Beyond the Light | Part 1 - Vamacara Studio

Beyond the Light : Part 1 - Vamacara Studio


Hormis les artistes qui travaillent sur la musique, les textes et concepts... comment se construit un album au-delà de l'aspect musical ?
Si on y regarde de plus près de quoi il se compose ?
De graphisme, de sons, de supports physiques.
Il existe tout un tas d'hommes de l'ombre qui œuvre pour transformer ces produits en ouvrages intemporels.
Mais concrètement comment ça se passe ? Commet s'organise le travail avec un graphiste ? Comment se déroule la négociation avec un label ? Comment interagir avec l'ingé son pour avoir le son que l'on recherche ?
A travers une série d’interviews je vais tenter de vous faire découvrir un univers méconnu du grand public et ainsi vous permettre de répondre aux questions que vous vous posiez.



Première étape, nous allons nous focaliser sur le Vamacara Studio basé à Clisson et tenu par HK.  (Comme quoi il existe de vrais métalleux là-bas)
Un studio qui aura vu passer en son sein des formations comme Otargos, Vorkreist, Order of Apollyon, The 135, Khaos Dei notamment, que ce soit pour la production, le mixage et/ou mastering.



01. Salut HK, tu étais musicien au sein de différentes formations sur Paris et depuis tu t’es exilé sur Clisson où tu as monté ton studio, le Vamacara. Comment t’es venu cette idée ? Et le nom du studio est pour le moins intrigant et original au vu des noms habituels, tu peux nous en donner la signification ? Je suppose que c’est une tâche harassante de monter son studio, surtout suite à un déménagement non ?

Salut mec !

Le mot « exiler » est un peu fort ! Mais oui, je suis parti de Paris car je voulais vivre autre chose et surtout avoir une vie un peu plus cool et posée que celle que je pouvais avoir sur Paname. J’y suis resté 10 ans, et j’en avais fait largement le tour. Pour moi la région de Nantes offre les mêmes avantages que Paris (concert, culture etc…) sans les inconvénients.
L’idée du studio me trotte dans la tête depuis de nombreuses années mais je n’étais pas dans les bonnes conditions pour pouvoir en monter un.
L’aventure du Vamacara a débuté en produisant pour le plaisir le premier album de HIGH GAIN que j’ai eu en contact grâce à un autre groupe Nantais : Ad extirpenda. J’ai pu ainsi rencontrer Niko le guitariste qui m’a filé un énorme coup de mains pour construire le studio !  Puis Otargos m’a demandé de produire leur album "Xeno Kaos" et tout s’est accéléré. J’ai longtemps hésité à franchir le pas et à me lancer… Je venais d’être papa, j’ai  une maison et donc des responsabilités. C’est ma femme qui m’a décidé à franchir le pas ! Sans elle… je crois que le studio n’existerait pas du tout !
Mais je ne crois pas au hasard… si ça devait se faire maintenant c’est qu’il y avait de bonnes raisons… et surtout de bonnes personnes !

Le nom Vamacara vient de du terme sanscrit Vamachara.

Construire un studio… quelle idée débile ! Au départ je me suis dit bêtement que ça irait vite. Deux planches, quelques vis et un peu d’huile de coude suffisent ? Et bien non, pas du tout ! 1 an que j’y suis et ça n’est pas fini ! Mais j’ai appris énormément de choses et c’est une vraie fierté que de construire son avenir…  Dans tous les sens du terme !

02. Quelles sont les compétences/diplômes que tu as acquis pour réaliser ce travail ? Tes expériences en tant qu’artiste t’aident elles dans ton travail de tous les jours ?

Aucun ! Voilà. Rien, que dalle, nada. J’ai tout appris tout seul, sur le tas (la meilleure école selon moi) en écumant youtube et tous les tutoriels qui existent (grattos ou non), en discutant avec d’autres ingés son, en observant et en écoutant. Mais surtout en passant des HEURES à chercher comment on fait ! Dans ce genre de métier il n’y a que l’expérience qui compte. Si on pouvait égaler des ingés son avec 30 ans d’expérience avec un diplôme ça se saurait… Le métier d’ingé son studio est pour moi un chemin initiatique qui est long, difficile mais très intéressant. Comprendre comment la musique que tu aimes prend forme. De bruits de cordes à un cd mis en bac !

En tant que musicien j’ai connu les joies et les peines du studio. La difficulté de laisser quelqu’un d’autre manipuler ta musique. Les prix trop souvent élevés et surtout prendre le risque de tomber sur quelqu’un qui ne comprend pas ce que tu veux et qui va n’en faire qu’à sa tête. Mais aussi la joie de voir ta musique être écoutée par d’autres que toi !
J’ai dû connaître tous les cas de figures sauf celui du « tout s’est super bien passé ! » (rires).

Quand j’ai décidé de monter le studio je me suis juré de toujours respecter les zicos qui viendront taper à ma porte. De ne travailler qu’avec ceux dont j’aime la musique pour vraiment m’en imprégner et donner le meilleur. Je passe des heures et des heures à chercher le son qui convient pour chacun de mes groupes. Si je n’aimais pas leur musique… ça deviendrait une torture ! Evidemment ce respect doit être mutuel. On est là pour travailler en bonne intelligence. Si cet équilibre est rompu… ça ne peut pas fonctionner.

03. Travailles-tu seul ou as-tu des partenaires, au studio ou extérieur ?

Pour le moment je suis seul. Je gère tout le côté production (enregistrement, mix et mastering). Pour ce qui est des autres services que le studio peut proposer je dispose de partenariats forts avec des graphistes, des presseurs, des imprimeurs, des boîtes de promo et même quelques labels !
Je défends mes groupes même après leur passage au studio. Je continue de suivre et de relayer leur actualité via la page facebook du studio et son site internet.
Les groupes m’ont fait confiance, je trouve ça normal de continuer de les suivre et de les aider même après !

04. Comment se déroule une journée type au Vamacara Studio ?

Il n’y a pas réellement de journée type. Mais en général ça commence par un café en écoutant les mix de la veille avec une oreille reposée. Ensuite j’attaque les mix en attente… Tu vois, rien de fou !


05. J’imagine qu’il y a des étapes à suivre de manière récurrente pour permettre l’enregistrement d’un album ?

La première des étapes est la discussion avec les musiciens. Savoir ce qu’ils attendent du studio, leurs productions préférées, comment ils aiment travailler etc… Je passe beaucoup de temps à parler avec chacun des musiciens pour être sûr qu’on se comprenne avant de toucher au mixage. Quand les groupes sont dans le coin je vais les voir en répète ou boire un coup avec eux. S’ils sont loin et bien un groupe secret sur Facebook, le téléphone et skype feront l’affaire !

Une fois qu’on est bien d’accord sur le cadre de la production on attaque le mixage. Je leur propose un mix qui tient compte de leurs demandes tout en y ajoutant ma touche. Il arrive parfois que je ne tienne  pas du tout compte de ce que le groupe me demande car je n’entends pas le mix final comme eux. Pour le moment ça a toujours fonctionné ! J’essaie d’être la prise de recul que le groupe a difficilement. Mais quoiqu’il arrive c’est lui qui aura le dernier mot.

Une fois que le mix de base est validé, je mixe tout l’album. On affine les détails et je souhaite bonne route aux musiciens tout en gardant un œil sur eux! Je vois le Studio comme une Communauté… pas du tout comme une entreprise…

06. Je suppose que tu as un emploi du temps chargé et que tu ne comptes pas les heures, quelle somme de travail représente ce métier ? Est-ce ton job alimentaire ?

Je commence à 7h30 et je finis à 19h/20h tous les jours. Le studio me prend tout mon temps mais de là à parler de job alimentaire… pas encore ! Mais 2016 me fait voir les choses sous un nouvel angle !

 
07. Petite question plus technique, tu es donc producteur, qu’est-ce que ça représente exactement dans le détail ? Peux-tu expliquer à nos lecteurs les moins informés ce qu’il en est exactement ?

Selon moi un producteur est l’emmerdeur en règle qui va venir bousculer le groupe dans sa vision de la musique. Lui apporter le recul qu’il n’a pas. Quand tu composes un album tu es à fond dedans et tu ne vois pas tout ce qu’il y a autour. Je me positionne là.

Je les conseille autant sur les arrangements pour bonifier leur musique que sur « l’après studio ». Qui contacter, comment et pourquoi. Savoir gérer un plan promo. Gérer une sortie d’album… Bref, j’essaie de leur éviter toutes les erreurs que j’ai pu commettre par le passé. Mais encore une fois chacun est libre de faire comme il le souhaite !
Chaque groupe est différent, je m’adapte.

Un producteur… c’est ça ! Un gars qui comprend ce que veulent les musiciens et qui les conseille en fonction.

08. Et d’ailleurs, tu t'occupes donc du mixage et du mastering ? Comment se déroule ces étapes ? Quelles sont leurs utilités ?

Le mixage est là pour mettre tous les éléments d’un morceau ensemble. Les mélanger pour que ça devienne un « bloc » cohérent, écoutable et appréciable. Que le mix soit conforme au style du groupe et qu’il mette en valeur leur travail de composition. Le mastering est là pour mettre du volume à l’ensemble. Faire en sorte que ça soit au volume d’un cd et que le mix soit écoutable dans toutes les conditions possibles. Chaîne HI-FI, casque audio, autoradio etc… Il arrive également qu’il faille réaliser un mastering pour les vinyles. Le cheminement reste le même. Seule la technique change.

09. Te fixes-tu des limites en terme musical, en genre notamment ?

Du moment que ça me plaît… Mais rock quoiqu’il arrive.
L’avantage du rock c’est que ça ouvre énormément de possibilités ! C’est une musique vivante, riche et très intéressante.


10. Tu as brassé des formations Black comme Otargos mais aussi des formations plus groovy comme Yugal. Existe-t-il une manière différente d’aborder le studio selon les genres ?

Oui totalement ! Comprendre la musique d’Otargos et celle de Yugal n’est pas du tout la même chose. Les musiciens ne veulent pas la même chose et la musique ne demande pas le même traitement tout simplement !
Les étapes d’enregistrement restent les mêmes. Seule la façon de produire change.
Chaque nouveau groupe que je fais est un nouveau challenge à relever. Je n’ai pas de recettes que j’applique systématiquement. Je pars d’une feuille blanche même si j’ai mes techniques.

 
 11. Et comment se passe la prise de contact avec le groupe pour savoir si tu serais intéressé ou non de travailler avec eux ?

Depuis 20 ans que je traîne dans la scène Hexagonale je commence à connaître pas mal de monde. Du coup je connais le groupe avant même qu’il ne me contacte… Je m’intéresse énormément à ce qui se passe dans notre pays. Il y a des excellentes formations dans tous les styles qu’elles soient confirmées ou non. Parfois je contacte moi-même le groupe ayant accroché sur leur musique. Parfois c’est le groupe. J’écoute. Je regarde, j’observe. On parle et on se décide. Il faut que le courant passe… tout simplement !

12. Ton but à long terme avec le studio ?

J’aimerais en faire un lieu de vie pour les groupes du coin. Un studio d’enregistrement, des salles de répètes etc… Bref un Complexe dédié au rock où les groupes pourraient limite y vivre !
Pour moi le rock c’est une contre culture qui doit le rester. Monter une Communauté rock… c’est nourrir cette contre culture !

13. Y a-t-il des groupes avec qui tu rêves de travailler ?

Plein ! Mais la vraie question est de savoir si ces mêmes groupes seraient intéressés !

Merci à toi pour cette interview en espérant que mes longues réponses n’aient pas dissuadé les groupes de me contacter !

Rock Or Die !

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Interview : KhxS





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