Chronique illustrée | Moon - "Render of the Veils" (album, 2015)


Moon - Render of the Veils (album, 2015)

Tracklist :

01. Immolation Euphoria   01:36
02. Modraniht   06:09
03. Oration as Vessel of the Void   07:08
04. Casting the Shadow   10:26
05. As Stars Merge with Ice   10:16
06. Souls Secreted in Transparent Cells   02:04
07. Tunnels of Lost Thoughts   09:47
08. Hanged at the Gates   06:55
09. Mirror of Black Souls   05:52
 10. Corrosion Delirium   09:20
11. Cold Delusions   09:40

Extrait en écoute :


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L'année dernière, Moon publiait l'excellente démo Clavicula Nox, un superbe concentré de Black Metal funéraire et glacial. Non satisfait du résultat obtenu, le one-man-band australien formé en 2007 par Myasmyr, a décidé de la re-travailler et d'en faire, selon ses propres termes, une seconde "version post-produite". Avec un tracklisting certes différent, Render Of The Veils rend justice à la qualité des compositions grâce à l'amélioration des conditions d'enregistrement, ce qui en fait un album à part entière dont le contenu diffère fortement de Clavicula Nox. Voilà donc un rendu parfait de l'univers que l'artiste s'attache à créer pour nous laisser démunis face au lointain de son imagination. 



Durant la totalité de l'album, l'artiste dessert des ambiances à la fois grandioses et lointaines, et nous distance dans la mesure où nous avons sans cesse l'impression d'être séparés de son univers, par un voile épais. C'est l'une des significations possibles du titre de l'album : Moon passe maître dans l'art de rendre ses ambiances presque inaccessibles. Tous les éléments sont à notre portée, mais jamais atteints, de l'écho lointain du chant à l'éloquence et l'élégance des nappes de clavier. Cette impression d'impénétrable et d'inintelligible se trouve accentuée par les effets de la production. Ceux-ci mettent justement en avant cet aspect de la musique de Moon, dont la texture voilée rappelle les sonorités d'un certain Xasthur. Nul doute que le légendaire one-man-band californien inspire fortement le travail de Myasmyr, le caractère funéraire et spectral de ses compositions le rappelle bien. 





Render of the Veils se caractérise donc par l'opacité de ses ambiances, qui se révèlent malgré cette difficulté, intenses et fascinantes. C'est un album atmosphérique, dense et compact qui ne se laisse pas apprivoiser facilement par l'auditeur, sans cesse confronté à cette éternelle difficulté qu'est celle de l'autonomie de la découverte. Cette oeuvre attend de son audience les mêmes qualités que celles dont elle fait preuve : de l'endurance, mais aussi la confrontation avec le confus et le nébuleux,  pour pénétrer sous la surface des choses. Render of the Veils réveille les vieux songes, nous contraignant à sortir de notre petit confort comme on forcerait un mort à sortir de sa tombe…  La musique de Moon est une manière de nous isoler, elle inspire la pensée et l'introspection comme c'est rarement le cas. J'admire Render of the Veils davantage pour ce qu'il évoque, que pour ses qualités musicales concourant à rendre l'oeuvre imposante et grandiose, telle une symphonie hermétique et insondable. 





Render of the Veils est un album abyssal et ésotérique, ardent et caverneux à la fois. Entrer dans ces onze pistes d'une durée totale de quatre-vingt minutes représente un défi, un bain purificateur, et l'audience n'en ressort jamais totalement indemne, imprégnée des relents sépulcraux de cette oeuvre puissante, métaphore énigmatique de la libre-pensée. 


"La vérité est au fond du puits"

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Chronique : Tom
Illustrations : Arshlor 

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