SEA SHEPHERD appel au boycott de TYR

Alors que le groupe de Folk Metal Týr est sur le point de se produire en France, une levée de boucliers se fait entendre contre sa venue. En tête, l'organisation Sea Shepherd, qui dénonce la participation du chanteur du groupe, Heri Joensen, à la tradition de la chasse aux cétacés appelée Grindadráp (ou grind), pratiquée aux îles Féroé.

Le Grindadráp est une chasse traditionnelle aux cétacés, principalement ciblant les globicéphales noirs (également appelés baleines pilotes), mais aussi des dauphins et d'autres espèces marines. Cette pratique, qui trouve ses origines aux îles Féroé, fait partie intégrante de la culture locale. Elle est régulée par les autorités féringiennes, mais reste controversée, notamment en raison de la souffrance infligée aux animaux et de son impact sur les populations de dauphins, une espèce strictement protégée en Europe. Les habitants des îles Féroé tuent chaque année des centaines de globicéphales noirs et autres cétacés, une pratique qui a été condamnée par de nombreuses organisations de protection des animaux à travers le monde.

L'association Sea Shepherd a exprimé son indignation face à la participation du leader de Týr, Heri Joensen, aux chasses traditionnelles des îles Féroé. Elle critique non seulement la pratique du Grindadráp, mais aussi le fait que Joensen en fasse l'apologie dans ses chansons, comme "Grindavísan", qu'il a dédiée au capitaine de Sea Shepherd, Paul Watson, dans un acte de provocation. Dans un communiqué, Sea Shepherd appelle au boycott du groupe et encourage les fans et les salles de concerts à se joindre à la protestation. "Le groupe féroïen Týr, dont le chanteur participe aux massacres de dauphins aux îles Féroé et en fait l'apologie sur scène, vient se représenter en Europe !", déclare l'association. Elle demande aux salles de concerts de refuser l'accueil du groupe, tout en soulignant que, contrairement à ce que la salle Les Docks à Lausanne a affirmé, la distinction entre le travail artistique de Joensen et sa participation à ces massacres est difficile à établir, étant donné que ses chansons célèbrent cette tradition.

De son côté, le groupe Týr et son frontman Heri Joensen ont déjà abordé ce sujet publiquement. Joensen a expliqué, il y a deux ans, que son rôle dans le Grindadráp se limitait à vérifier que les règles de la chasse étaient respectées. Il défend cette pratique comme étant une partie importante de la culture et de l'identité des îles Féroé, soulignant qu'elle a des implications économiques et sociales pour la communauté locale. Joensen rejette les accusations d'apologie de la violence, affirmant que ses chansons ne sont pas un appel à la cruauté, mais une expression de sa propre culture. Pour lui, la musique du groupe s'inspire de la tradition viking, qui est étroitement liée à des pratiques maritimes anciennes, y compris la chasse.

Les tensions liées à la participation de Joensen au Grindadráp ont déjà eu des répercussions sur la tournée européenne de Týr. En 2016, plusieurs salles de concert en Allemagne et aux Pays-Bas avaient annulé leur programmation du groupe. Récemment, la salle marseillaise JAS'ROD a également annulé son concert prévu pour le 10 avril. Ces annulations soulignent un conflit croissant entre l'artiste, sa culture et la perception du public en Europe. De nombreuses voix s'élèvent pour rappeler que la musique devrait promouvoir des valeurs de respect et de compassion, plutôt que de glorifier des pratiques jugées cruelles et dépassées.

La situation soulève des questions complexes sur la frontière entre la tradition culturelle et les pratiques éthiques contemporaines. Alors que certains défendent le droit à préserver des coutumes locales, d'autres insistent sur la nécessité de remettre en question des traditions qui ne respectent pas les principes modernes de protection animale. Ce débat continuera sans doute d'alimenter la polémique à mesure que Týr poursuivra sa tournée en Europe.

Voici le communiqué de l'association Sea Shepherd, qui réitère sa position concernant la participation de Heri Joensen au Grindadráp : "Le groupe féroïen Týr, dont le chanteur participe aux massacres de dauphins aux îles Féroé et en fait l'apologie sur scène, vient se représenter en Europe ! Ils seront présents ce printemps dans des salles en France et Suisse romande."

L'association appelle à partager son désaccord concernant la venue de ce groupe, en incitant à publier des messages sur les réseaux sociaux, ainsi que sur les pages des salles de concert qui accueillent Týr. "A ce titre, la salle marseillaise JAS'ROD a déjà annulé la programmation de Týr prévue pour le 10 avril", indique Sea Shepherd, précisant que ce n’est pas la première fois que le groupe voit des salles de concert annuler ses prestations : "En 2016, dix salles de concerts en Allemagne et aux Pays-Bas avaient annulé leur programmation."

L'association insiste également sur l'inacceptable association entre l'univers viking célébré par le groupe et les actes violents du Grindadráp : "Le leader du groupe, Heri Joensen, participe aux massacres des dauphins et globicéphales. L'univers viking et la tradition célébrés par le groupe ne sauraient justifier la mise à mort sanglante de milliers de dauphins, espèce pourtant strictement protégée en Europe."

Sea Shepherd répond aussi à la salle Les Docks à Lausanne, qui a défendu la venue de Týr : "Contrairement à ce que nous a rétorqué la salle, il est impossible de distinguer complètement la participation du chanteur de Týr à ces massacres et son travail d'artiste dans la mesure où il met son penchant morbide en avant sur scène, à travers des chansons comme 'Grindavísan' qu'il a dédiée au capitaine Paul Watson comme une provocation, chanson où il fait l'apologie du grind."

L'association termine en rappelant l'ampleur de la cruauté liée au Grindadráp : "En 2017, ce n'est pas moins de 1203 globicéphales et 488 dauphins qui ont été massacrés lors de 24 chasses."

 La vidéo est disponible ci-dessous :

Mise à jour 20/01/2025