Top 5 des écoutes de l'été 2021

 

On ne comprend ce qu'on a perdu qu'une fois qu'on en est privé pour de bon... Mais est-ce que la douleur qui en découle est vraiment là dans le cas des metalleux et de l'été, rien n'est moins sûr. C'est en tout cas du haut des premières neiges alpines que nous vous proposons une petite rétrospective sur les disques, nouveaux ou non, qui ont capté notre attention cet été et cette rentrée. De quoi se souvenir de toute la pluie et la grisaille qui nous ont accompagnés en cette période estivale 2021 finalement plutôt metal.

Morgan (猛龍過江):

Owl Cave - Broken Speech
Sorgsvart - Vikingtid Og Anarki
Boris - No
The Rebel Riot - One Day
Agrypnie - Metamorphosis


Pas mal de nouveautés sorties en début d'année que j'ai enfin pris le temps d'écouter. Du Owl Cave, œuvre instrumentale inspiré de Twin Peaks ; je ne connais rien à la série mais les quelques samples mettent dans une ambiance fantasmagorique, et même en tant que novice de l'univers, l'album est incroyable. J'en ai profité pour me replonger dans le Black Metal païen et anarchiste de Sorgvart, de quoi accompagner le dernier album du groupe de Punk HxC du Myanmar, The Rebel Riot. Dans un autre style d'extrême, Boris et leur dernier rejeton expérimental et avant-gardiste No. Puis, le nouvel Agrypnie, tant attendu et pas le moins du monde déçu, du Post-Hardcore / Post-Black de qualité et cela suffit !


Ion :

 
On ne change pas des amours qui gagnent : malgré quelques longueurs en fin de première moitié d’album, le nouvel album de Leprous tient de belles promesses, accroché à ses élans irrépressibles et irrésistibles, merveilleusement portés par le chaos intérieur que révèlent les textes de « On Hold » et « Nighttime Disguise », piliers de cet Aphelion.
Si vous touchez ne serait-ce qu’un peu aux jeux vidéo, vous avez forcément entendu parler de Hades, dernière production de Supergiant Games, avec lequel vous bassinent à peu près tous ceux qui s’y sont plongés. En guise d’introduction, vous pouvez déjà vous jeter dans les eaux du Styx grâce à la fantastique bande-son de Darren Korb, avant de vous lancer pour de bon dans le Tartare ou l’Élysée sur des airs qui fleurent bon le heavy et doom metal.
Loin de ma télé, cependant, mon début d’automne a surtout été marqué par un voyage en Islande : et il faut bien un peu de couleur locale pour accompagner le tour de l’île en voiture. Incontournables Björk, Sigur Rós et Sólstafir, préludes aux aventures dans les forts vents de la scène black metal d’un pays sublime dans le sens plein du terme, entre majesté et hostilité. 

Deathslid :


 

Nyarlathotep :



Peu de nouvelles écoutes pour moi cet été, avec des albums ressortis de mes étagères et peu de nouveauté s'y faisant une place. Du côté des nouveautés il est à noter le très bon nouvel album Verses In Regicide du one-man band australien Runespell nous gratifiant d'un Black Pagan à l'ancienne, authentique et majestueux. Autre nouveauté s'étant fait une petite place, le premier EP des brésiliens de Fossilization, He Whose Name Was Long Forgotten et son Death/Doom Metal noir et écrasant entre Krypts et Dead Congregation. Un projet a surveiller de très près...
Pour le reste, mes écoutes se sont dirigées vers des albums plus « anciens » avec justement le dernier Krypts, redoutable de lourdeur et de noirceur, la réédition du dernier album des suédois de Unanimated et leur Black/Death Mélodique de qualité et le premier album du projet grec Macabre Omen dont je ne me lasse décidément pas...
 
Il est toujours difficile de parler en quelques lignes d'un album dense de ses plus de 70 minutes d'écoute. Déjà, est-il encore besoin de présenter Triptykon, projet gothic/doom incroyable de Thomas Gabriel Fisher, alias Tom G. Warrior, membre fondateur de Hellhammer et Celtic Frost ? Sorti en 2010, Eparistera Daimones est le premier album sorti des méandres de l'esprit torturé de son créateur. Et ce n'est pas la pochette signée Giger lui-même qui démentira mes propos. Si vous recherchez la lumière vous ne la trouverez pas ici, cet album est un pavé (que dis-je un bloc de béton) jeté dans les eaux noires de la mouvance doom metal. Le titre "Goetia" vénère un Satan sauveur, conquérant et puissant, tandis que "My Pain" nous donne juste envie de nous rouler en boule dans un coin sombre pour ne plus en bouger. C'est justement ça qui fait la beauté de ce projet, il nous fait passer par plusieurs sentiments ; et la voix de la chanteuse Simone Vollenweider, comme sur "In Shrouds Decayed", vient apporter une touche féminine éthérée bienvenue.
Bien que l'album soit estampillé Wardruna, il s'agirait plutôt ici d'un album solo d'Einar Selvik. En effet, celui-ci est en fait assez différent de ce que le groupe a pu proposer auparavant et se veut très personnel. Ici, Selvik met les scaldes à l'honneur, ces artistes des temps anciens qui étaient à la fois poètes, messagers et conteurs. À une époque où tout se faisait par la tradition orale, ces personnes étaient très importantes et respectées dans la communauté. Einar Selvik a toujours eu à coeur de faire des recherches très approfondies et poussées sur l'Histoire ainsi que les traditions orales et musicales nordiques. Avec cet album il se met donc la peau d'un de ces scaldes pour nous transporter dans un autre temps. Bien que l'on retrouve des adaptations de leurs titres phares "Fehu", "Voluspá", ou encore le sublime "Helvegen", je dirais que cet album est réservé aux oreilles averties et n'est pas très accessible au premier abord et je conseille bien sûr en premier lieu l'écoute des titres "Vardlokk" et "Skald".
Toujours dans cette mouvance folk pagan, il est de ces groupes qu'on ne présente plus tant sa popularité s'est faite croissante ces dernières années : Heilung. C'est plus particulièrement ce Live at Castlefest diffusé sur la plateforme Youtube en 2017 qui a permis la notoriété croissante du groupe et de lui donner un coup de projecteur sur la scène internationale. Je dois reconnaitre que j'écoute davantage ce live que les albums studios de la formation. Non seulement tous les morceaux les plus emblématiques sont présent, "In Maidjan", "Othan" ou encore "Krigsgaldr", mais en plus il se dégage de cette prestation quelque chose de fort et d'intense si l'on est un peu réceptif aux ambiances mystiques et chamaniques. Heilung est très loin de la musique dite "viking" comme on l'entend, ce qu'on nous propose ici c'est une musique guerrière et viscérale avec des relents sombres et primitifs.
On continue dans le style dark/folk avec Darkher, projet solo de la chanteuse anglaise Jayn H. Wissenberg. Realms est donc son premier album (un EP était sorti avant celui-ci) paru en 2016. Certains comparent souvent Jayn à Myrkur ou encore Chelsea Wolfe, mais je souhaiterais les détromper car l'artiste a un style et un univers bien à elle. Mélangeant folk, gothic/doom, sons typés seventies, les titres sont aussi clairsemés d'ambiances fantomatiques et mystiques comme sur "The Dawn Brings A Saviour". "Hollow Veil" est un titre incroyable et tout en nuances et "Lament" est beau à en pleurer. Il faut savoir que Jayn a perdu un proche lors du processus d'écriture de Realms et que cela s'en ressent. En tous les cas si vous aimez tout ce qui se rapporte à l'occulte et les maisons hantées vous serez sans nul doute séduits par Darkher.
Très attendu par les fans de James Kent, ce dernier opus de Perturbator est une véritable ode à la mouvance new-wave gothique des années 80. Véritable petit bijou de dark-electro, on a envie de se déhancher toute la nuit sur "Lustful Sacraments", "Death of the Soul" et "Excess" (ce dernier superbement repris par Author and Punisher). De s'allonger lascivement sur "The Other Place" suivi de près par "Dethroned Under a Funeral Haze". Perturbator manie les claviers et les ambiances comme personne. J'oserai même affirmer que toute sa discographie est un sans faute et que chaque album qui sort nous plonge dans un voyage musical différent. 

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