Chronique | LES CHRYSANTHÈMES DES ADIEUX - Vomir ce qui m'a été imposé, tendre vers ce qui m'est inaccessible (Album, 2017)


Les Chrysanthèmes Des Adieux - Vomir ce qui m'a été imposé, tendre vers ce qui m'est inaccessible (Album, 2017)

Tracklist :

01. Dépérir et mourir dans l'indifférence (intro) - 02:33
02. Confiteor (poème d'Edward Stachura) - 10:05
03. À la DASS comme à la SPA - 16:48
04. Hymne au viol, complainte des dissociés - 13:00
05. Le drame de ma chair à l'indifférence du monde - 15:09
06. Psaumes des limbes, Neuvaines des rancunes - 10:42
07. Sur le grand cheval meurtri de l'orgueil salvateur - 17:16
08. J'ai longtemps erré avec Dame Misère - 10:28
09. S'endeuiller à la solitude d'un dimanche grisâtre - 09:56
10. Le rhum égaie la poisse, berce la perdition - 16:29
11. Automne (poème d'Edward Stachura) - 05:16

Extrait à écouter :



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C'est la nuit que les morts et les mots sortent, alors que Les Chrysanthèmes Des Adieux fleurissent, il est temps de se plonger dans cet album comme on se plonge dans une bouteille de piquette. On en voit le cul, elle est vide, on en oublie la musique qui est devenue une atmosphère opaque et viciée. La bile monte, je vais Vomir ce qui m'a été imposé, tendre vers ce qui m'est inaccessible

L'ombre du temps et de la mort plane sur cette offrande morbide, se lancer dans son écoute c'est commencer une longue dérive, deux heures sur un lac de souffrance noire et poisseuse où les termes Depressive et Suicidal prennent une nouvelle ampleur. L'immersion dans cette eau de mort se fait dès les première notes, elles viennent s'écraser aussi lourdes que des vagues sur notre être. Il faut choisir, se noyer dans cette musique ou se laisser aller, tel un corps flottant dégagé des contraintes de la chair.

Sur ces rives de cendre ce n'est pas Virgile qui nous attend mais Edward Stachura. Ce poète maudit nous tend sa main gauche, nos pieds touchent ces noires rives, romantiques et psychotiques où la folie se cache sous chaque instant délivré par Les Chrysanthèmes. Les paroles, les morceaux, sont des instants maudits de la vie du géniteur du projet, qui s'amuse à les mêler, les entremêler, puis les dissocier au sein même de ces morceaux qui deviennent des chapitres, témoins de réalités obscènes et malsaines, les douloureuses images qui habitent l' « Hymne au viol, complainte des dissociés » se dessinent. L'écoute nous fait oublier les frontières de la réalité, la musique devient un murmure qui nous enveloppe, le chant une complainte, un linceul volage et insaisissable.

L'album n'est pas une prouesse technique, le Black Metal n'est qu'un support à une souffrance juvénile, pure, instable, impulsive, c'est cette même souffrance qui a donné naissance au spleen et mis fin à la vie. La longueur est l'expression même de cette idée, même si il y a des accalmies, il n'y a pas de temps mort, chaque passage construit l'atmosphère de cette souffrance. Rien n'est vu comme inutile, chaque note, chaque mot est la retranscription d'un moment précis de cette souffrance. Couper ces passages c'est couper le fil de l'histoire et ramener ce travail à un simple album et non plus à la catharsis qui a été créée. Au même titre que des projets comme Dark Fount, K.F.R ou Claustrophobia, Les Chrysanthèmes Des Adieux nous demande un plein abandon, un adieu à cette réalité. Commencer à écouter ce chant funèbre c'est s'avancer dans le purgatoire orphique que s'est imposé l'artiste. Vomir ce qui m'a été imposé, tendre vers ce qui m'est inaccessible, est une création brute, animée par un désire de rédemption et sculptée par le réel.

Il ne nous demande pas d'adhérer, mais de l'écouter...

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Morgan


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