Chronique | BISHOP - Bishop (Album, 2021)


Bishop - Bishop (Album, 2021)

Tracklist :

01. I - 10:49
02. II - 07:04
03. III - 05:56
04. IIII - 13:45

Extrait à écouter "IIII" :


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Je ne suis pas ce que l’on pourrait qualifier un grand amateur de « Sludge », mais Bishop m’a tout de suite intrigué. La raison est assez simple, on retrouve dans le line-up Julien Rosenberger, tête pensante de Loth (aka un des meilleurs projet de Black Atmosphérique) mais aussi Matthieu Pellerin qui l’accompagne en live (et transforme la musique du groupe en pur Crust Black) mais qui a aussi son projet, Le Seul Élément, qui propose une musiques expérimentale Ambient / Noise des plus innovantes. Ils se sont entourés pour ce nouveau groupe de Sludge / Black Metal de Arnaud Ness et Loïc Mbs, chanteur et compositeur de DCA qui fait aussi du live avec Loth. Bref, en général les line-up m’intéressent assez peu mais là je me devais de vous planter un peu tout ce petit monde qui fait le décor de ma découverte de Bishop. Cela vous permettra de comprendre l’avis biaisé de quelqu’un qui n’écoute en terme de « Sludge » que Jajatao et Celeste ainsi que quelques groupes de Post-Metal qui trouvent encore le moyen de ralentir sans dire qu’ils font du Doom. Je ne serais donc absolument pas à même de vous dire si ce que je trouve génial chez Bishop est novateur ou convenu pour du Sludge, par contre je commence à toucher ma bille en Black et Noise pour vous dire que ce premier opus éponyme est absolument sublime de noirceur.

Certes, Bishop a cette atmosphère boueuse typique du Sludge, mais l’album est aussi incroyablement bruitiste et a cette facette Noisy qui résonne dès les premiers instants. C’est seulement après un hurlement sonore que le chant en français se fait entendre et me fait irrémédiablement penser à Celeste mais en plus « industriel ». Non pas que la musique de Bishop soit du Black Indus ou même de l’Indus tout court, mais à l’écoute nous sommes frappé par le froid qu’apportent les éléments Noise. C’est être pris par un marécage de pétrole dans une immonde usine désaffectée et polluée, qui nous ferait presque envier la mort d’Artax dans les marécages de la mélancolie. Si je m’intéresse à l’esprit Noise de l’album c’est que c’est ce qui fait tout l’intérêt de Bishop, et qui ravira ceux qui ne sont pas forcément sensibles à la démarche Sludge, qui n’est dans la musique du groupe qu’une des nombreuses facette du bourbier tourmenteur dans lequel ils sont plongés. Le titre « II » exprime pleinement ce chaos crasseux, avec violence et rapidité d’une batterie Black Metal et sons Noise lents, pernicieux avant un calme lourd. La destruction a fait son œuvre, qu'elle soit plus subtile avec la Noise, plus directe avec le Black ou plus lente avec le Sludge, chaque influence devient le symbole d’une vision de la Mort.

Il se dégage de la musique de Bishop un tourbillon hypnotique, il n’y a pas de place pour le silence, le seul qu’il y a, sur le premier titre, devient malaisant lorsque l’on réécoute l’album, car on sait qu’il est le « calme avant la tempête ». Un calme qui ne viendra qu’à la fin du morceau « IIII », un morceau qui alterne entre passages Black et d’autres plus Hardcore tant au niveau du chant que de la musique elle même. Les accalmies ne sont pas pour autant silencieuses, elles sont « parasitées », Bishop sature complètement notre esprit… puis, enfin, la fin.

Composé à l'origine comme un titre unique, ce premier album se fait le bourreau de notre esprit. Bishop dépeint un paysage sonore tout en noir, mais un noir aux nombreuses variations, aux subtilités aussi profondes que le marais dans lequel il nous entraîne.
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Morgan


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