Interview | Moonreich - février 2016



Après Regarde Les Hommes Tomber et Maïeutiste, nous continuons à nous intéresser de près aux récentes sorties de nos partenaires de Les Acteurs de l'Ombre avec cette interview de Weddir, tête pensante de Moonreich !

(Pour lire notre chronique de "Pillars Of Detest", c'est >> ICI <<)


- Bonjour Weddir, et merci d’accepter de répondre aux questions de Scholomance. Depuis les débuts du groupe, Moonreich a fortement évolué, passant d’un War Black Metal à la Marduk, à un Black Metal plus riche et varié avec ton nouvel album « Pillars Of Detest » . Comment expliquerais-tu cette évolution? Est-elle naturelle ou bien as-tu davantage orienté tes compositions vers de nouveaux objectifs?

Il s'agit là d'une évolution totalement naturelle. Je pense que «décider» d'une orientation ne serait pas sincère, il s'agit donc d'un virage musical du fait de mes goûts personnels en terme de musique qui évoluent avec le temps, alors cela a forcément un impact sur mes compositions. Je pourrai très bien me cantonner à faire du war black comme au début, mais cela ne serait vraiment pas sincère envers moi-même d'une part et envers les fans d'autre part. En tant que compositeur, je me dois d'écouter ce que mon âme me dit, de faire ce qui me comble artistiquement, et non pas suivre une «hype», ou me forcer à rester dans un black metal minimaliste, comme certaines personnes peuvent s'y attendre. J'ai entendu dire certaines personnes que nous nous étions éloignés de l'occultisme parce que notre musique était devenue plus complexe, plus fouillée. Mais une musique occulte et intègre spirituellement se veut-elle forcément composée de 2 accords qui tournent en rond? J'ai l'impression que oui pour certains.



- Expliquerais-tu ces évolutions d’une manière personnelle ou collective? Je veux dire, as-tu laissé plus de liberté à tes collègues musiciens pour la composition de ce nouvel album? Moonreich est souvent considéré comme un one-man-band, pourtant c’est faux, comment expliquerais-tu cette erreur répandue parmi les fans?

Pour cet album, j'ai effectué la quasi totalité du travail. Composition, écriture, artwork, enregistrement. Seules la batterie et la basse ont été enregistrées respectivement par notre nouveau batteur qui n'a eu alors que très peu de temps pour se familiariser avec les nouveaux morceaux, la basse a été enregistrée par notre ancien bassiste qui a accepté d'être à mes côtés en studio.

J'ai effectivement le contrôle sur tout, mais c'est avant tout par une recherche de cohérence artistique que par réel besoin de contrôle. J'ai une vision extrêmement précise du résultat que je souhaite obtenir lorsque je crée de l'art, que ce soit de la musique, des visuels ou autres... Le but est de retranscrire cet art le plus fidèlement possible sur support, je ne vois donc pas cela passer par d'autres mains que les miennes. C'est sans doute pour cela que les gens voient Moonreich comme un projet solo. Artistiquement parlant c'est sans doute le cas, mais quand je suis avec mes musiciens, chacun peut apporter son idée sans soucis, je ne les vois pas comme des musiciens de sessions, il y a une réelle cohésion au sein du groupe.

- Pourrais-tu nous présenter le line up qui t’accompagne lors des dates que Moonreich effectue ?

On fera une annonce très prochainement à ce sujet, pour une occasion très spéciale.

- « Pillars Of Detest » a été mixé au Endarker Studio, on sait que Marduk y est passé aussi, quelle importance ce groupe occupe-t-il en terme d’influence sur la composition de vos morceaux, que ces derniers soient anciens ou plus récents?

J'ai découvert le Black Metal avec Marduk alors forcément... ça laisse des traces. Mais je ne dirai pas qu'ils sont notre principale source d'influences aujourd'hui, j'écoute tellement de musique de touts horizons....




- Le côté dissonant et progressif de cet album me fait penser à des formations plus avant-gardistes de la scène Black Metal française, telles Aosoth ou même DSO, serais-tu d’accord avec cette affirmation?

Peut-être, je ne pourrai pas te dire, je n'écoute pas spécialement Aosoth. J'aime beaucoup Deathspell Omega par contre, ils sont très créatifs, c'est un réel plaisir à écouter. A vrai dire, je n'écoute pas tant de black que ça chez moi, je suis plutôt sur de la musique «calme» et «posée», du post rock par exemple, ou alors des choses un peu plus rock, comme The Mars Volta, Grave Pleasures et plein d'autres.

- Pour autant, votre musique se démarque de vos camarades de label que sont Déluge, RLHT, Maieutiste, TGOO… puisque votre univers parait moins conceptuel et plus « direct » du point de vue des émotions, est-ce une volonté de votre part de ne pas consacrer votre musique à une thématique et une seule?

Nos précédents albums étaient des albums conceptuels. Pour «Pillars», il y a tout de même une trame, que je ne saurai définir d'ailleurs, c'est ça qui est intéressant d'ailleurs. Je ne maîtrise moi même pas la portée et le sens de mes textes, ils n'ont pas de sens précis d'ailleurs. Certains y comprennent des choses et moi d'autres, ce sont des textes ouverts, qui sont libres d’interprétation, je trouve cela très enrichissant artistiquement parlant. Effectivement, Moonreich ne se consacre pas exclusivement à un thème, je me sens libre d'aborder n'importe quel sujet quand j'en ai envie. Je ne sais pas encore sur quoi portera le prochain album/EP par exemple... Je ne m'interdis strictement rien.

- C’est toi-même qui a créé la pochette de cet album. Comment ferais-tu le lien entre cet artwork et le contenu de l’album? Quelle atmosphère souhaitais-tu créer?

La pochette comme les textes n'a pas  de sens «exact». J'en ai ma propre interprétation, en rapport avec l'effet de masse. La plupart des hommes ne sont finalement que des tas de viandes qui suivent et qui obéissent. Voilà comment je pourrai faire le parallèle entre la pochette et les textes, même si c'est très résumé. Quand je la regarde, je la trouve dérangeante, il y a quelque chose de malsain qui s'en dégage selon moi, un je ne sais quoi qui plane, une aura malveillante en quelque sorte.




- Dans l’EP « Curse Them », Moonreich reprend ‘Deathwish’ de Christian Death, le Death Rock, le Post-Punk et le mouvement gothique en général font-ils partie de vos influences musicales?

C'était surtout une question de Feeling, je sentais qu'on pourrait en faire quelque chose de ce morceau et je suis content du résultat, ça nous a montré sous un côté un peu plus « Rock'n'Roll ». J'apprécie le death rock et le punk, j'écoute en ce moment un groupe américain nommé Calabrese, les premiers albums sont très bons dans cette veine. Je ne me sens pas particulièrement proche ou attiré par le milieu Goth par contre.



- Comment la collaboration avec Les Acteurs de l’Ombre s’est-elle mise en place?

Je connais Gérald, le fondateur depuis quelques années maintenant. Il avait aimé notre album précédent et il m'a donc demandé de lui envoyer des démos du futur opus, ce que j'ai fait, il a tout de suite accroché et nous a proposé un deal. Cela fut une bonne surprise sachant qu'ils ne signent que sur coup de cœur et qu'ils ont de très bons artistes. Ils font un travail colossal en tout cas, c'est gratifiant !



- Un grand merci pour avoir pris le temps de répondre à nos questions, libre à toi d’adresser un dernier mot à nos lecteurs.

Merci à toi pour ton temps et aux lecteurs pour leur patience devant mes propos.

Interview réalisée par mail par T.


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