Me revoilà parti en cette
journée sur Rennes. Loin cette fois de la pesante mélancolie,
que dis-je, de l'abjecte répulsion que cette ville m'inspire, je
suis plutôt de bonne humeur en pensant à cette journée. Au
programme : des copains, du bon son et de la bière. Que
demander de plus ?
En arrivant à la gare routière,
je croise deux personnages, tout de noir vêtus, un grand dégingandé
en Perfecto et son comparse barbu, tirant leur valise et leur
matériel. En les dévisageant une révélation m'arrive :
« Mais c'est le duo de Poison
Point non ? ».
Ça commence bien.
Après avoir fait mais petites
affaires, je me dirige vers la Place des Lys, où se trouve le
Bar'Hic, un lieu que je commence à bien connaître et qui est devenu
le lieu de rendez-vous des corbeaux de Rennes lors des soirées
organisées par l'association gothique La Villa Diodati.
Mes amis Nico et Mik, de Follow
Me Not sont devant le
bar. Le petit monde commence à installer le matériel. Les balances
ne sont même pas encore faites. En même temps je suis très en
avance pour une fois. Mais cela me permet de discuter avec tout le
monde, notamment avec Stendhal, animateur à Radio Bro Gwened et avec
Timothée Gainet de Poison Point, de son projet et de l'évolution de
celui-ci.
Les balances se passent. C'est
un certain Nico (il me semble) qui s'y colle, et je peux dire, sans
grossir le trait, que je n'ai jamais entendu un aussi bon son au sein
du Bar'Hic. Nico et Mik se mettent en place. Je m'avance et me mets
au premier rang. C'est reparti pour un tour.
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Follow
Me Not
Le
duo de Follow Met Not ouvre le bal et entame leur set à coup de
guitare aiguisé et de basse ronflante. Oui, dans le Finistère sud
aussi on sait faire de la coldwave. Et on l'a fait bien. Mik fait
ronronner ces quatre cordes d'une main de maître, Nico pousse la
chansonnette et nous entraîne dans un flot rock tantôt mélancolique
tantôt hargneux. Le son est aux petits oignons.
Pour
moi il s'agit d'une redite puisque les deux compères avaient déjà
joué le 4 novembre à Brest au Rock Circus, devant un public
rabougri et peu enclin à bouger. Mais ce n'est point un problème.
Ça me permet non seulement de mieux me familiariser avec le groupe,
de supporter la scène post-punk francophone, mais aussi de pouvoir
vérifier une chose, que le son de Follow Me Not évolue.
Depuis les premiers pas, le son du groupe s'est ciselé, il est
devenu plus profond, avec plus de nuances. Il a mûri. Il suffit
d'écouter le dernier album, If The Sky Remains, pour s'en
rendre compte.
Le
Bar'Hic se rempli doucement. Je ne sais si derrière moi ça bouge,
mais moi je m'en donne à cœur joie comme d'habitude. Pourquoi
bouder son plaisir en même temps ? Les pistes s’enchaînent
et l'on passe d'un genre à l'autre, du post-punk au shoegaze à la
coldwave, tout en restant dans un univers cohérent, froid et
atmosphérique. Le show, que j'ai trouvé plus court qu'à Brest, ce
fini avec la chanson "Deny It" et sa ligne de basse
hypnotique, une de ces ritournelles hypers efficaces, qui vous
scotche et se répète en boucle dans votre tête, encore et encore.
Du grand art.
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Poison
Point
Au
tour de Poison Point de se mettre en place. Clavier, ordinateur, pour
sûr que cette performance sera beaucoup plus électronique. Moi ça
me va, car si j'aime beaucoup de rock délivré par mes deux amis de
Quimper et Quimperlé, j'avoue avoir une préférence pour toutes les
sonorités plus numériques. Je m'avance encoe une fois. Je veux être
au premier rang comme toujours, afin de recevoir en premier la bonne
parole.
Pas
le temps de tergiverser, le duo parisien envoie la sauce. Boucle de
basse synthétique, nappe de synthétiseur, voix d'outre-tombe. Voilà
la recette de Poison Point, entre electro post-punk, darkwave
synthétique, minimal wave hypnotique. Froid, sombre, violent. Pas de
guitares, ici c'est le règne des machines qui viennent nous marteler
les tympans. La voix de Timothée Gainet, froide et gainée de
réverbération et d'effets en tous genres, entonne un chant
corrosif, un dernier appel à l'aide d'une humanité privée de son
âme, ou bien alors un cri collaboratif à ces machines omnipotentes.
Le
spectacle atteint son apogée dans un vacarme transcendantal de
bruits lourds et de nappes angoissantes, de martèlement martial et
de répétitions hypnagogiques. Quand soudain tout s'arrête !
Le duo quitte la scène précipitamment et se jette au sein du public
pour disparaître au fond du bar, nous laissant dans un silence bien
plus pesant encore que ne fut leur musique. Pas de rappel. Brutal,
net, sans bavure.
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C'est
sans grande surprise que je me précipite derrière afin d’accéder
au stand. Absolument hors de question de repartir sans du matériel
signé. Je repars donc avec Motorpsychold et Imaginary Veil
sous le bras.
Les
groupes rangent leur matériel pendant que commence la soirée mix.
J'ai peine à me remettre de mes émotions, l'alcool, la musique, et
surtout une masse de gens venus de l’extérieur et envahissant les
moindres recoins du Bar'Hic n'aidant pas. Je m'exile dehors, comme
beaucoup de mes confrères corbeaux. Nous finissons la soirée dehors
en discutant avec Timothée et Arnaud.
Encore
une bonne soirée en somme. Il ne me reste qu'à remercier les
musiciens de Poison Point et de Follow Me Not, pour
leurs prestations, mais aussi l'ingénieur du son pour son travail,
et la Villa Diodati pour l'organisation. Des soirées d'une qualité
comme celle-ci, j'en redemande. Pas le temps de tomber dans la
nostalgie que je pense déjà à ma prochaine soirée. Je crois que je
suis addict.
Aladiah
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