Dewey :
« […] juste comme dans une conversation géniale, il y a de continuels échanges et interventions, et pourtant chaque interlocuteur ne conserve pas seulement son propre caractère mais parvient aussi à l’exprimer plus clairement qu’à son habitude (Dewey 1934 : 36-37). »
Pour finir cette explication méthodologique, je reprendrais l'argument de L. Legrain :
« Malgré les opérations internes ou mentales qui s’y jouent, le goût ne prend sa pleine dimension que dans un acte d’expression et cet acte ne se libère qu’en présence d’autres amateurs. »
Cette place dans mon terrain m'a permis d'acquérir une légitimité auprès des acteurs de la scène et, de ce fait, de pouvoir échanger librement dans une communauté réputée fermée et misanthropique, surtout pour le Black Metal. Nous aborderons, d'ailleurs, l'importance de cette reconnaissance dans le milieu du Metal.
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Sources
CANAGUIER Matthieu (réal.). A l’Est de l’Enfer. Doc Net Films, 2014. 1 DVD, 45 min.
CORTEN André, «Un religieux immanent et transnational», Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 133 | janvier – mars 2006, mis en ligne le 03 mai 2009. URL ; DOI : 10.4000/assr.3339
LEGRAIN Laurent, « Être dans la musique », Recherches sociologiques et anthropologiques [En ligne], 40-1 | 2009, mis en ligne le 10 février 2011. URL ; DOI : 10.4000/rsa.291
MOYNIHAN Michael et SODERLIND Didrik. 2005 «Black Metal Satanique: Les Seigneurs du chaos» Paris : Camion Blanc
TONDA Joseph, «La violence de l’imaginaire des enfants-sorciers», Cahiers d’études africaines, 2008/1 n° 189-190, p. 352-343.
TZE CHU Meng, «Qu’est-ce qu’une culture locale ? La pratique et l’expression du black metal à Taïwan», Volume ! [En ligne], 5 : 2 | 2006, mis en ligne le 15 septembre 2009. URL
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