Chronique | WARDRUNA - Kvitravn (Album, 2021)

 
Wardruna - Kvitravn

Tracklisting :

01. Synkverv
02. Kvitravn
03. Skugge
04. Grá 
05. Fylgjutal
06. Munin 
07. Kvit hjort 
08. Viseveiding 
09. Ni 
10. Vindavlarljod 
11. Andvevarljod 

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Le nouvel album de Wardruna fait bien sûr partie des sorties le plus attendues et les plus remarquées de ce début d’année. Gagnant de plus en plus d’adeptes au fil des ans, le projet de Einar Selvik a cette fois-ci été signé par Columbia. Après les succès de la série Vikings et du jeu Assassin’s Creed Valhalla, sur lesquels l’artiste a collaboré, il n’est pas étonnant de voir Sony Music s’emparer de cette poule aux œufs d’or, et on peut le comprendre. Kvitravn (le « corbeau blanc ») est donc le cinquième album studio de Wardruna, dont le thème récurrent est le rapport de l’homme à la nature, et est également la suite de la trilogie Runaljod.

Ce nouvel opus est bien différent du dernier album du groupe sorti en 2018, Skald, dans le sens où ce dernier se voulait une parenthèse dans la carrière d’Einar Selvik. En effet les sonorités explorées étaient plus folk, plus traditionnelles, l’artiste se mettant dans la peau d'un véritable scalde (ancien nom donné aux poètes scandinaves). Un album avec le moins d’effets possible, un projet somme tout très minimaliste. Avec Kvitravn, nous revenons à un Wardruna plus « classique », dans le sens où la musique est très épique, presque une bande-son de film, mais aussi très ritualiste. Le nombre d’instruments traditionnels utilisés est impressionnant, notons le  Kravik-lyre, le Trossingen-lyre, le Taglharpa, le Langeleik, le Crwth, le Lur ou encore le Moraharpa.

"Synkverv" nous offre une belle entrée en matière mais c’est avec "Kvitravn", le titre éponyme de l’album, très puissant et rythmique avec ses voix hypnotiques, que l’on se replonge corps et âme dans l’univers de Wardruna. On y entend un corbeau croasser ; ce thème du corbeau, très récurrent, n’est pas choisi par hasard. En effet, selon Einar Selvik, le corbeau est son animal totémique et il était perçu comme l’intermédiaire entre le monde des hommes et celui des dieux. "Skugge" fait de suite penser au titre très connu "Helvegen" dans ses chœurs graves et ses sonorités. "Grá", plus dépouillé, sonne vraiment chamanique avec la voix de Lindy-Fay Hella qui se fait parfois haletante, parfois hurlante, toujours maîtrisée, nous rappelant combien la chanteuse apporte à ce projet depuis sa création en 2003.  

"Fylgjutal" est un morceau épique et guerrier tout comme "Viseveiding" et sa rythmique soutenue. "Munin", titre apaisant voire mélancolique, est un des corbeaux messagers qui accompagnent le dieu Odin avec Hugin. Ces corbeaux parcourent les neuf mondes et reviennent le lendemain pour rapporter au dieu ce qu'ils ont vu et entendu. "Kvit Hjort" est très visuel, presque aérien, la corne et le lur occupent une place de choix et on pourrait très bien entendre ce morceau dans un film. "Vindavlarljod" bénéficie aussi de cette dimension fantastique et puissante avec son riddim lancinant et sombre. "Ni" quant à lui, de part l’utilisation de la flûte, a des sonorités plus médiévales. 

"Andvevarljod", qui clôt l’album avec ses plus de dix minutes au compteur, est un morceau mystérieux et obscur. Le son des percussions ressemble à un marteau qui taperait sur une lame en train d’être forgée. Les chœurs sont hypnotiques, à la fois soutenus et éthérés. Einar semble chanter avec l’énergie du désespoir : sérieusement ce dernier titre est beau à en pleurer et je conseille même de le réécouter plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités. 

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Taarna

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