Chronique | DRH - Thin Ice (album, 2018)


DRH - Thin Ice (album, 2018)

Tracklist :

1. Rift
2. Fooled 
3. Thin Ice 
4. The Path
5. Black Chewing Gum (Live)
6. Smoking Bluffer (Live)

Extrait en écoute :

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L’association Jazz et Metal était, il y a quelques années encore, réservé aux norvégiens de Shining. Cette affirmation, aussi réductrice soit-elle, traduit le peu de formations qui ont percés dans la scène grâce à cette association originale. Pourtant, plus récemment, quelques formations s’appliquent à démocratiser cette union, à l’image de Dronte et de leur album Quelque part entre la guerre et la lâcheté, que nous avons déjà évoqué dans nos pages.

Un peu plus tôt, DRH nous offrait sous le même label - Apathia Records - Thin Ice. Avec ce premier album, les lyonnais nous ouvrent les portes de leur opéra halluciné vers une musique singulière où le Saxophone règne en souverain. Le palier franchit, le maître des lieux nous accueille avec panache et nous signale sa présence d’un ton clair et cuivré, entouré de ses disciples aux multiples cordes et aux peaux tendues.

Les présentations faites, l’ambiance se tamise vers une musique plus intimiste. Le discours du prince des cuivres résonne dans l’édifice musical à l’architecture expérimentale. L’héritage jazz se ressent dans cette demeure, mais cohabite avec des touches de Metal Progressif justement dosées.

Notre hôte nous emmène dans une seconde pièce. En franchissant le palier, nous apercevons brièvement un écriteau sur la droite de la porte… “Fooled”. Un bref couloir aux ornementations arabisantes nous conduit dans une pièce légèrement plus petite que la précédente à la décoration semblable au premier espace. Notre ami cuivré poursuit son long discours, laissant de temps en temps place au silence pour reprendre son souffle. Nous profitons de ces brefs instants de répits pour nous concentrer sur l’accompagnement instrumental épuré et cristallin.

La troisième pièce est plus sobre. Du moins aux premiers abords, les guitares cristallines laissent soudainement place aux distorsions et à un discours proche du Djent avant une exploration “jazz libre” pour ne pas employer d’anglicisme. Cet enchaînement de calme et tempête traduit les sauts d’humeurs de notre hôte cuivré. C’est en pénétrant dans la dernière pièce du domaine que le saxophone nous offre son visage mélancolique. Des émotions plus délicates à aborder, traduites par un ton plus feutré.

Alors que nous allions prendre congé de notre nouvel ami, ce dernier nous retient. Hors de question de partir sur ces notes mornes ! 15 minutes durant, lui et ses sujets explorent en prise direct une musique expérimentale brute, laissant une place plus importante à ses compagnons à cordes. Alors enfin, nous sommes conduits vers la sortie, la lumière au bout du tunnel, la fin d’un rêve sous acide.

Sans un mot, DRH créé de toute pièce un personnage à part entière qu’il fait vivre sur une trame rythmique riche en profondeur et en sensibilité. La musique du quartet passe par tous les états avec une cohérence et une précision sans égale.

Alors à votre tour, “suivez le lapin blanc”.
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W.G.


DRH :

Apathia records :

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