Live report | Follow Me Not + Poison Point @ Bar'Hic, Rennes 11/11/2017


Me revoilà parti en cette journée sur Rennes. Loin cette fois de la pesante mélancolie, que dis-je, de l'abjecte répulsion que cette ville m'inspire, je suis plutôt de bonne humeur en pensant à cette journée. Au programme : des copains, du bon son et de la bière. Que demander de plus ?

En arrivant à la gare routière, je croise deux personnages, tout de noir vêtus, un grand dégingandé en Perfecto et son comparse barbu, tirant leur valise et leur matériel. En les dévisageant une révélation m'arrive : « Mais c'est le duo de Poison Point non ? ». Ça commence bien.

Après avoir fait mais petites affaires, je me dirige vers la Place des Lys, où se trouve le Bar'Hic, un lieu que je commence à bien connaître et qui est devenu le lieu de rendez-vous des corbeaux de Rennes lors des soirées organisées par l'association gothique La Villa Diodati.


Mes amis Nico et Mik, de Follow Me Not sont devant le bar. Le petit monde commence à installer le matériel. Les balances ne sont même pas encore faites. En même temps je suis très en avance pour une fois. Mais cela me permet de discuter avec tout le monde, notamment avec Stendhal, animateur à Radio Bro Gwened et avec Timothée Gainet de Poison Point, de son projet et de l'évolution de celui-ci.

Les balances se passent. C'est un certain Nico (il me semble) qui s'y colle, et je peux dire, sans grossir le trait, que je n'ai jamais entendu un aussi bon son au sein du Bar'Hic. Nico et Mik se mettent en place. Je m'avance et me mets au premier rang. C'est reparti pour un tour.

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Follow Me Not

Le duo de Follow Met Not ouvre le bal et entame leur set à coup de guitare aiguisé et de basse ronflante. Oui, dans le Finistère sud aussi on sait faire de la coldwave. Et on l'a fait bien. Mik fait ronronner ces quatre cordes d'une main de maître, Nico pousse la chansonnette et nous entraîne dans un flot rock tantôt mélancolique tantôt hargneux. Le son est aux petits oignons.

Pour moi il s'agit d'une redite puisque les deux compères avaient déjà joué le 4 novembre à Brest au Rock Circus, devant un public rabougri et peu enclin à bouger. Mais ce n'est point un problème. Ça me permet non seulement de mieux me familiariser avec le groupe, de supporter la scène post-punk francophone, mais aussi de pouvoir vérifier une chose, que le son de Follow Me Not évolue. Depuis les premiers pas, le son du groupe s'est ciselé, il est devenu plus profond, avec plus de nuances. Il a mûri. Il suffit d'écouter le dernier album, If The Sky Remains, pour s'en rendre compte.



Le Bar'Hic se rempli doucement. Je ne sais si derrière moi ça bouge, mais moi je m'en donne à cœur joie comme d'habitude. Pourquoi bouder son plaisir en même temps ? Les pistes s’enchaînent et l'on passe d'un genre à l'autre, du post-punk au shoegaze à la coldwave, tout en restant dans un univers cohérent, froid et atmosphérique. Le show, que j'ai trouvé plus court qu'à Brest, ce fini avec la chanson "Deny It" et sa ligne de basse hypnotique, une de ces ritournelles hypers efficaces, qui vous scotche et se répète en boucle dans votre tête, encore et encore. Du grand art.

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Poison Point

Au tour de Poison Point de se mettre en place. Clavier, ordinateur, pour sûr que cette performance sera beaucoup plus électronique. Moi ça me va, car si j'aime beaucoup de rock délivré par mes deux amis de Quimper et Quimperlé, j'avoue avoir une préférence pour toutes les sonorités plus numériques. Je m'avance encoe une fois. Je veux être au premier rang comme toujours, afin de recevoir en premier la bonne parole.


Pas le temps de tergiverser, le duo parisien envoie la sauce. Boucle de basse synthétique, nappe de synthétiseur, voix d'outre-tombe. Voilà la recette de Poison Point, entre electro post-punk, darkwave synthétique, minimal wave hypnotique. Froid, sombre, violent. Pas de guitares, ici c'est le règne des machines qui viennent nous marteler les tympans. La voix de Timothée Gainet, froide et gainée de réverbération et d'effets en tous genres, entonne un chant corrosif, un dernier appel à l'aide d'une humanité privée de son âme, ou bien alors un cri collaboratif à ces machines omnipotentes.

Désolé, je me perds facilement dans mes rêveries avec ce genre de sons hypnotiques. Les titres s'enchainent les uns les autres, parfois sans pauses, comme autant de perles noires sur un collier. Arnaud Derochefort, l'acolyte aux commandes des machines, y veille scrupuleusement.

Le spectacle atteint son apogée dans un vacarme transcendantal de bruits lourds et de nappes angoissantes, de martèlement martial et de répétitions hypnagogiques. Quand soudain tout s'arrête ! Le duo quitte la scène précipitamment et se jette au sein du public pour disparaître au fond du bar, nous laissant dans un silence bien plus pesant encore que ne fut leur musique. Pas de rappel. Brutal, net, sans bavure.

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C'est sans grande surprise que je me précipite derrière afin d’accéder au stand. Absolument hors de question de repartir sans du matériel signé. Je repars donc avec Motorpsychold et Imaginary Veil sous le bras.

Les groupes rangent leur matériel pendant que commence la soirée mix. J'ai peine à me remettre de mes émotions, l'alcool, la musique, et surtout une masse de gens venus de l’extérieur et envahissant les moindres recoins du Bar'Hic n'aidant pas. Je m'exile dehors, comme beaucoup de mes confrères corbeaux. Nous finissons la soirée dehors en discutant avec Timothée et Arnaud.

Encore une bonne soirée en somme. Il ne me reste qu'à remercier les musiciens de Poison Point et de Follow Me Not, pour leurs prestations, mais aussi l'ingénieur du son pour son travail, et la Villa Diodati pour l'organisation. Des soirées d'une qualité comme celle-ci, j'en redemande. Pas le temps de tomber dans la nostalgie que je pense déjà à ma prochaine soirée. Je crois que je suis addict.

Aladiah

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