Chronique | SOL DRACONI SEPTEM - Hyperion (Album, 2021)


Sol Draconi Septem - Hyperion (Album, 2021) 

Tracklist

01. The Man Who Cried God - 07:41 
02. The War Lovers - 04:06 
03. The Avatar - 04:39 
04. Hyperion Cantos - 03:51 
05. The River Léthé's Taste is Bitter - 04:23 
06. The Long Goodbye - 05:56 
07. I Remember Siri - 04:48 
08. The Last Pilgrims - 05:55 
09. Silenus - 03:22 

Extrait à écouter : 


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« Elle s'interposa entre le soleil et lui, créant une éclipse
qui entoura ses boucles noires d'un halo. »

Les Cantos d'Hypérion, tome 1 : Hypérion 1 de Dan Simmons


Il est temps de se tourner vers les étoiles, de poser notre regard sur le Gritche et de se laisser happer par cette bête fantasmagorique créée par Dan Simmons. Nous sommes désormais attablés ; autour de nous, sept pèlerins sont en train de conter leurs liens avec la lointaine Hypérion. Réunis par le hasard ou par l'Hégémonie ils parlent mais : « Le sujet n’était pas seulement la planète, mais la fin des Titans qui se faisaient appeler humains. » (Hypérion : tome 1, Dan Simmons, 1995). Mais l'Hégémonie, ce réseau inter-planétaire qui relie les mondes – par des sortes de portes des étoiles à la Stargate nommées distrans –, n'a pas permis uniquement la rencontre des protagonistes de l'histoire mais aussi celle d'êtres musicaux sur le monde glacé de Sol Draconi Septem. Une musique noire s'élève de cette atmosphères froide, spectrale, elle « se transforma en une tête issue du cauchemar d’un camé : visage mi-chrome, mi-acier, dents de loup mécanique croisé avec une pelleteuse à vapeur, yeux de laser rubis enchâssés dans un écrin de sang... » (Hypérion : tome 1, Dan Simmons, 1995).

Des sons s'élèvent, mélange psychédélico-industriel, prémisse du deuil de l'homme face au divin. Relation que l'on retrouve dans « The Man Who Cried God », symbolisée par ce chant gutturale face aux chœurs en fond, puis le chant clair lumineux mais lointain, comme un souvenir perdu. Le chant guttural tient la place principale, soutenu par l'instrumentation qui se calque sur les effets de la voix. Parfois, puissant, s'élevant dans les sphères cosmiques, parfois plus introspectif, il est en conflit, comme une envie de croire à un Dieu qu'il sait déjà mort. Le début d'Hyperion : « C'est l'archange Michaël, Moroni, Satan, le Masque de l'Entropie et le monstre de Frankenstein emballés dans le même paquet. » (Hypérion : tome 1, Dan Simmons, 1995). Puis vint la guerre, plus violente, électronique. Sol Draconi Septem mêle dans « The War Lover » technologie et sentiments humains, l’électro se mêlant à la mélodie et donnant naissance à un passage jazz presque lounge sur un chant aux limite du Dépressive Black Metal. Comme la contemplation d'une mégalopole des hauteurs d'un hôtel de luxe, un verre de champagne bourré de drogues à la main.

Hyperion continue de nous faire dériver entre les morceaux, parfois plus électroniques et industriels comme sur « The Avatar », et d'autres plus mélodiques, mélancoliques, à l'image d'« Hyperion Cantos » ou de « The River Léthé's Taste Is Bitter », avec toujours ces passages au saxophone qui nous plongent dans une douce et obscure introspection de nos âmes damnées en attendant de : « rejoindre le dodo, le gorille et le grand cachalot au palmarès de l'extinction des espèces. » (Hypérion : tome 1, Dan Simmons, 1995). Mais le temps des hommes n'est pas révolu, l'adieu sera un récit long, sanglant et violent dans une orgie technologique. Lors de l'écoute de l'album à partir de « The Long Goodbye », un second chapitre semble s'ouvrir au sein même du récit. L'introspection est finie est le constat n'est pas fameux pour l'homme, il est temps qu'il chute. C'est une nouvelle étape de l'évolution, musicalement cela se retrouve avec une présence de chaque élément (Jazz, Electro, Indus, Mélodique, Death) renforcée, plus équilibrée, en une forme de symbiose qui rend la musique moins calme mais plus apaisée. La musique de Sol Draconi Septem devient à la fois le moyen de voyage sur cette terre en état d'hyperglaciation et le paysage sonore de celle-ci.

Avec ce premier opus, Sol Draconi Septem crée un pont cosmique entre les genres qui ravira les adeptes d'Imperial Triumphant et White Ward pour le côté avantgardiste jazz, Triptykon pour une forme de grandeur ténébreuse et occulte, mais aussi Herrschaft pour les éléments électro / industriel. Cependant Hyperion n'est pas une sorte de mash-up ou de patchwork de ces derniers, mais davantage un groupe à la croisée de ces chemins, comme posté entre les distrans de ces groupes et pouvant ainsi écrire une nouvelle voie.

« Tous, nous représentons aussi bien des îlots de temps que des océans distincts de perspective. Ou peut-être devrais-je dire plutôt que chacun d'entre nous détient sans doute un morceau d'un puzzle que personne n'a jamais été capable de résoudre depuis que l'humanité a découvert Hypérion. C'est un véritable mystère pour nous, ajouta-t-il en se grattant le nez. À dire le vrai, les mystères m'ont toujours intrigué, même lorsqu'ils risquent d'abréger sérieusement mes jours. Et faute d'y voir clair dans cette affaire, je me contenterai de découvrir quelques morceaux de puzzle. » (Hypérion : tome 1, Dan Simmons, 1995)
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Morgan


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