Chronique | Temple Nightside - "The Hecatomb" (Album, 2016)


Temple Nightside - "The Hecatomb" (album, 2016)

Tracklist :

01. Graven
02. Adrift in Sepulchral Entropy
03. Ossuary (Commune 3.1)
04. Fortress of Burden and Distress
05. The Murderous Victor (Commune 3.2)
06. Within the Arms of Nothingness   
07. Tempest
08. Burial Adoration (Commune 3.3)   
09. Charnel Winds

Extrait en écoute :


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Claustrophobes, amoureux de Alcest et autres fragiles, cette chronique n’est pas faite pour vous, passez votre chemin. Nous avons affaire là à l'un des groupes qui reste un de mes favoris, tant sa musique se veut être personnelle. Et surtout, c’est l’un des rares groupes qui est capable de nous délivrer une atmosphère aussi pesante, j’ai nommé Temple Nightside qui avec son nouvel album "The Hecatomb" nous délivre là une pièce angulaire de sa toute jeune discographie. Avec des membres de groupes comme Vassafor, Grave Upheaval, Nazxul etc… la musique du groupe ne pouvait prendre une autre direction que ce Black Metal caverneux et ésotérique. Ce nouvel opus est le second de la formation, qui reste fidèle à la recette qui lui réussit tant, lourdeur, occultisme, plages ambiantes.

A la grande différence de son prédécesseur, la production a franchi un palier qui permet au groupe d’atteindre un sommet dans l’hermétisme. Finie la production « raw » qui ne permettait pas au groupe d’atteindre le potentiel maintenant atteint. Mais il n’y a pas que le travail studio qui a permis de franchir un cap, les compos ont aussi gagnées en maturité depuis leurs débuts, heureusement me direz-vous, mais là il faut reconnaitre que le groupe a frappé fort !


C’est sûr qu’en étant fan du groupe mon objectivité se voulait être mitigée à la première écoute, c’est pour cela que j’ai mis de côté cet album pour le reprendre quelques temps dans de meilleurs dispositions. Après deux écoutes attentives, il n’y a rien à faire, "The Hecatomb" est une pièce unique, puissante, occulte et transcendante. Je ne ferai pas le détail titre par titre car l’ensemble n’est rien d’autre au final qu’une seule même pièce, en dissocier l’une de l’autre ferait perdre toute importance à cette œuvre. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a aucun passage marquant, loin de là. Dès les premiers riffs de ‘Graven’ on sait tout de suite où l’on met les pieds. On pourrait presque apparenter ça à du Funeral/Doom au final tant la lourdeur pachydermique s’en dégageant est oppressante. On enchaine ensuite sur une seconde partie de titre plus dynamique et virulente. Mais par la suite la musique du groupe se verra moins lourde et plus dans cette veine belliqueuse et ésotérique. Ce chant fantomatique et dénué d’humanité glace le sang et il faut reconnaitre que le travail effectué sur celui-ci est magnifique, notamment grâce aux quelques chœurs cristallins et occultes qui apporte à la musique de Temple Nightside une sphère ésotérique supplémentaire.

N’oublions pas non plus ce qui fait notamment partie de la marque de fabrique du groupe, ces interludes nommés « commune » qui permettent à l’auditeur de se plonger un peu plus dans les ténèbres grâce à des chuchotements, comme si le démon venait lui même nous susurrer ces mots aux oreilles. Ou bien encore, ce riff sur 'Tempest' qui saura vous donner la chair de poule. Après la recette du groupe n’est pas l’avant-gardisme ni l’originalité, mais l’efficacité et l’obscurité. Le jeu du batteur est en tout point superbe, apportant son lot de changement de rythmes et de variations d’atmosphères sur lesquelles le groupe peut s’appuyer pour varier les ambiances. Car il est clair que Temple Nightside n’est pas qu’un groupe à la musique monolithique, c’est sûr qu’il ne faut pas s’attendre à de la dissonance ni à des solos (quoique sur ‘Graven’…), mais ça ne veut pas pour autant dire que le musique du groupe est simpliste. Il est plus intéressant d’écouter un projet qui se base sur le feeling que sur un côté purement technique laissant de côté ce qui fait la puissance de la musique, les tripes.


Et bon le titre ‘Fortress of Burden and Distress’ est l’exemple même de ce qu’est le groupe. Une intro lourde comme une chape de plomb, un chant en écho qui vous hypnotise… la mise en place se fait lentement jusqu’au moment où la piste se révèle empreinte d’une furie après les deux premières minutes, ce qui vous scotchera à votre siège, vous déconcertant pour mieux vous ramener par la suite dans leur univers opaque et suffocant. Et quel meilleur titre que 'Charnel Winds' pour terminer cet album ?

Tout comme "The Hecatomb" avait débuté, il se termine de la même manière, par une musique que l’on croirait tirée d’un album de Funeral Doom grâce à son côté accablant et irrespirable, comme si vous vous retrouviez plongés dans un univers abyssal, où votre chute ne prendra fin qu’à votre mort. Des riffs qui tournent en boucle et qui par moment ne seront pas sans rappeler Mournful Congregation. Une batterie qui n’est là que pour battre la mesure vous guidera sur le chemin de votre reddition face à cette musique dépourvue de toute forme de bienveillance.

Il faut reconnaitre au groupe ce pouvoir hypnotique qu’a la musique de ce nouvel opus, vous plongeant dans un océan de ténèbres. Il n’y a aucune recette miracle, le groupe a su mettre en place une musique qui lui correspond pleinement. La question que je me pose c’est comment fait l’Australie pour produire des formations si malsaines et occultes qu’Eucharist, Grave Upheaval, Portal ou Temple Nightside. Existe-t-il une faille spatio-temporelle ou un truc dans le genre qui permet à ces musiciens de retranscrire si magnifiquement ces atmosphères pesantes et oppressantes ?

Ce qui est vraiment agréable dans cet album, c’est que l’on ne s’en lasse pas et on ne voit pas le temps défiler à son écoute, preuve que le groupe a réussi à trouver un équilibre parfait, où chaque riff, chaque intervention a une raison de se trouver là afin de nous offrir ce qui sera certainement un des albums de l’année pour tous les fans de Black/Death.
Et bien sûr, pour accompagner de manière adéquate cet album, quoi de mieux que Nekronikon pour réaliser l’artwork ? Une cover bleue abyssale, laissant transparaitre atmosphère macabre et claustrophobe, l’auditeur se retrouvant fixé à deux murs jonchés de squelettes l’emprisonnant ainsi entre ses parois et le guidant droit dans ce qu’on peut appeler les ténèbres.

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KhxS




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