Chronique | PENSEES NOCTURNES - Grand Guignol Orchestra (album, 2019)


Pensées Nocturnes - Grand Guignol Orchestra (album, 2019)

Tracklist :

01. Un trop plein d'rouge 01:21
02. Deux bals dans la tête 05:11
03. Poil de Lune 06:20
04. L'Alpha Mal 05:43
05. L'Etrangorium 01:42
06. Les Valseuses 06:12
07. Gauloises ou Gitanes ? 04:28
08. Comptine à Boire 04:21
09. Anis Maudit 05:22
10. Triste Sade 07:00

Streaming intégral :

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Quelque part en banlieue parisienne, dans un terrain vague propriété de Les Acteurs de L’Ombre Productions, un chapiteau se construit. Au milieu de la crasse, des déchets et de la saleté se dresse la masse de toile telle une flèche pointée vers le ciel chargé de nuages. Le cirque bleu blanc et rouge de la compagnie Pensées Nocturnes apparaît tel une tâche extravagante au milieu du terrain sombre et sale.

“In a little circus near Paris, he amused the idle, the ignorant and vicious, with an act of his own fancy - under the expressive name of “HE - Who Gets Slapped” -”
_ Citation présente sur la version digipack de l’album.

Le soir venu, là où subsistait jusqu’alors un calme pesant, le vacarme assourdissant du cirque tranche le silence tel un couteau lancé sur une cible. Le Grand Guignol Orchestra enrichit ses installations de spectacle en spectacle. Les badauds s’amassent autour de la grande roue enflammée pour prendre un peu de hauteur et contempler les attractions dissonantes et déjantées proposées par la bande à Vaerohn, dont la folie musicale rend l’attraction toujours de plus en plus déjantée, bizarre et bipolaire.

Les représentations sont de plus en plus dissonantes au fil des âges et des albums. Dans ce numéro de trapèze à l'apparence désordonnée et bancale, la chute mortelle vers un Grand Bordel Orchestra semble se rapprocher au fil des sonorités bizarres, sans jamais se produire. Malgré une impression de vacarme sans queue ni tête, les compositions de Pensées Nocturnes sont précises, le dérangement et la folie semblent mis en cage, dressés et domptés par M. Loyal, aka Vaerohn, dans un numéro spectaculaire.

Guitares, basse, accordéon, trombone et percussions évoluent dans une harmonie malade mais néanmoins stable. Les standards du cirque accompagnent les violents numéros de clowns dans “Deux bals dans la tête” tandis que “Poil de Lune” retranscrit musicalement un Charlie Chaplin malade chantant dans son film Les Temps Modernes. Les paroles déblatérées sont tirées d’un poème érotique de Jules Verne, Lamentation d’un poil de cul de femme, écrit par le célèbre auteur en 1854 et qui change quelque peu de ses classiques de la littérature adressés à un public plus juvénile. D’ailleurs, tant qu’on parle des paroles, notons que si la masse instrumentale contribue majoritairement à l’ambiance de l’album, le chant enrichit les compositions : ces paroles sont tantôt solennelles, vacillantes, dérangées ou tourmentées, elles s’adaptent à toutes les ambiances, renforçant l’aspect glauque de la musique.

Tel une pièce de théâtre macabre, les numéros se succèdent, plus périlleux et géniaux les uns que les autres. Après 10 actes de haute voltige, le cirque branlant se vide, les badauds ressortent en vacillant.

Pensées Nocturnes leur a offert une prestation génialement macabre. La pure folie qui se dégage de la musique est intelligente et virtuose malgré son apparence bordélique. Bien qu’elle soit matraquée à grand coup de batte cloutée, cette musique transpire le génie sous acide. Grand Guignol Orchestra est un Grand numéro.
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Deimos


Pensées Nocturnes :

Les Acteurs de l'Ombres Productions :

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