Chronique | Roszalie – Transition (EP, 2014)



 Roszalie – Transition (EP, 2014)

Tracklist :

1 – Exorde    03:51
2 – Who        03:38
3 – Escape    03:04
4 – Highway 04:13
5 – Outro      05:06


Extrait : 



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  Il est parfois de ces découvertes qui se font de manière totalement improbable. Il suffit d'être là, au bon endroit, au bon moment. Un morceau qui passe fugacement à la radio, un nom que vous entendez subrepticement dans un bout de conversation, un clip que vous apercevez du coin de l’œil en passant par hasard devant le rayon électroménager d'un magasin.

  J'ai découvert Roszalie de ce gwnre de manière. Alors que j'étais parti pour faire la fête avec des amis dans un bar de nuit, ce que je ne fais quasiment jamais, attablé, une bière à la main, une fille nous distribua un disque pour faire connaître le groupe.

  Dès que j'ai eu celui-ci en main j'ai su à peu près de quoi il s'agissait grâce à la pochette, une œuvre de Laurène Masse. Celle-ci, très colorée, avec cette dichotomie entre les couleurs chaudes et le losange bleu et le symbole minimaliste du groupe, me disait qu'il devait s'agir d'un groupe d'electro un peu planant, me rappelant des pochettes comme celles de « Onlooker » de AVGVST par exemple. Je ne pensais, par contre, être autant dans le vrai.


  Roszalie est un trio originaire de Fougères, dont les membres, Ronan et Paul Rosalie et Antoine Prudhomme, sont d'anciens de la formation de pop rock Blue Maze. La plupart des journalistes trouvent en Roszalie des influences electro-pop et post-rock de ces dernières années, avec des groupes comme Metronomy, Alt-J, Juveniles, Phoenix, Two Doors Cinema Club, Hot Chip ou M83. Certes il y a un peu de cela mais pas seulement. Dans tous les cas, il y a bien une transition, d'où le nom de l'EP probablement, entre le pop rock de Blue Maze et la synthpop de Roszalie, car oui il s'agit bien de synthpop, il ne faut pas tourner autour du pot. Mais j'y reviendrai.

  « Transition » est un EP de cinq titres dont trois chansons sont encadrées par deux pistes instrumentales en forme d'introduction et de conclusion. « Exorde » nous plonge directement dans une ambiance particulière avec ce bruit de vent assez froid qui se transforme peu à peu en une douce vague électronique, avant de nous exploser violemment à la figure en un mur de synthwave bien agressive. Le synthétiseur sert de fil conducteur à la piste, sur laquelle se rajoute une guitare qui donne encore plus de saveur à l'ensemble. Une bonne entrée en matière, franchement étonnante.

  Alors viens « Who », qui débute avec une petite boucle électronique et sur laquelle on découvre la voix, aiguë et légèrement nasillarde du chanteur. La piste part sur un rythme lent et on se laisse porter. Rien de bien transcendant. Et pourtant, rien n'est moins vrai, car Roszalie nous surprend ici en changeant de rythme d'un seul coup en accélérant ce dernier. À partir de là, moi qui avais lu que le groupe était influencé par le post-rock, je me suis dit que personne n'avais, par contre, fais le rapprochement avec le post-punk. Pourtant le rythme, les accords, toutes les caractéristiques s'y trouvent. En tout cas, je suis parti pour danser dès ce moment. Je me suis même mis à voler...

 Et ce n'est pas « Escape » qui contredira mes dires. Toujours sur un rythme post-punk caractéristique, et une façon de chanter avec une voix éraillée, un peu désabusée mais pas dénuée de force. Les influences coldwave et new wave sont ici particulièrement claires. Alors, post-rock ? Electro ? Non, simplement synthpop ! Et quel titre. Guitare claire, batterie minimaliste, pad ambient, le tout légèrement groovy, disco presque. Une sorte de Tommy De Chirico, Monuments ou de Oppenheimer Analysis à la sauce pop. Bref, tant pis pour la classification, encore une fois le trio me fait danser, et ça c'est le principal.

  L'influence coldwave est encore plus présente sur « Highway », une piste qui me fait parfois penser au premier EP de Miss Parker sur certains aspects, surtout sur l'introduction, la façon de jouer de la guitare et la façon de chanter notamment. Encore une fois on se retrouve avec une alternance entre des moments de calme soutenu par des claviers d'ambiance et une guitare claire, et des moments plus intenses, mais pas moins planant, soutenant par la voix et la batterie.

  « Outro » porte bien son nom puisqu'elle conclut de manière électronique cet EP. On décolle avec cette boucle arpégée soutenue par une grosse guitare lourde et une basse assez claire. L'ensemble marche plutôt bien et les différents instruments fonctionnent de concert sans partir dans une cacophonie de notes imbuvables. Le début du titre me fait toujours sourire car j'ai l'impression d'entendre la musique de la « Costa Del Sol » dans le jeu vidéo Final Fantasy VII, un titre très « ensoleillé », composé par Nobuo Uematsu.

  Synthwave, synthpop, post-punk, coldwave, new wave, electro. Je pense que tous ces éléments justifient amplement cette chronique de ma part. Comme quoi, toujours accepter les disques que l'on vous distribue comme ça, au détour d'une rue, parfois on peut tomber sur une perle.

  Et pour ceux qui crieraient à la trahison parce qu’il s'agit d'un groupe de pop, et bien qu'ils passent leur chemin et ne commencent pas à me casser les pieds avec leurs jugements préfabriqués chez les fermés d'esprit. Oui Roszalie est un groupe de pop, mais qui a su, à mon sens, mélanger les meilleurs aspects d'une pop électronique acidulée avec des éléments post-rock et post-punk caractéristiques, entraînant leur musique loin de la niaiserie d'autres groupes du genre en y injectant une certaine force.

  Je ne m'attendais à rien de particulier la première fois que j'ai mis la galette dans mon lecteur, appuyant sur le bouton de lecture avec une telle mollesse que je me demande encore comment celle-ci c'est déclenchée. Mais force est de constater que j'ai aimé. Je n'ai pas été transcendé comme pour certains artistes de la même veine, mais j'ai trouvé cet EP ma foi fort intéressant pour un premier essai, assez pour avoir envie de le réécouter. Je vous invite donc à vous débarrasser de vos clichés sur la synthpop, voire sur la pop en général car ce n'est pas forcément synonyme de soupe. La preuve.


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Aladiah




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