Bien connu de la scène Black Metal française pour son projet Manzer mais aussi pour son label l'Armée de la Mort Records, Shaxul est aussi un explorateur des scènes les plus undergrounds et éloignées. Une passion qu'il a transmis pendant des années au travers de son second label (récemment fermé), la version mondialisée de l'Armée de la Mort, Legion of Death Records au travers duquel il a apporté sur nos terres des groupes comme : Ugra Karma, originaire du Népal, Ritual Day de Chine, les malaisiens de Mantak ou le projet solo jamaïcain Orisha Shakpana. Vous l'aurez compris, Shaxul s'intéresse à ces scènes locales souvent inconnues et malheureusement trop souvent oubliées, ignorées, snobées par une partie du public. Une passion qu'il aura cristallisé au sein de son projet éponyme Shaxul et qu'il partage toujours volontiers au travers de la distribution de son label et aujourd'hui au travers de ce tour du monde !
"Voilà une tâche bien ardue que celle qui m'a été proposée ! Un tour du monde en 10 albums de Metal... C'est évidemment mission impossible, mais voici ma sélection. Il manque des groupes cultes essentiels pour moi tels que VENOM, SLAYER, POSSESSED, MORBID ANGEL... Mais pour cet exercice, j'ai préféré privilégier des groupes méconnus venus de contrées mises de côté par le Hardos moyen, et qui n'en sont pas moins cultes. L'ordre est chronologique."
KILLERS "...Fils de la Haine" (France), 1985
Le meilleur groupe français, ou du moins basque, car c'est une revendication importante du groupe. Depuis 1984, le seul à ne jamais avoir arrêté malgré les changements de line-up. Cet album est emblématique du Heavy Metal chanté en français, la musique et les paroles n'ont pas pris une ride.
SARCÓFAGO "I.N.R.I." (Brésil), 1987
Une véritable révolution sonore, cet album représente toute la scène d'Amérique Latine qui ne sera plus jamais la même après la sortie de cette bombe atomique. Un chef-d'œuvre d'une violence rare, certes parfois approximatif dans l'exécution mais on s'en carre, c'est ce qui fait son charme, un feeling hors du commun. C'est en très grande partie grâce à "I.N.R.I." qu'on peut aujourd'hui parler de la "patte sud-américaine".
PARABELLUM "Sacrilegio" (Colombie), 1987
Contemporain du premier album de SARCÓFAGO, peut-être un peu moins connu, ce MLP de PARABELLUM est lui aussi l'une des portes d'entrée vers laquelle toute une scène va s'engouffrer pour nous défourailler les oreilles jusqu'au saignement. Brutal, blasphématoire, chanté en espagnol... C'est vraiment la guerre. Dans le contexte de l'époque, des gens n'ont pas dû sortir indemnes de son écoute.
SADISTIK EXEKUTION "The Magus" (Australie), 1991
Difficile de croire que le groupe s'est formé en 1986, et pourtant... Sur le tard, cet album sort et deviendra l'emblème d'une scène australienne souvent rapide et extrême dans son exécution (sans mauvais jeu de mots). Un groupe véritablement unique et complètement fou. FUKK!!!
SABBAT "Envenom" (Japon), 1991
Je dois avouer que SABBAT est mon groupe de Black Metal favori, et c'est un honneur immense d'avoir pu partager la scène ou des disques avec eux. Il aura fallu attendre le milieu des années 90 pour qu'on daigne reconnaître leur génie. Je cite donc leur premier et mythique album, qui commencera à apporter de la notoriété aux maîtres nippons. Je pensais citer SIGH également, un groupe qui a une aura particulièrement japonaise dans ses concepts et certaines de ses influences musicales, mais mon choix s'est tout de même porté sur SABBAT, un peu pour les mêmes raisons que KILLERS : un groupe qui n'a jamais cessé de jouer depuis 1984...
ROCKSTRATA "রক্স্টার্টা" (Bangladesh), 1992
J'ai réussi à obtenir une ré-édition de cet album dans les années 2000. C'est un album touchant car on sent qu'il a été fait avec quelques bouts de ficelle, et pourtant, quel génie... Superbement écrit et joué, chanté en Bengali, voilà du Hard qui sort des tripes. Pour avoir eu la chance de jouer à Dhaka et d'avoir visité ce pays laissé à l'abandon, je sais à quel point il est difficile de faire vivre son groupe, même si cela s'est démocratisé, mais à l'époque, autant dire que ROCKSTRATA était plus qu'un précurseur.
XIBALBA "Ah Dzam Poop Ek" (Mexique), 1994
Un OVNI dans le paysage du Black Metal de l'époque, bien avant la mode du "Pagan Metal" ridicule, un groupe qui a su intégrer des éléments de leur culture ancestrale tout en conservant un style poisseux et malsain... Clairement l'un des groupes de Black Metal qui m'a le plus marqué, c'est exactement ce qui me plaît le plus dans la recherche de groupes underground : ne pas nier ses influences et avoir une touche qui donne toute son identité au groupe et qui le fera se démarquer.
MELECHESH "As Jerusalem burns... Al'Intisar" (Israël), 1996
J'aurais pu mentionner SALEM, groupe culte du même pays, qui a vraiment lancé une scène locale. Mais j'ai choisi MELECHESH pour son côté iconoclaste et blasphématoire. Je me souviens de la sortie de l'album, j'étais déjà fasciné par le fait de découvrir des groupes des quatre coins du monde, et c'était vraiment marquant de voir une telle musique et un tel concept venu du Moyen-Orient. Du Black Metal venu de l'endroit où les trois religions organisées principales ont été inventées, ça force le respect.
DYING EMBRACE "Serenades of Depravity" (Inde), 1997
ndlr : N'ayant pas trouvé de morceau de la démo il s'agit d'un titre de leur EP Misanthrope (2002) sorti chez Legion of Death Records
La scène indienne est ancienne mais très petite, même encore aujourd'hui, malgré la taille du pays, égale à celle d'un continent. Et le groupe qui a véritablement ouvert la voie est DYING EMBRACE, que j'ai eu la chance de signer pour un 7"EP en 2002 puis une anthologie en 2012. Le groupe et notamment son chanteur Vikram organiseront des concerts réguliers à Bangalore, ce qui va inspirer le reste de la scène indienne, qui n'a jamais été aussi active qu'aujourd'hui. En tout cas, ce mélange de Death Metal à la AUTOPSY et de vieux Doom à la BLACK SABBATH est tout aussi à part qu'imparable.
SURRENDER OF DIVINITY "Manifest Blasphemy" (Thaïlande), 2006
En Asie du Sud-Est, j'aurai pu évidemment citer IMPIETY, sans doute le groupe le plus emblématique de cette scène, adulé à l'extrême dans toute cette région. Mais je voulais citer SURRENDER OF DIVINITY qui a su se démarquer dans une scène jusqu'alors inconnue du reste du monde, la Thaïlande a été placée sur la carte du Metal grâce à eux et j'adore en particulier ce deuxième album, le plus abouti, et pour lequel j'ai fourni quelques textes. J'ai eu la chance de cotoyer les membres, et je rends hommage à Avaejee, disparu trop tôt, en 2014.
SKINFLINT "Iklwa" (Botswana), 2010
Eh oui, j'ai horreur de suivre les règles, voici donc un onzième album, parce qu'il faudra désormais compter sur la scène africaine, et surtout celle du Botswana, vraiment active et fascinante. SKINFLINT en est le fer de lance. Encore une fois, c'est tout ce que j'aime : des influences old school assumées, avec en plus une identité bien personnelle et marquée, inspirée des légendes de leur pays.
Descriptions : Shaxul
Article : Morgan
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