Chronique | AKITSA: Credo (album 2018)


Akitsa: Credo (album 2018)

Tracklist:

01. Siècle pastoral
02. Voies cataclysmiques
03. Le monde et ma bile
04. Espoir vassal
05. Vestiges fortifiés
06. Credo

Streaming intégral:


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Voilà maintenant près de vingt ans qu’Akitsa fait front et avance fièrement dans les méandres obscurs du Black Metal, délivrant une discographie étoffée à la musique singulière, belliqueuse et mélancolique. Pour ceux d’entre vous qui ne connaitraient pas le groupe, je vous invite à vous plonger dans leur univers à travers la découverte de leurs différentes sorties. Ce groupe est un des précurseurs de cette scène nord américaine et reste malgré tout un ovni dans l’univers québecois, se démarquant de ses compatriotes à l’âme patriotique et à la musique au romantisme mélancolique. A contrario de cette scène, Akitsa est là lui pour faire la guerre et tout ravager sur son passage. Le groupe n’est pas le plus populaire auprès des fans, ceux-ci lui préférant leur compatriotes à la musique plus abordable, mais force est de constater qu’Akitsa offre une âme à sa musique qui saura galvaniser les foules et les entraîner sur le champ de bataille.

J’attendais avec impatience ce nouvel album, Grand Tyrants, leur précédent effort m’ayant laissé sur ma faim, je me demandais à quoi m’attendre avec ce nouvel opus, le groupe offrant à chaque nouvelle sortie une musique différente sans pour autant se renier, ce qui fait leur marque de fabrique. Alors concentrons-nous sur Credo, le nouvel album du duo, je dis bien duo, car le groupe repasse avec cet album à une formule qui a fait ses preuves, délaissant leur batteur pour se réapproprier sa bonne vieille boîte à rythme, instrument qui en général me lasse, mais qui là, pour la peine, a réussi le tour de force de me faire apprécier sa sonorité : elle est employée à bon escient et surtout sonne comme il se doit pour offrir à la musique du groupe une velléité punk et basique, ce qui sied à merveille au groupe, offrant une rythmique guerrière à leur musique.

À travers Credo on peut retrouver tout ce qui a fait qu’Akitsa et ce qu’il est musicalement, dans la musique mais aussi le chant. Les fans seront comblés de pouvoir au fil de l’écoute se remémorer ce qui fait la force du duo, passant des guitares mélancoliques (mais dans le bon sens du terme) aux sonorités plus punk voire guerrières permettant à cet album d’offrir une multitude d’émotions que l’on retrouve au fil de leur longue discographie. J’ai essayé de ressortir un titre en particulier qui m’aura marqué, mais à chaque écoute mon avis change tant la qualité offerte par le travail de composition atteint son apogée sur Credo. Il m’est impossible de faire un choix, car chaque chanson faisant acte sur cet opus a sa place, s’imbriquant parfaitement dans le cheminement de création qui a été d’une perfection incroyable.

Le groupe a atteint un niveau de maturité auquel je ne m’attendais pas, et Dieu sait que je suis fan du groupe, mais Outre Tombe et Néant auront réussi à nous ressortir ce qu’ils avaient enfoui en eux de plus torturé, sombre et violent. Ne serait-ce que l’alternance des tempi à travers chaque chanson, passant d’une froideur neurasthénique comme sur "Siècle Pastoral", dont les textes mettent en musique un poème de Jean-Baptiste-Louis Gresset, surélevé par une atmosphère torturée pour passer à un titre comme "Voies Cataclysmiques" à l’univers simpliste du punk. Simpliste ici signifiant efficace et direct bien sûr, une influence que l’on peut retrouver dans différentes sorties du groupe.


Le duo ne s’embarrasse pas de fioriture, ici pas de chant, pas d’accords ni d’arrangements inutiles qui auraient pu dénaturer les efforts qu’Akitsa a mis en œuvre pour nous délivrer ce qui est à mes yeux la pierre angulaire de leur carrière. Ils se sont recentrés sur les bases qui font leurs forces et je tiens encore à souligner l’apport non négligeable de la boîte à rythme sur cet opus, qui grâce à ses sonorités basiques offre une force contestataire à leur musique. Et bon, que dire du chant, entre les chœurs et le chant vociféré, la dualité qui s’en dégage offre un équilibre parfait, permettant ainsi d’appuyer tantôt sur la mélancolie, tantôt sur l’hostilité, nous faisant voyager dans différentes humeurs, à mon plus grand bonheur.

Le final de l’album avec le titre éponyme est tout simplement somptueux. Il me procure le même effet que l’écoute de "Forêt Disparue" sur leur album La Grande Infamie. À travers ces dix minutes on voyage dans les différents univers rencontrés au fil de l’album, une pure merveille. Allez je l’avoue, j’ai un petit faible pour celui-ci, malgré la cohérence incroyable de l’album et ce que j’ai pu dire précédemment, en me repassant l’album durant cette chronique, force est de constater que ce titre est celui qui me touche le plus, tant par sa musique que par ce chant hurlé sur ces paroles :

« Malgré que de toute morale je suis le gueux
Et de tout credo le rat »

Même le travail sur l’artwork offre un vent de fraicheur, Akitsa délaissant son sempiternel noir et blanc pour nous offrir une couverture remplie de chaleur et au visuel plus humain, plus accessible, nous immergeant de plein pied dans leur œuvre et mettant parfaitement en image ce qui nous attend au fil de l’écoute de Credo.

Aucun ennui ne s’instaure au fil des quarante minutes d’écoute de cette musique putride, glaireuse et belliciste. Non vraiment, peu importe la période du groupe que vous appréciez, Credo saura répondre à vos attentes. Cet album apparait comme un exécutoire cathartique réussi. Il n’est jamais évident de juger un groupe dont on est fan, mais je ne pense pas me tromper en disant que cet opus est le plus réussi et abouti de leur carrière. Chaque écoute de Credo (plus d’une vingtaine) me procure toujours autant de frisson, en un condensé de toute la discographie du groupe à travers un album. 

A écouter d’urgence.
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KhxS

Akitsa:

Profound Lore Records: 

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