Interview | LOCKEHEART (Metal Progressif et Industriel - Vietnam)

En septembre 2022, le monde (mon petit monde, mais quand même !) découvrait Weepers of the Moon, le tout premier album de Lockeheart et par la même occasion, ce projet énigmatique, flottant quelque part entre le nord du Vietnam et l’Allemagne de l’est. 2 ans après, Lockeheart est de retour avec son second opus, plus brutal, plus agressif et progressif, mais toujours très post-industriel, leur marque de fabrique!
Derrière ce projet se trouve Nemo, artiste multi-talent qui s’occupe de tout chez Lockeheart, à côté de ses multiples projets artistiques. J’étais assez chanceuse d’avoir pu l’attraper au vol une nuit, sur la crête des vagues de l’océan internet afin de discuter avec lui de sa musique, ses travaux artistiques et son travail chez House of Ygra, l’excellent jeune label vietnamien consacré à la musique extrême. 


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Bonjour Nemo.

Bonjour Dee.

Merci beaucoup d’avoir accepté cette interview. Tout d’abord, peux-tu nous parler un peu de toi, de ton projet Lockeheart ? Et surtout, pourquoi ce nom ?

Lockeheart est une évolution de mon ancien projet instrumental, Lunar Haze. Quand j’ai enfin appris à chanter, je souhaitais explorer des morceaux avec plus de chant, d’où la naissance de Lockeheart. J’ai choisi ce nom car quand j’ai commencé à écrire, je voulais trouver un nom/pseudo que je pourrais utiliser par la suite pour mes écrits et pour la musique. 

Dans le premier album, Weepers of the Moon, j’ai trouvé que l’ambiance gothique était prédominante, alors que sur les échantillons du second album que tu as postés récemment, la musique est plus lourde avec un côté plus sauvage. C’est l’ambiance générale de ton 2e album ?

Oui. Ce second album va être beaucoup plus Heavy que le premier.


Quand je regarde la tracklist de ton nouvel album, je vois qu’il y a la participation de pas mal d’autres musiciens. C’était le cas de ton premier album ? Peux-tu nous dire un peu plus sur ces collaborations ?

C’était aussi le cas dans le premier album, oui. Tu peux voir la guestlist sur le Bandcamp de Lockeheart. Sur le second album, tu peux trouver les artistes qui sont mes amis de longue date, avec qui je n’ai jamais eu l’occasion de travailler. Avant tout, ces collaborations sont surtout pour le fun et pour partager de bons moments avec les personnes que j’aime et que j’adore, autant en tant qu’artistes qu’en tant qu’amis.

J’ai pu voir passer une liste de tes dernières influences quand tu composais le second album de Lockeheart, où se trouvent beaucoup de groupes de metalcore comme Polaris, Humanity's Last Breath, Bring Me The Horizon, The Gloom In The Corner, et surtout, un nom qui ressort plusieurs fois : Sleep Token. Le metalcore est ton genre préféré ? Était-ce la raison pour laquelle le prochain Lockeheart a plus de rage et est plus heavy ?

Ouais, Sleep Token est quelque chose pour moi ces derniers temps. J’aime le metalcore, et, hum… on peut dire que cette musique contribue, avec d’autres influences, dans la composition de ce second album. Mais cela peut varier car j’écoute de nombreux styles de musique différents. Peut-être que le 3e album de Lockeheart va être plus jazzy si je suis à fond dans le jazz la prochaine fois. Qui sait ?

Concernant la production de l’album, tu fais tout toi-même (autoproduction) ou c’est sorti via le travail du label House of Ygra ?

House of Ygra est juste un label et je fais la production moi-même, et comme c’est moi qui réalise la plupart des productions pour House of Ygra, alors c’est comme si je faisais mon propre truc. *rire*


Alors on peut dire que l’album de Lockeheart est un disque auto-produit...

Oui, c’est auto-produit. Et comme de base, je suis le producteur et ingé son de House of Ygra, alors oui, je l’ai fait moi-même.

Tu travailles avec House of Ygra depuis combien de temps ?

Alors, Hieu et moi sommes meilleurs amis et il a créé le label quand nous avons créé Elcrost ensemble, Hieu voulait un label. Mais je ne participe pas aux travaux de marketing, de vente ou d’organisation des concerts, rien de tout ça. Tout ce que je faisais, c’est le son, la production. Donc je suis en quelque sorte l’ingé son du label et j’étais là dès le départ… Alors, c’était depuis 2019, je crois… Ou quelque part en 2020.


D’accord ! C’est un super projet et nous sommes enthousiastes de suivre votre travail, d’ici !

Merci.

Continuons avec Lockeheart. Comme c’est un one man band. Est-ce que tu imagines que Lockeheart va se produire live un jour ?

Cela m’arrive de rêvasser de ça de temps en temps, mais je ne sais pas si je le veux vraiment… Je veux dire, j’aime cette idée. Mais pour moi, si je joue en live, il me faudrait 2 ou 3 autres musiciens sur scène avec moi car sinon, je pense que je vais avoir l’air bizarre tout seul sur scène, tu sais ? Et pour ça, il me faut trouver les gens qui feront ça avec moi. Et pour le moment, je n’ai pas vraiment de temps pour me consacrer à ça pour être honnête car je suis sur beaucoup trop de projets en ce moment, comme d’hab’ ! Récemment, j’ai joué live à l’anniversaire d’un ami. C’était juste moi et une autre amie, elle faisait du backing vocal, et moi, j’ai osé prendre le micro pour chanter et hurler. Je considère ça comme une sorte de live. Donc, je ne me vois pas me produire en live tout de suite, mais si l’occasion se présente, pourquoi pas, oui.

Donc il y a une chance que cela arrive !

Oui, ça peut arriver.

C’est bien pour nous de le savoir !

Je veux dire, je pense que j’aimerais en faire à un moment ou à un autre, je ne sais juste pas quand.

Ok. Tu disais que tu as beaucoup de projets. Je vois qu’à côté de... alors… ton travail avec House of Ygra, Elcrost, Lunar Haze, et Lockeheart, tu as d’autres projets musicaux. Veux-tu nous en parler un peu plus ?

Alors j’ai un autre projet avec Liam de Rêvasseur, et c’est un nouveau projet, dont on n’a encore parlé à personne, sauf à quelques amis proches. Donc tu fais partie des premiers à savoir, avec ces amis. Nous allons faire un deathcore album, ou un EP. Pour le moment, nous avons déjà un morceau fini, nous attendons le logo et nous sommes en train de discuter pour savoir si nous allons le sortir via le Death records, créé par Trung, le guitariste de Windrunner, ou pas. C’est en pourparlers, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour développer, mais voilà un autre projet que j’ai avec lui, principalement pour le plaisir.
Et il y a un autre projet ici (en Allemagne) que j’ai avec quelques amis (Comrade La Baguette), mais, heu… de nouveau, c’est juste surtout moi qui fais tout et les autres sont là pour faire un groupe rire. Tu sais, je veux dire, c’est principalement moi qui fais tout musicalement, et les autres sont avec moi pour la scène et pour dire : « nous faisons ci, nous faisons ça », parce que, de base, c’est un groupe satirique et nous ne faisons que des chansons humoristiques, donc ce n’est pas important. Tout a commencé avec moi et un ami français… Toute l’histoire a commencé quand j’ai mal coupé une baguette et ça l’a rendu totalement fou. C’était rigolo et il surjouait aussi son énervement. Alors j’ai écrit une chanson sur cette histoire, et les choses ont commencé comme ça.
Voilà les deux projets musicaux que j’ai en plus de tous les autres. Mais quand j’ai du temps libre, je m’occupe à d’autres projets, comme l’écriture et ça me prend beaucoup de temps également.


Tu écris un roman actuellement ?

Oui, quelque chose de ce genre. C’est pour ça que je suis très occupé.

Quel artiste multi-talent ! J’ai vu que tu peins aussi…

Oui, je peins aussi. Principalement pour habiller mes murs, comme ça, ce sera comme une petite galerie. laugh

Tu as des projets d’expositions pour les peintures ?

Juste pour les amis qui viennent manger et écouter de la musique. laugh

Retournons sur ton album, c’est sorti le 29 mars dernier. Jusqu’à maintenant, nous n’avons ta musique qu’à travers les plateformes de streaming comme Spotify, YouTube et Bandcamp…

Ouais, et IPhone Music, Tidal, et tous les autres plateformes de streaming.


Oui. Penses-tu faire des copies physiques comme les CDs ou Vinyles un jour ?

Nous avons discuté de ça, donc je vais te dire… Mais ça dépend… Je ne sais pas si je veux faire ça ou non. Nous avons discuté de ça avec le label et Hieu veut que je fasse beaucoup de publicité si on sort les copies physiques. Car quand on les sort, il faudrait les vendre. Et moi, je suis du genre à ne pas faire attention à ce genre de chose, tu sais ? Je veux juste faire de la musique et je m’en fous s’il y a beaucoup de gens qui écoutent ou pas. Et pour produire les CDs, tu dois mettre de l’argent dans des trucs comme le pressage, l’impression, etc. Avec les coûts, nous devons les vendre assez pour les rembourser, au minimum. Donc on doit en parler. Alors peut-être qu’il y aura des copies physiques, mais je ne peux pas le dire maintenant.

Une dernière question pour toi. Peux-tu partager avec nous ta perception concernant la scène metal au Vietnam ? Comment tu vois les choses, comment ça a évolué et comment tu as vécu la scène quand tu étais encore au Vietnam ?

Quand j’ai grandi et commencé à écouter le metal, j’avais environ… quatorze, quinze ans, je pense, puis j’ai déménagé quand j’en avais vingt donc j’ai connu la scène pendant environ cinq ans, quand j’allais aux concerts et faisais connaissance avec d’autres personnes. À cette époque, j’ai trouvé que la scène était plutôt petite, il n’y avait pas beaucoup de groupes et aucun d’entre eux ne durait dans le temps, je pense.
Et puis arrive quelque chose que j’apprécie énormément, et pour ça, j’applaudis Hieu pour ce qu’il a réussi à faire avec House of Ygra, depuis son retour il y a trois ans, il a réussi à produire huit ou neuf groupes et ils sont toujours là à faire de la musique.
Et une très jolie chose que je trouve dans la scène actuelle à Hanoi est que les groupes s’inspirent les uns les autres, ils créent de la musique sans entrer en compétition. Les gens sont là, à se dire : « Hé, j’ai fait ça, je peux te montrer comment le faire. » Tu sais ? Un groupe de gens qui font de la musique, qui ont de l’expérience et qui se mettent ensemble pour aider à produire et à faire de la musique. C’est quelque chose que je n’ai pas vu avant, les groupes qui s’entraident. Avant, il y avait déjà le Death Records créé par Trung, mais à l’époque, je n’étais pas trop là-dedans et je ne savais pas vraiment comment les choses fonctionnaient avant… Mais maintenant je peux dire que la scène se développe et se consolide. Je suis émerveillé par cette grande évolution et je suis très heureux.

Merci beaucoup, Nemo, d’avoir pris le temps pour cette longue interview. Nous avons hâte de découvrir tous tes projets (peinture, roman, groupes, etc.) et nous attendons avec impatience les nouvelles de ton nouveau projet avec Liam.

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Questions : Dee

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