Chronique | Obscurcis Romancia - "Theatre of Deception" : une nouvelle pièce de théâtre, emplie de Metal Noir
Obscurcis Romancia - "Theatre of Deception", 2012
Tracklist
1. Awakening In Spiritual Madness
2. Beware The Moon
3. Sanctuaire Damné
4. Le Quatrième Acte
5. Mournful Darkness
6. From Within The Fire Of Eternity
7. In Memoriam
8. Seasons of Infinite Sorrow
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Obscurcis
Romancia est un groupe de
Symphonic Black Death Metal originaire de Québec. Le groupe s'est
formé en 1997 , ils ont depuis sorti une Démo en 2001, « Le
Règne Du Seigneur de Perdition »
puis un EP éponyme en 2003 et finalement leur premier album en 2012.
« Theatre
Of Deception » est
donc sorti en ce début d'année en auto production. Le groupe
s'inspire de la musique classique et de la poésie romantique du
XIXeme Siécle pour leurs paroles jouant sur l'esprit mélancolique
de cette période. L'album est composé de huit titres longs, ce qui
le distingue déjà des groupes qui évoluent dans ce style.
'Awakening
In Spiritual Madness' est le premier morceau de cette pièce, il
débute sur des bruits d'ambiance tirés d'un parc d'attractions,
puis pour contraster avec cet espace d'amusement on entend des
croassements de corbeaux, un bruit languissant et stressant ne nous
laissant rien présager de bon, ces cris se transforment petit à
petit en hurlement de terreur. L'ambiance de l'album est posée. La
musique débute avec une batterie rapide puis une guitare rapide et
sombre. Un premier chant fait son apparition, perçant et strident,
tel celui de la banshee qui perce notre âme et fait ressortir nos
plus profondes peurs. Arrive un second chant plus profond et
guttural, les deux chants vont commencer un dialogue qui sera le fil
conducteur tout le long. Des
périodes de calme sont présentes, avec une guitare douce et une
voix en murmure, l'accalmie n'est que provisoire... La batterie
enchaîne avec rien pour la couvrir on peut donc apprécier la grande
technicité dont fait preuve le musicien, ce passage est soutenu par
un clavier. Le morceau continue de changer de rythme, il devient plus
rapide et introduit le retour de la première voix, la vitesse et
cette voix ne font qu'accentuer l'angoisse produite. Les
parties instrumentales sont composées d'une guitare mélodique
rapide qui est elle aussi maitrisée et transmet sa puissance et son
énergie, on peut apprécier celle-ci grâce au fait qu'elle ne joue
pas sur le même rythme que le reste de l'instrumentation de cette
manière elle se détache du reste. Le piano joue lui aussi sur un
autre rythme, l'auditeur est submergé par la musique de toute part,
elle ne laisse à l'auditeur aucun répit, le groupe nous fait entrer
dans ses ténèbres musicaux. Les différents chants sont comme les
acteurs d'une pièce de théâtre qui se joue au plus profond de
nous.
Alors
que le morceau se termine de façon complètement différente par
rapport au premier le second débute, comme le précédent a terminé
ce qui donne une certaine continuité dans le déroulement de
l'album. 'Beware
The Moon' débute de façon violente et comme précédemment avec une
guitare sur un certain tempo et le reste de l'instrumentation sur une
autre alors que le morceau est en pleine saturation musicale, il y a
un Stop. Mais ce n'est que pour repartir encore plus rapidement avec
le second chant guttural soutenu par le piano, le contraste entre le
clair et le sombre est prenant. Puis entre en scène un nouveau
protagoniste avec la voix stridente, les passages mélodiques sont de
retour. Un Hurlement retenti puis fait place au guttural qui est
soutenu par l'instrumentation rapide et puissante ne laissant là
encore au spectateur aucun moyen d'échapper au drame théâtral qui
se joue.
La
voix stridente est de retour, débute ainsi l'affrontement vocal, qui
ne fait qu'accentuer la violence de la musique. Nous sommes par la
suite pris par un monologue de celle ci où nous pouvons apprécier
toute la souffrance qu'elle communique. Le
morceau se finit sur une longue plainte soutenue par un piano très
mélancolique...
La
suite de la pièce, 'Sanctuaire Damne' marque le retour de la voix
languissante sur le début du morceau, qui est là encore la suite
directe du précédent avec le piano. Le guttural plus clair prend le
relai avec une nouvelle instrumentation plus puissante, un nouvel
acte s'ouvre. Sur
une musique mêlant le piano et l'instrumentation Metal, les mélodies
se mêlent sans se mélanger, chaque instrument joue sur des rythmes
différents ne nous permettant pas de nous poser lors de l'écoute,
l'auditeur est vraiment pris à partie. Cette instrumentation change
au fil des morceaux, mais également dans le morceau même faisant
ainsi évoluer le récit. Chaque accalmie musicale n'est là que pour
introduire et rendre plus importante l'arrivée des différentes
voix. Chaque instrument soutient à un moment une des deux voix, de
cette manière les impressions données changent.
'Le
Quatrieme Acte' débute lui aussi avec un rapport au morceau
précédent. Cette fois ci la guitare possède un son un peu plus
Heavy, avec le piano qui suit le même rythme. Cette fois ci c'est la
batterie qui se démarque du tempo principal. L'affrontement entre
les deux voix est aussi de mise avec l'instrumentation qui prend
partie, avec à chaque voix un tempo différent. Cet affrontement
sature complètement le morceau , on ne sait plus où donner de la
tête et on est pris dans cet affrontement musical. Il
y a une pause dans le déroulement avec une guitare sèche puis une
guitare mélodique, le piano et une batterie douce. On perçoit un
hurlement, la violence reprend mais elle est seulement musicale. Ce
n'est que la préparation d'une nouvelle étape pour le conflit.
C'est au tour du chant guttural de prendre le devant de la scène.
Les passages instrumentaux ponctuent cet Acte de façon stressante
cela annonce le retour de la seconde voix. Après
ce nouveau dénouement le morceau se finit entre envolées mélodiques
et passages calmes ne laissant présager rien de bon dans le
dénouement pour la suite de la pièce.
'Mournful
Darkness' reprend ce mélange entre piano et Metal. Le duel reprend
de plus belle, soutenu par une instrumentation qui sonne à
l'unisson, puis le dialogue s'installe. Bien que l'instrumentation
soit sur le même rythme elle varie entre puissance et calme. Le
groupe nous montre ainsi qu'il a une parfaite maîtrise de ses
instruments, autant dans l'affrontement que dans la synchronisation.
De cette manière cela permet une fois encore de varier au sein même
de l'album et ne nous permet pas de nous habituer à un son
particulier, gardant ainsi l'auditeur captivé s'il veut saisir
chaque nuance. Dans cette même idée nous retrouvons le jeu entre le
contraste clair donné par le piano et la guitare face au sombre
symbolisé par le chant ainsi que la batterie. Les
passages instrumentaux ponctuent le morceau qui retourne vers la fin
aux précédentes sonorités.
Ce
sixième morceau intitulé, 'From Within The Fire Of Eternity' débute
de façon originale puisque celui-ci commence sur le bruit d'une
sirène de la seconde guerre mondiale. S'en suit une instrumentation
qui joue sur un même tempo, sauf la guitare qui joue un riff
languissant. Le
dialogue reprend, avec le piano qui suit l'intonation de la voix
alors que la guitare veut prendre le dessus. Dans la suite du morceau
celle-ci y arrive ce qui nous fait passer sur un passage
instrumental. Après ce passage la voix rentre de nouveau en scène,
moins languissante, plus stridente alors que le guttural nous
provient de sombres profondeurs. Quelques
cris ponctuent le morceau, leur prolongement est assuré par
l'instrumentation. Les voix n'accompagnent plus la musique, l'inverse
s'est installé. Les voix se calquent sur les sonorités du morceau
ce qui donne une grande variation musicale, de plus en plus
importante à la musique avec cette voix qui devient un prolongement
de celle-ci.
Une
nouvelle scène commence avec 'In Memorian', sur un chant guttural
puis sur le second. A cet instant le guttural et le piano
fonctionnent en duo, il est là pour la soutenir. Lorsque l'un des
chants s'arrête, avant que celui-ci se stoppe complètement le
second chant commence et se superpose à celui-ci et lui offre une
plus grande dimension. S'en suit une large longue partie de dialogue
musical, la voix fait en fonction de la musique qui donne le tempo de
l'action. Un
rire est présent un instant puis après la musique part dans un élan
de vitesse. La
folie prend possession de la pièce.
Le
morceau qui conclut cette pièce s'intitule 'Seasons Of Infinite
Sorrow' l'intro du morceau est aussi rapide que le précédent. Les
voix alternent les couplets, chaque fin de couplet voit la
superposition à la fin des deux voix lorsque la fin est proche
chacune d'elle veut prendre le dessus de l'autre.
La
musique ne prend pas part au conflit elle joue ses mélodies de plus
en plus rapidement et renforce cet effet d'échéance et de stress. La
musique est marquée par des arrêts mais reprend de suite après, la
fin est proche... Le
morceau diminue d'intensité en laissant place à des bruits de vent
ce qui marque la fin de cette pièce. Libre à nous d'interpréter la
conclusion de ce duel aussi puissant et destructeur que le vent.
Obscurcis
Romancia nous
plonge musicalement dans un drame théâtral où deux voix nous
offrent un duel de violence entre harmonie et dissonance, telle la
tempête, soutenue par la mélancolie du piano, la tempête d'un
esprit torturé. Ce
tourbillon musical est donné par la saturation des sonorités ,
chaque instrument joue sur cette variation, entre harmonie et
dissonance. Il
faut plusieurs écoutes pour prendre conscience de tout ce que cet
opus a à nous offrir. Nous prenons plaisir à faire de nouvelles
découvertes à chaque écoute. Certains
seront rebutés par cette recherche artistique alors que d'autre
prendront plaisir à se plonger et se laissés emporter dans ce
sombre monde musical.
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Un album capable de donner véritablement vie à la musique. Un jeu perpétuel relevant du spectacle, en plus de la technicité des instruments à chaque instant. Des morceaux aussi paradoxaux que fous, on ne parviendrait à dire s'il se livre à combat lors de chacun des morceaux, ou bien s'ils ne font que s'harmoniser les uns vis-à-vis des autres. Bref, on ne cesse de se laisser emporter, surprendre, et envouter par cette impressionnante expérience.
RépondreSupprimerCritique impressionnante, et très juste pour chacun des "actes" =) ! Chapeau !
Suportez Obscurcis Romancia:
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