Premier
Novembre. En ce lendemain d'Halloween, à peine remis de mes émotions
du Samaïn Fest à La Mézière, le son de Perturbator
raisonnant toujours dans mon crâne, je me lève péniblement. Je
sais ce qui m'attend. Et heureusement que je suis motivé par mon
envie de voir The Mission en live. Dix heures de bus jusqu'à
la capitale, disons qu'il faut pouvoir les digérer. Mais comme je
viens de la dire, malgré le manque de sommeil, le froid, les
intempéries et l'ennui, je suis plus que décidé à me rendre au
Bus Palladium. Problème, l'arrêt de mon transport est à la gare de
Bercy et il me faut traverser Paris en métro. Et pour une fois rien
ne se passe comme prévu. Je ne rentre pas dans les détails mais du
coup, moi qui voulais arriver bien avant l'ouverture des portes, me voilà bien en retard. Et je sais que je vais affronter la perfide
file d'attente.
Cela
ne loupe pas, j'arrive à l'angle des rue Pierre Fontaine et
Jean-Baptiste Pigalle et mon regard se porte sur l'horizon. Mon sang
ne fait qu'un tour. Je savais qu'il y aurait du monde, mais là c'est
juste de la folie. Je remonte, encore, encore, encore, encore et
encore... J'ai l'impression que ça n'en finira jamais. La queue
dépasse l'emplacement du Théâtre Fontaine... Et ça monte encore.
Je m’insère et prends mon mal en patience. Heureusement, les gens
entrent rapidement. Je me demande comment toutes ces personnes, moi y
compris, allons bien pouvoir tenir dans une si petite salle. C'est à
mon tour d'entrer. Un rapide coup d’œil derrière moi, la file est
toujours aussi longue...
Moi
qui souhaitais être devant la scène, me voilà bien avancé... Et
ceci n'est qu'une façon de parlé, je suis coincé entre le centre
de la salle et le bar, contre l'un des piliers du fond. Je ne vois
strictement rien. Ça se bouscule, ça joue des coudes, puis la marée
humaine finit par se stabiliser. Heureusement deux grands type se
collent juste devant et la scène s'ouvre à moi entre leurs épaules.
C'est décidé je ne bougerai plus de là. De toute manière cela
risque d'être compliqué vu le nombre de gens qui se sont entassés
pour assister au spectacle. Mon regard se perd sur cette foule,
scrutant afin d'apercevoir des amis. Je vois que Unkle Z est devant.
Nickel. Pas le temps d'attendre plus que ça, le show débute déjà.
La
formation de Wayne Hussey monte sur scène, pas de première partie.
On commence directement sans fioritures. Le public est en transe. Les
premières notes ne sont même pas jouées que les fans hurlent à la
lune, tapent des mains à tout rompre, scandent le nom du groupe.
Tout ce petit monde est prêt à s'embraser. Certaines se font même
porter sur les épaules de leurs compagnons. Je n'ai jamais vu ça
dans une salle comme le Bus Palladium.
The
Mission entame son set. Le feu se répand, c'est l'hystérie
collective. Le son est lourd, la voix au top. The Mission est
toujours The Mission. La basse est juste au top, les guitares
s'envolent, la batterie est dure et sèche. Les musiciens font leur
travail mais, mis à part le batteur, il n'y a pas beaucoup de jeu de
scène. D'autres choses me tracassent également. Premièrement le
son est fort. Vraiment très fort et sature parfois. Deuxièmement on
n'entend absolument pas Evy, la choriste. J'ai beau tendre l'oreille,
impossible de distinguer quoi que ce soit dans le son heavy de The
Mission.
Cela
n'a pas l'air de déranger qui que ce soit, et à vrai dire je ne
boude pas non plus mon plaisir. Le groupe enchaîne pendant une heure
les classiques de son répertoire comme « Severina »
ou l'improbable réinterprétation de « Tower Of Strength »,
tout cela sonnant encore parfois comme le son des Sisters Of
Mercy. La filiation n'est pas complètement rompue. Entre deux
compositions phares, le groupe interprète également des titres de
son nouvel album. Chose assez étrange, mais pas désagréable, pour
ces titres le batteur laisse place à une boîte à rythme, ce qui
donne, sur scène un son particulier et une autre dimension à The
Mission.
Le
public se liquéfie, littéralement, au bout d'une heure. Il fait
chaud. Trop chaud. Les gens commencent à se plaindre. Heureusement
qu'une voix plus forte que les autres se fait entendre et la
climatisation s'allume comme par magie. Il était temps car certaines
personnes étaient au bord de l'évanouissement. Une pause de
quelques minutes est nécessaire aux musiciens qui reviennent encore
plus fort pour endiabler une salle déjà conquise. Un petit aparté
acoustique ma foi pas désagréable et c'est reparti pour trente
minutes de set. De quoi jubiler.
Bizarrement
les rangs se relâchent et en fin de concert nous avons plus de place
pour bouger un peu nos petits corps, bien que certains n'aient pas
attendu pour cela. Au milieu de la salle en effervescence, le pogo
est de mise et finalement je ne regrette pas d'être arrivé en
retard et d'être à la place que j'occupe. C'est beaucoup plus
tranquille. On peut toujours voir les mêmes personnes portées,
scandant à tue tête les paroles des chansons, portant même à un
moment une bannière avec le logo et le nom du groupe. Ce seront les
premières à se prendre la tonne de confettis prévus dans le
spectacle.
Une
heure trente de concert prévu. The Mission a fait sa part du
marché. Le public attend, puis il supplie. Les musiciens remontent
en piste pour un tour. Et ce n'est pas moins de vingt-cinq minutes
supplémentaires que le groupe nous accorde en rappel, pour un
concert de pratiquement deux bonnes heures. Le point final de ce show
étant « Deliverance ». Wayne Hussey laisse le public
chanter en chœur les paroles : « Give me, give me,
give me, deliverance ! Brother, sister, give me, give me
deliverance, deliver me ! »
Et
c'est justement sur ces paroles que le groupe nous délivre. Je reste
alors complètement coi, me repassant le film de la soirée dans la
tête pendant que la salle se vide quasiment entièrement. Seuls quelques irréductibles assisteront au mix qui suit la soirée,
toujours les mêmes d'ailleurs, obligés de danser en évitant
différents pièges comme le sol jonché de confettis, les roadies
désinstallant le matériel et les responsables de la salle préparant
la scène pour le lendemain. Un joyeux bordel.
Il
me restera, malgré une impression étrange d'insatisfaction latente,
un goût suave de réalisation. J'ai vu The Mission et malgré
tous les problèmes que j'ai rencontrés, j'ai aimé cette soirée.
J'ai vibré, j'ai été emporté, transcendé. Par la musique ?
Peut-être. Par le charisme des musiciens ? Probablement. Par
l'aura de The Mission ? Sûrement. Mission accomplie.
A savoir que le groupe de fans (dont je suis aussi) suit le groupe sur pratiquement tous les concerts de la tournée. Ce qui fut les "Eskimos" dans les années 80 est devenu les "Bloody Brothers". A paris pas moins d'une vingtaine d'anglais étaient là, compléter par quelques habitants des Pays Bas, Portugais et autres, et bien sur nous les quelques fans français qui les suivont depuis trente ans. Une radio dédiée à The Mission existe (www.themisssionbox.fr), c'est même cette webradio qui a edité le drapeau de la tournée, et une page facebook The Misiion France aussi. Mine de rien c'est aussi grace à ces infatigables soutiens que le groupe est reparti de plus belle aprés la reformation des 25 ans. Et ce n'est pas fini .... Keep The Faith !
RépondreSupprimerJ'ai assisté à ce concert et j'étais bien placé: au premier rang à l'extrême droite. C'est vrai que le son était très fort mais supportable et la chaleur s'en est également mêlée mais là encore: supportable. J'ai pris mon pied tout le long du set et la musicalité cristalline est ce que je retiens le plus de ce concert même si j'avais trouvé un peu étrange voire décevant qu'ils commencent avec l'un de leurs titres les plus connus, Beyond the Pale. Mais pour le reste, pas grand chose à redire, notamment sur la reprise de Neil Young, Like a Hurricane où Wayne Hussey a eu l'intelligence de ne pas reproduire le solo unique du Loner.
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