Chronique | ANTILIFE - Life Is Pain (album, 2016)


Antilife - Life Is Pain (Album, 2016)

Tracklist :

01. Intro
02. Worms
03. Bad Day
04. Welcome To My (ANTI) Life
05.  Life Is Pain
06. Light Will Take Us All
07. Shoot In My Fucking Skull
08. Praise Me, Worship Satan

Extrait en écoute:



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Tout votre voyage dans cet opus nommé simplement  Life Is Pain  sera complexe et oppressant. La musique déployée par les Lillois est un Black Metal violent, qu’ils nomment eux-mêmes « Suicidal Black Metal », sans le côté mélancolique et plus « apaisé » de groupes de DSBM plus classiques, dirons nous (ce que certains désignent d’ailleurs comme « fragile », révélant en général leur QI relativement bas). A ne pas vous y méprendre : Antilife n’inventent rien, ils se sont simplement efforcés de pousser le concept du DSBM à son extrême. Là où Silencer était dans l’horrifique, l’effrayant, Antilife est dans l’oppressant, dans l’accablant.


Et d’ailleurs, l’analogie avec Silencer n’est pas si erronée. On retrouve, chez les Français, un chanteur dont le style de hurlement s’en rapproche, mais encore une fois, plus extrême. Les très puissants hurlements de Psycho ajoutent aux pistes un côté terriblement torturé, ponctuant ses lignes de « chant » de gémissements lointains et apeurés. Malgré le fait qu'à la première approche, il puisse être difficile d’apprécier le chant d’Antilife, c’est sans aucun doute une des pièces maîtresse de cet orchestre de l’Angoisse qu’est la formation française.

Mais, à part un projet de spoken word (et encore, ce serait étrange pour ce style de chant), une voix n’est pas grand-chose sans tous les instruments l’accompagnant. Je vois personnellement, dans Antilife, deux types de schémas musicaux qui se dégagent de tous leurs titres. De manière relativement manichéenne, nous trouvons des pistes très violentes, comme l’excellente « Bad Day » et son riff terriblement entêtant, comme nous trouvons des tracks « au fond du trou », plus dépressives et calmes mais toujours dans cet esprit d’oppression intérieur constante.

Je prendrai pour exemple la piste éponyme, avec des riffs vraiment caractérisés par leur mélancolie, et des guitares bien moins omniprésentes que dans « Bad Day », par exemple. C’est ici un travail d’ambiance, de rythmes alternés et plus discrets que les autres tracks, pour pouvoir installer une atmosphère réellement particulière. Ce morceau éponyme me fait l’effet d’un véritable descente aux enfers, aussi cliché que ça puisse paraître. Chaque riff est décliné de manière progressive pour accentuer cette impression.

Ceci étant dit, ce n’est pas tant l’aspect technique qui va intéresser chez Antilife, les émotions et ambiance générale prenant bien plus de place. C’est d’ailleurs pour cela que le groupe met un point d’honneur à ce que leurs lives soient mémorables, en allant un peu plus loin que les « simples » scarifications qu’ils pratiquent tout de même. Alternant entre la prestation volontairement violente (tabassage du public pendant et à la fin du set, coup de feu à blanc, etc) et le spectacle dégoûtant (à base de carcasses et sang aspergé, pour un maximum de confort odorant), tout dans Antilife est fait et prévu pour vous faire fuir, vous oppresser et vous faire détester (ou bien aimer, ça dépend des gens) ce qu’ils font. Vous pouvez d’ailleurs retrouver notre report sur leur prestation à Lyon en septembre dernier, elle est assez parlante. 

En voici un court extrait : 

"La performance autodestructrice du groupe atteindra son climax, quant à l'issue du dernier morceau, "Melancolia", le batteur du groupe rejoindra le public pour aller lyncher l'un des êtres humains perdus au premier rang, ce dernier ne manquant pas de le mettre à terre et de le rouer de coups, avant que Haine ne quitte la salle, agonisant mais non moins extatique à l'issue de sa prestation."

Réalisé et monté par Alexandre Werquin. Filmé par Alexandre Werquin et Valentin Thonnard

Rien n’est plus virulent que la haine, que le détestation de tout et surtout de soi même. Rien n’est plus virulent que la douleur qu’on s’inflige à soi même, que ces heures passées à se taper la tête contre les murs en hésitant entre vous défenestrer et sortir dans le rue pour provoquer un enième mass shooting. De toute façon à quoi bon. Rien n’importe, rien n’importe mais la douleur, elle, est bien présente. Elle est même omniprésente, nous incarnons la douleur.

Antilife est la douleur. C’est la Haine, avec un grand H, c’est une colère ontologique qui s’adresse au monde entier et plus encore. C’est haïr le principe même de vie, toutes ses formes et toutes ses manifestations. C’est haïr la lâcheté qui vous empêche de vous tirer dans le crane, qui vous empêche de sauter du 8ième étage.

Hail Satan. Kill Yourself.
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DopeLord


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