Chronique | Ancst/Ast (Split, 2015)

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Ancst/Ast (Split, 2015)

Tracklist :

1. Blame Chord
2. Spark
3. Seizures
4. Elegy of Self-Deceit
5. AST - Unbenannt 167
6. AST - Hybris & Hamartie
7. AST - von einem Ende
 8. AST - F.S.

Extraits :




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Ancst  et Ast sont deux formations allemandes, proposant respectivement du Blackened Crust pour le premier, et de l'Experimental Black pour le deuxième. Même si les deux styles pratiqués  ne sont pas exactement les mêmes, les deux groupes se rejoignent notamment sur le plan idéologique, car ils s’affichent clairement dans une position commune, antifasciste, anti homophobe et anti-religieuse (merci l’ami Youtube pour la précision) . 


Ne connaissant préalablement aucun des deux groupes c’est donc avec cette seule information et une oreille totalement neutre que j’ai entamé l’écoute de ce split de manière un peu hasardeuse, ce qui peut parfois rendre l’accroche un peu plus difficile à la première écoute, mais franchement, au final,  ce gros bordel de 31 minutes est tellement efficace et tellement dévastateur que ça n’a pas posé beaucoup de problèmes. 


C’est d’abord à Ancst de faire ses preuves pour la première partie du split, et on ne  peut pas dire que ça soit vraiment le genre de groupe de faire dans la dentelle. Pas d’intro à rallonge, pas une seule seconde de gaspillée,  et pas un seul temps mort, les 16 minutes sont exploitées de la manière la plus efficace possible, ne laissant aucun répit à l’auditeur avec des temps  plus « mous ». Le seul reproche qu’on aurait envie de faire c’est qu’on en aurait bien voulu encore un peu, même si c’est surtout de la gourmandise auditive de ma part, parce qu’objectivement la durée de 16 minutes fait que le résultat est quasiment irréprochable et qu’on les savoure sans risquer l’indigestion. 

16 minutes mais quand même de quoi caler 4 morceaux, dans lesquels Crust et Black cohabitent parfaitement, sans jamais vraiment avoir un style qui volerait la vedette à l’autre.  On retrouve une voix black,sur du gros black véner et des riffs ultra rapides (même si des fois l’intonation de la voix rappelle aussi un style plus crust) mais le tout reste toujours dans un ton ultra énergique.  Sur le morceau 'Spark' par exemple, même si dans les premières secondes la voie se fait plus plaintive (pour  ne pas dire dépressive) et le tempo plus lourd , le morceau évolue très rapidement vers  des riffs pleins d’entrain,  qui donneraient presque des sonorités positives au morceau , morceau qui devient simultanément très accrocheur.  A chaque fois que le rythme semble connaitre une légère accalmie,  il nous surprend en nous proposant des riffs encore plus déchainés la seconde suivante, sans jamais faire la moindre concession.  Nos oreilles se font littéralement violer, et le pire c’est qu’elles aiment ça. Aucun morceau ne se ressemble,   c’est donc un travail  extrêmement varié et extrêmement riche que nous propose Ancst, alliant un aspect incisif, enragé, mais aussi ultra fluide  rapide et  entrainant, un peu comme une mise en musique de l’apocalypse mais qui resterait tout de même super stimulante pour l’oreille. 

Ast se charge ensuite de la seconde partie de ce split, en lui donnant tout de même une orientation plus axée Black (ce qui est logique,  vu que c’est de l’expérimental BM et non pas du blackened crust comme c’est le cas pour Ancst)  Globalement,  on peut dire que le son proposé par Ast sur ce split a un rendu plus « massif », c'est-à-dire qu’on ne retrouve pas les parties plus entrainantes liées au côté Crust qu’on pouvait avoir chez Ancst. Certains rythmes sont parfois plus lents, mais Ast est aussi capable de s’énerver quand il le faut et de  nous proposer de l’utra-rapide comme sur 'Von Einem Ende'. Le seul bémol, notamment sur ce morceau là et que parfois quelques  « longueurs » ( même si le terme est surement un peu fort, la perception de ces « longueurs »  étant relative à ce qu’on peut comparer avec le reste de ce split ultra rapide) peuvent se faire ressentir , rendant le morceau 'Von Einem Ende'  un peu plus linéaire que les autres . 

Les morceaux ont quand même de petites intro, mais  elles ne s’éternisent pas pour autant. Ast propose des morceaux plus basés sur la répétition , on a l’impression que le même rythme tourne parfois en boucle tout en s’accélérant, ce qui confère aux morceaux un côté plus « oppressant » qu’on ne rencontre pas chez Ancst et qu’on explique sûrement par la dominance Black de cette partie du split.  Le tout dernier morceau  F.S, est particulièrement varié et réussi,  en bon expérimental qui se respecte, Ast y propose propose plusieurs passages qui valent le détour car ils arrivent à étonner l’oreille et briser tout effet de linéarité , il y a quelques accalmies avec des passages super énervés qui débarquent par-dessus complètement sortis de nulle part, surprenant agréablement  l’auditeur, le chant se fait complètement désespéré mais conserve quand même son côté burné, et l’outro, de son côté, débarque elle aussi un peu à l’improviste , tout en s’étendant sur une petite minute . 


Au final ce split est donc, vous l’aurez compris, ce qu’on peut appeler un split efficace qui tape dans le mille et prend un malin plaisir à sodomiser vos tympans sans fournir la vaseline au préalable. D’un point de vue purement subjectif j’ai eu une préférence pour la partie assurée par Ancst que je trouve plus intéressante en terme de mélange des genres, car tous les morceaux réussissent à sonner simultanément ultra black ET ultra crust, mais il n’empêche en rien que même si elle reste plus affiliée au Black expérimental , la partie d’Ast soit hyper agréable à l’écoute. Bref, c’est un peu le genre de split qu’on devrait programmer sur son réveil pour les matins où on sent qu’on va avoir du mal à émerger.

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