Chronique | DELIVERANCE - Holocaust 26:1-46 (Album, 2020)


Deliverance - Holocaust 26:1-46 (Album, 2020)

Tracklist :

01. Saturnine - 07:40
02. God in Furs - 09:37
03. The Gyres - 07:36
04. Sancte Iohannes - 07:02
05. Holocaust for the Oblate - 08:46
06. Makbenach - 08:27

Album en streaming intégral :


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En 2013, des groupes ont décidé de suivre et de « blackiser » le chemin Sludge / Post-Hardcore tracé par Amenra, Cult Of Luna ou encore Celeste. Si cette année là Regarde les Hommes Tomber frappe un grand coup en France avec son premier album éponyme, en Allemagne Downfall of Gaia a déjà bien implanté le mélange Sludge / Black avec une touche atmosphérique et Crust qui rend le groupe unique. Hexis et This Gift Is a Curse sortent aussi de la noire bourbe. C'est dans cette effervescence marécageuse que sort le premier EP de Deliverance, Doomsday, Please. La formation se fait plus discrète mais ce premier EP marquait déjà une identité forte qui les faisait sortir de ces débuts Black / Sludge avant que le mélange ne déferle sur la scène Metal Extrême.

Tout comme son prédécesseur, CHRST, Holocaust 26​:​1​-​46 a été masterisé par Magnus Lindbergh (Cult Of Luna) ; sans s'inscrire dans cette mouvance cherchant toujours à innover, le groupe revendique sa filiation sonore.

« Vous ne vous ferez pas de faux dieux, vous ne vous dresserez ni sculpture sacrée ni statue et vous ne placerez dans votre pays aucune pierre ornée de figures pour vous prosterner devant elle, car je suis l'Eternel, votre Dieu. » (Lévitique 26,1-46)

C'est l'heure de l'holocauste, de la délivrance... Un bruit, lointain, de plus en plus près, annonciateur d'apocalypse. « Saturnine » débute. Lourd, languissant, l'album sort de la fange comme la marche d'une créature occulte et cauchemardesque née des marais. Lourde, lente tout aussi intimidante, la répétition de la guitare a ce quelque chose de psychotique et d'Hitchcockien. Le groupe y ajoute une touche électronique, comme si cette créature obscène était le fruit de l'industrie chimique. Le titre explose dans une débauche de riffs et de chaos. Un chaos organisé, chaque élément y trouve sa place, que ce soit les instruments ou les émotions, la colère, la mélancolie... Une introspection de la nature humaine.
Les éléments Black Metal, Post-Hardcore, Sludge s'équilibrent tout au long de l'album à l'image de « God in Furs » avec cette voix électronique et désincarnée qui rappelle l'Electro Industrielle. Les passages Ambient à la Vangelis dépeignent un tableau Cyberpunk et dystopique à la Blade Runner où les ruelles sombres et crasseuses sont le théâtre d'obscurs cultes, de rituels abjects organisés par des sectes ésotériques. « The Gyres » est une errance dans ces dédales où une voix – encore une fois électronique – se fait entendre, comme une fenêtre sur la cité de la perdition d'Ulver. Avant le retour à la violence.

« J'enverrai sur vous la terreur, le dépérissement et la fièvre qui épuisent le regard et rongent la vie. Vous sèmerez vos semences pour rien : ce sont vos ennemis qui les mangeront. » (Lévitique 26,1-46)

Holocaust 26​:​1​-​46 illustre le jugement dernier, la fin du Monde s'il avait été réalisé par Ridley Scott et Hitchcock. Les atmosphères qui se dégagent de cet album ont quelque chose de cinématographique alors que les touches électros déshumanisent cette introspection. Les sectes, les faux prophètes deviennent la résurgence de cette déshumanisation. Et si croire en eux étaient tout ce qui nous restait d'humain ? Toutes les doctrines religieuses sont fausses, seule celle de la destruction est réelle. « Holocaust for the Oblate » est une complainte lointaine pour une humanité déchue. Deliverance se pose comme un spectateur omniscient, déambulant et contemplant ce paysage désolé. Holocaust 26​:​1​-​46 est l'expression musicale des sentiments qui habitent cet être. À son écoute, une question se pose : est-il l’instigateur de cet holocauste ?
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Morgan

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