Chronique | Fhoi Myore et Pestiferum : le chaos dans tous ses états


Fhoi Myore - Pestiferum : "La Forme Créatrice du Chaos / Le Chaos Religieux" (Split), 2013

Tracklist

Fhoi Myore - "La Forme Créatrice du Chaos"

1. Fhoi Myore - Act I - Blood, Flesh and Bones
2. Fhoi Myore - Act II - Beyond the Multiverses (extrait en écoute)
3. Fhoi Myore - Act III - Destruction
4. Fhoi Myore - Act IV - L'Enfer Blanc

Pestiferum - "Le Chaos Religieux"

5. Pestiferum - Act I - Nazareth En Flammes
6. Pestiferum - Act II - Pures, Ardentes et Immortelles
7. Pestiferum - Act III - Nous Ôtera La Lumière
8. Pestiferum - Act IV - Dans Le Fruit Est Le Ver (extrait en écoute) 

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« La Forme Créatrice du Chaos / Le Chaos Religieux », voici la production à laquelle nous allons nous intéresser. Il s'agit d'un split sorti cette année chez Osmosis Records et qui rassemble deux jeunes formations françaises : les Niçois de Fhoi Myore et Pestiferum originaire d'Albi. Les deux groupes évoluent dans un Black Metal tourné vers la Nature avec un univers semblable, comme on peut le voir avec l'imagerie, des deux Artworks de leur premier album, respectivement « Fhoi Myore » (2012) et « Solstice d'Hiver » (2009) qui représentent avec des dessins faits main des feuilles mortes et un paysage d'hiver.

Rapidement petite rétrospective sur les groupes. Les Fhoi Myore tirent le nom du groupe et leurs pseudonymes des ouvrages de l'auteur Anglais, Michael Moorcock. Le groupe a, à son actif, une Démo sortie l'année de leur formation en 2009, un split avec leur compatriote Darkenhöld sorti la même année. En 2010 sortie d'une cassette éponyme puis d'un EP en 2011 intitulé « The Northen Cold ».
Pour ce qui est de Pestiferum, ils se sont formés en 2004. Deux ans après sortait leur démo éponyme, puis en 2010 un split, « Cum Animus Hominum Tenebris Ducitur » avec Sigillum Diabolicum et Luci Tristis.

Les groupes unissent donc leurs efforts pour nous livrer un concept split qui tourne autour du Chaos. La partie Fhoi Myore se base, comme son nom l'indique, sur la puissance créatrice et celle de Pestiferum sur la destruction. L'artwork à l'image de cette dualité ne penche n'y d'un côté ni de l'autre et nous offre un sorcier qui invoque cette puissance destructrice/créatrice, l'un n'allant jamais sans l'autre. Le dessin s'inscrit parfaitement dans l'esthétique des deux premiers albums des groupes avec ce côté dessin.

La première partie est celle de Fhoi Myore, avec quatre morceaux pour un peu plus de 29 minutes. 'Blood, Flesh and Bones' nous mets directement dans l'ambiance avec sa batterie puissante rapidement rejointe par le reste de l'instrumentation et la voix puissante de Streng. Le morceau est sans concession, rapide et violent. Le groupe nous livre comme il sait le faire un Black Metal Old-School typé scène norvégienne des années 90's avec le côté ''sale'' en moins. Le tout est bien propre sans pour autant être aseptisé. Ce premier morceau nous offre même un petit break typé Heavy signé Aldébaran, original dans le style mais sans pour autant nous transporter. Dommage au vu du CV de l'artiste qui nous a habitué à du très bon dans Artefact et Darkenhöld. 'Beyond the Multiverses' est dans la même lignée avec comme élément marquant la partie où la guitare est en duo avec des samplers de bruitages spatiaux. Cet éléments nous plonge dans le chaos créateur du Big-Bang sans pour autant aller chercher dans le style ''Spatial'' d'Arcturus ou Darkspace, le tout restant dans cet esprit True (dans le sens non péjoratif du terme). 'Destruction' se fait plus violent que les autres morceaux que propose Fhoi Myore : ça blast, il y a de gros riffs, la voix est sale. On retrouve un passage plus atmosphérique dans tout ce déchainement suivi d'un chant en français, tout à fais audible, ce qui nous permet d'apprécier des paroles qui se mêlent bien à la musique proposée par la formation, puis cela enchaîne de nouveau sur des sonorités que l'on retrouvait au début du morceau.
Sur le début de « L'Enfer Blanc » on retrouve cette guitare lancinante et atmosphérique à l'image des grandes étendus neigeuses. Le titre est plus long à démarrer que les précédents et aussi beaucoup plus long avec ses dix minutes et des poussières. C'est un instant de paix et de violence de beauté et d'horreur. On retrouve cette dualité des opposés qui est l'empreinte de ce split, à l'image du passage à la guitare acoustique qui marque une pause dans le morceau et permet d'éviter la monotonie.

'Nazareth en Flammes' est le premier morceau de la seconde partie. Seconde partie qui comporte le même nombre de morceaux, pour une durée totale un peu moindre, soit un peu plus de 20 minutes. Les deux s'enchaînent bien mais l'on reconnaît le changement. Le son se fait plus raw, moins propre. Dès le titre on sait que l'on fait face au coté destructeur du Chaos. Le chant est, au contraire de Fhoi Myore, plus présent du fait du chant en français mais aussi de l'intonation qui nous permet de comprendre les paroles, offrant ainsi plus d'importance aux textes que Fhoi Myore. A l'instar de leurs compagnons, la musique est aussi sans compromis mais différemment. Les sonorités sont plus Thrash, moment puissant avec tout le groupe qui joue rapidement, puis une partie où la guitare nous offre un moment de pur rapidité, passage là aussi très Old-School dans l'esprit. Mais, loin du ''toujours plus fort, toujours plus vite'' prôné par les pionniers, dont l'influence est perceptible, le groupe sait faire la part des choses. 'Pures, Ardentes et Immortelles' nous montre que le groupe sait aussi poser des ambiances avec son tempo plus lent et plus Pagan, ce qui ne les empêche pas, là aussi, de nous gratifier d'un solo. Ce n'est pas que du pur Black Metal brut et sans recherche. 'Nous Ôtera Là' fonctionne sur le même principe que ses prédécesseurs gros son, partie solo et chant puissant, le côté répétitif est évité grâce à ce dernier qui nous permet d'écouter et de se concentrer sur les paroles. 'Dans le Fruit Est le Ver' se rapproche un peu de 'Pures, Ardentes et Immortelles' dans son ambiance lourde et pesante mais avec un côté beaucoup plus malsain, avec cette voix qui débite son venin et la guitare qui l'accompagne, avec des changements de rythmes qui nous font nous sentir mal à l'aise. On retrouve même des moments plus ambiants à la fin du morceau, pour finir avec une voix bien dégueulasse qui marque la fin du morceau et du split.

« La Forme Créatrice du Chaos / Le Chaos Religieux » nous offre non pas une cohabitation entre deux groupes, mais une vraie collaboration. Le travail des deux formations nous offre, à l'image du Chaos, deux facettes du Black Metal. L'une plus malsaine, noire et l'autre plus pure et blanche. De ce fait, les auditeurs ne sont pas face à deux groupes copiés collés mais complémentaires. De qualité, cette production est un bon moyen d'attendre les prochains albums des deux groupes sans pour autant apporter quelque chose de vraiment nouveau à leur musique. C'est sincère, c'est puissant, c'est du très bon Black Metal, ce qui est déjà beaucoup ces derniers temps avec la recrudescence de sous-groupes. Si vous ne connaissez pas les premiers albums c'est un bon moyen de vous faire connaître leurs univers, d'aller y plonger.

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Auteur : Morgan


Fhoi Myore




Pestiferum



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