Chronique | MESARTHIM - " .- -... ... . -. -.-. . " (Album, 2016)


Mesarthim - .- -... ... . -. -.-. . (Album, 2016)

Tracklist :

01. .----
02. ..---
03. …--
04. ….-
05. …..
06. -….


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Il faut bien avouer que depuis l'excellente sortie de l'album Absence du OMB Chillien Lascar, l'Atmospheric Black Metal et moi on a un peu des soucis. Petite lassitude, qui fut rapidement supprimée lors de ma découverte de l'album qu'on abordera aujourd'hui. Plutôt cosmique, même carrément spatiale, la formation qu'on va aborder aujourd'hui gagne de plus en plus de succès.
Après deux très bons EP, c'est un album que nous sortent cette année Mesarthim, petite et jeune formation australienne officiant dans un atmospheric black bien cosmique et profond. Déjà en 2015 le duo (composé de « . » et « . », ça s'invente pas) avait fait parler de lui avec le très bon opus Isolate. Mais cette année c'est une nouvelle production au nom un peu plus original qui nous arrive dans les oreilles, titre fait en morse. « .- -... ... . -. -.-. . », qui veut dire « Absence » (eh, comme Lascar ! ), c'est clairement ce qui m'a « motivé » à poser une oreille sur cet album, l'aspect minimaliste de la chose étant efficace.

Évidemment tous les titres sont en morse, j'allais dire « je rajouterai la traduction dans la tracklist » mais en fait chaque titre veut dire « 1 », puis « 2 », puis « 3 »… Alors ça n'aurait pas eu grande utilité. On est vraiment sur un minimalisme esthétique assez poussé, avec la couverture notamment, sobrement ornée d'une comète dans un vide légèrement illuminé. Le concept est, il faut l'avouer, fort intéressant jusqu'ici, reste à voir ce que donne la musique.

Sans dire qu'elle est minimaliste, on peut cependant statuer du côté contemplatif de la musique de Mesarthim. Tout en longueur et en résonance « post-rockienne », les riffs des australiens sont subjugués de petits détails électroniques, nous projetant encore plus dans l'espace. On notera également les cris déchirants et lointains du chanteur de la formation, s'incorporant parfaitement à l'ensemble très clair et cosmique de leur musique.

On peut cependant observer une déclinaison dans les sons utilisés par Mesarthim, la formation étant plutôt éclectique dans son jeu. Aux longs accords bien ambiants  se succéderont les parties blastées, puis des synthés, et même un orgue sur la fin de « …-- », n'ajoutant pas vraiment un côté épique mais plutôt un aspect bien mélancolique à une musique déjà chargée en émotions.

L'avant-dernière piste par exemple verra s'enchainer une partie très mélodique suivie d'un break sur des gros riffs bien ésotériques, toujours avec cette reverb bien prononcée et quelques éléments noise bien placés. Une telle maitrise de différente atmosphères est vraiment impressionnante, tant chaque univers est toujours similaire aux autres tout en étant bien unique. Le concept est énormément travaillé, et la composition bien adaptée à celui-ci.

Ce que j'apprécie tout particulièrement dans la musique des Australiens c'est le côté très psychédélique de leurs parties électroniques, se rapprochant parfois de la trance (notamment la musique d'intro d'un de leurs EP sorti cette année, « Spire »). Tout en downtempo, les douces parties électroniques viennent évidemment ajouter une impression plus hypnotisante, comme « ….- » qui sert de transition entre deux titres black metal. On enchaînera d'ailleurs sur une musique bien atmosphérique, parsemée de synthés me rappelant beaucoup ce que fait le Russe B.M. avec son projet A Light In The Dark .

En somme c'est une très bonne maitrise de leur sujet dont font preuve Mesarthim avec cette album. En arrivant parfaitement à incorporer l'électronique au Black Metal, ils créent une musique incroyablement profonde et diversifiée. Jusqu'à la longue dernière piste nous suivront ses synthés qui me font penser aux fameuses lignes de synthés de Grey Waters, un autre projet australien tenu par Tim Yatras. Ce soupçon est renforcé par le fait que l'on ne connaisse pas l'identité des deux fantômes de Mesarthim, la présence de Tim Yatras dans la composition ne m'étonnerait cependant pas.

Pour revenir sur la sublime dernière track, c'est une piste de 10 minutes toute douce, à écouter en contemplant les étoiles en montagne. Même les cris bien éraillés poussés par le chanteur ne briseront pas cette « paix chaotique » qui règne dans l'ambiance des titres de « .- -... ... . -. -.-. . ». Après une partie synthé/orgue pendant l'outro, l'opus finit sur une minute de sons de l'espace, ou tout du moins ce qui s'en rapproche, achevant le concept de l'album d'une touche ferme et bien placée.

Vous l'aurez compris je pense, je recommande vivement cet album. Un mélange aussi bien maitrisé entre trance/électronique et black metal ça ne se trouve pas tous les jours, et je pense que sur ce coup le père Yatras n'y est pas pour rien. J'ai donc très hâte d'écouter leur prochaine production, en souhaitant cette fois voir la côté trance et électronique de leur musique se développer, pour augmenter encore plus le cosmos musical qu'ils arrivent à produire.

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Dopelord




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