Le steampunk, ce genre artistique mêlant rétro-futurisme, esthétique victorienne et technologies à vapeur, s'est solidement implanté dans la culture populaire à travers divers médias. Des jeux vidéo tels que Dishonored et Bioshock ont transporté les joueurs dans des univers steampunk post-apocalyptiques et dystopiques. Dans le domaine du manga et de l'animation, Steamboy de Katsuhiro Otomo a captivé les fans avec son récit d'aventure steampunk et ses visuels impressionnants, offrant une vision alternative de la révolution industrielle.
Bien que son nom reste encore obscur pour le commun des mortels, le mouvement Steampunk ne cesse de prendre de l’ampleur particulièrement dans la culture geek. Pourtant, que ce soit grâce au majestueux éléphant des Machines de L’île à Nantes, à Discovery Land et en particulier le Space Mountain de Disneyland Paris, à La Cité de Enfants Perdus de Caro et Jeunet ou encore plus récemment la série Arcane des français de Fortiche Studio sur Netflix, tout le monde a, au moins une fois dans sa vie, croisé le chemin du Steampunk.
Le steampunk transcende les frontières physiques et celles des disciplines artistiques, touchant la musique, la mode, l'art et bien plus encore. C'est pourquoi Scholomance Webzine a choisi d'explorer ce mouvement dans le domaine de la musique. Pour ce fait, nous sommes allés à la rencontre d'une figure incontournable du Steampunk en France, Arthur Morgan. Spécialiste de cette sous-culture et amateur de rétrofuturisme, il est connu pour sa contribution à la plus grande communauté française dédiée à ce mouvement. Il a joué un rôle essentiel dans l'essor du Steampunk en France, en co-créant et en animant cette communauté. En tant que blogueur et rédacteur en chef de french-steampunk.fr, il a partagé son expertise à travers de nombreuses publications françaises et internationales, tant en version papier que sur le web. Il est également co-auteur du Guide Steampunk avec Etienne Barillier, publié chez ActuSF Helios en 2019, ouvrage de référence pour ceux désireux de découvrir ce mouvement. Son premier roman, intitulé La France Steampunk, 1871 La Grande Machine, co-écrit avec Etienne Barillier et Nicolas Meunier, est paru aux éditions Mnemos en septembre 2015.
Reconnaissant son influence et sa capacité à inspirer l'imagination et l'innovation, les albums et les artistes sélectionnés par notre - fort bien vêtu - invité ne se sont donc pas limités au "Rock" et/ou au "Metal", vous y retrouverez donc de l'Électro mais aussi du Hip-Hop.
Mais avant toutes choses il faut se demander : Le Steampunk, c'est quoi ?
D’abord mouvement littéraire né dans les années 80 de l’esprit torturé de 3 étudiants américains, maintenant auteurs de science-fiction, Tim Powers, James Blaylock et KW Jeter (Jeter ayant inventé le mot en 1987), le Steampunk est sorti des pages des livres et des BD pour devenir un mouvement artistique et global dans les années 2000 grâce aux mouvements des makers. Aujourd’hui le Steampunk a envahi toutes les formes artistiques et ne cesse de prendre de l’ampleur.
Le mot Steampunk est composé de Steam (vapeur en anglais) qui évoque la Révolution Industrielle et plus largement le XIXème siècle, son esthétique et la mise en avant de la figure de la machine. Le Punk quant à lui met en avant d’un côté la dimension Do It Yourself de l’éthique Punk et de l’autre le fait de s’amuser de tout, de ne rien respecter et de tout mélanger.
Tout peut donc passer par la moulinette du Steampunk.
En résumé, le Steampunk est un mouvement imprégné de Science Fiction qui recycle le XIXème siècle, joue avec son esthétique et ses représentations tout en valorisant le “fait soi-même”, l’artisanat et la dimension politique qui les accompagne.
Un peu comme si le futur et toutes ses implications étaient venus percuter l’ère victorienne.
Mais tenter de donner une définition précise du Steampunk est comme chasser une créature mythique à bord du Nautilus mais sans le Capitaine Nemo. C’est utopique et inutile. Car hormis le tronc commun que nous venons d’évoquer, chaque amateur de Steampunk a sa propre définition.
Et le Steampunk en musique ?
Bien sûr, le Steampunk a envahi le champ musical, mais comment le définir ? Tout comme les autres formes artistiques, la musique rassemble et mélange les genres, les influences, les époques et forment une scène indépendante loin des majors de l’industrie musicale. Un autre point qui unie la plupart des artistes musicaux de la scène Steampunk est la dimension fictionnelle. Souvent, ils incarnent des personnages et racontent leurs aventures dans un univers Steampunk.
Exit donc Justin Bieber et son Santa Claus is coming to town ou David Guetta et Nicky Minaj et leur Turn me on. Bien que ces artistes empruntent à l’esthétique, nous sommes loin de la dimension DIY et de l’esprit que porte le mouvement Steampunk.
Le Steampunk en 10 albums
Pour cette sélection, Arthur Morgan s'est basé sur plusieurs critères, l’aspect fictionnel, la revendication d’appartenance au mouvement Steampunk et enfin la dimension Do It Yourself dans la production.
- ABNEY PARK - Aether Shanties (2009)
Abney Park est certainement le groupe de musique Steampunk le plus connu par la communauté. Issu de la scène goth de Seattle, la formation menée par le décrié Captain Robert Brown mélange des influences folk, industriel, world musique dans un electro-goth entraînant.
Le groupe bénéficie d’une forte audience, en particulier grâce à la backstory de Captain Robert a su développer (les albums évoquent les aventures du groupe à bord de leur zeppelin de HMS Ophelia).
Aether Shanties est le 6ème album du groupe qui achève la mutation d’Abney Park dans le mouvement Steampunk grâce à l’incorporation de rythmiques et d’instruments de musique du monde, de chansons pirates et de samples ragtime (mouvement afro-américain précurseur du Jazz). Bien que cet opus ne soit pas exempt de maladresses, il n’en reste pas moins intéressant dans son approche. Les albums qui suivent restent dans cette même veine et certains morceaux sont devenus des classiques dans la culture Steampunk comme "Steampunk Revolution" (Ancient World, 2012).
- STEAM-POWERED GIRAFFE - The 2¢ Show (2012)
Autre “figure” de la scène musicale steampunk, le trio de San Diego Steam-powered Giraffe se décrit lui même comme “ unpantomime (sorte de comédie musicale à portée familiale)dépeignant un groupe de robots antiques et déficients. Ce n’estpas juste un groupe. C’est une expérience théatrales”.
Steam-Powered Giraffe sont un groupe d’automates musiciens, créés en 1896 par un inventeur du nom de Peter A. Walter. La Girafe serait son premier robot.
Les performances “cabaret” du groupe incluent une forte dimension visuelle et humoristique de la musique bien-sûr mais également de la danse, de la comédie et un peu d’impro.
Formé en 2008, c’est ce deuxième réel album, The 2¢ Show, en 2012 qui offre à Steam-Powered Giraffe une réelle visibilité au sein de la communauté steampunk. Avec des morceaux comme Honeybee ou Automatic Electronic Harmonics, le groupe y déploie un rock léger fortement imprégné de folk avec une pointe de country. Leur chant en chorale, la chaude voix de The Spine en tête, apporte également une touche mélancolique toute californienne.
Preuve qu’encore une fois que les Steampunk ne respectent rien et recyclent tout, les automates de San Diego sortent en 2013 une reprise de Diamonds de Rihanna. Il semblerait qu’elle soit mieux que l’original d’après les experts.
- JARDIN MÉCANIQUE - La Sinistre Histoire du Théâtre Tintamarre Episode 1 (2014)
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