"Witchcraft Destroys Minds and Rapes Souls" : aux origines du satanisme dans la musique Heavy



COVEN - "Witchcraft Destroys minds and Reap Souls" (1969)


"L.S.D, Woodstock et Flower Power"


Les années 60 ont été marquées aux Etats Unis et un peu partout dans le monde par l'essor du mouvement hippie, né entre autres d'une opposition de la génération baby boom d'après-guerre à celle du Viet-Nam ou les USA sont impliqués. Ce mouvement émergent va marquer la culture populaire mondiale par ses nombreux artistes engagés tels que John Lennon avec sa chanson fédératrice "Imagine", The Doors ou encore Jimi Hendrix. Avec des textes rejetant toute forme d'autorité, luttant contre la société de consommation, le mouvement hippie se revendique ouvertement pacifiste. C'est dans ce flot incessant de peace and love et de zenitude que voit se former fin des années 60, un groupe pour le moins inattendu.


"Tout sauf Peace and Love"

Se détachant de tout ce flot de zenitude et d'amour de son prochain va naître à Chicago à la fin des sixties, un groupe qui, malgré lui, va laisser un héritage majeur dans la scène Heavy/Rock'and'Roll, Underground des décennies à venir. La belle Jinx Dawson, Oz Osborne le bassiste (non, non aucun lien de parenté avez notre bon vieux Ozzy, vous verrez par la suite) et le percussionniste Steve Ross forment Coven. Le groupe va signer pour un premier album "Witchcraft Destroys Souls and Reap Souls" en 1969 chez Mercury Records, gardant dans sa musique les influences psychédéliques de l'époque, ils vont pour la première fois de l'histoire de la musique moderne introduire dans leur concept des thèmes et un visuel occultes et sataniques.




"I Deny God"


Coven est l'un des premiers, si ce n'est le premier groupe se revandiquant ouvertement satanique dans l'histoire de la musique. Toujours dans la veine rock progressif/psychédélique, ils développent une attitude et une imagerie tirées des sciences occultes, ce qui leur vaudra d'ailleurs bon nombre d'annulations, de boycott et de blacklistage de leur album et tournées un peu partout aux Etats-Unis. Le groupe ne revendique en revanche aucune affiliation avec l'église satanique de Anton LaVey.Voici une pub radio pour "Witchcraft Destroys Minds and Reap Souls" datant de 1969 :

La particularité de Coven outre son imagerie choquante réside dans la voix et la prestance de la frontwoman Jinx Dawson. Cette blonde dont le temps ne semble maintenant encore n'avoir aucune emprise sur son âge et son corps comme si elle avait vraiment pactisé avec le diable, a été bercée dès son plus jeune âge dans les sciences occultes.





La demoiselle envoûte l'assemblée autant visuellement qu' auditivement, poussant des cris endiablés, possédés et parfois même terrifiants. L'autre particularité de "Witchcraft Destroys Minds and Reap Souls" réside dans sa dernière piste 'Satanic Mass' , une authentique messe noire longue de quinze minutes également interprétée sur scène de manière rituelle, poussant la représentation jusqu'au roadie apprêté en Jesus Christ crucifié et descendant de son piédestal pour inverser la croix.



 La seule captation live de Coven disponible

Des toges, un autel couvert de bougies et de crânes humain, tout est mis en oeuvre pour choquer cette Amérique traditionnelle et ultra conservatrice :




Le groupe, en 1969, serait également le premier à avoir introduit le "goat horns". Mais si, vous savez! le signe de ralliement des metalleux du monde entier qui consiste à lever l'index et l'auriculaire vers le ciel, un signe que vous pouvez aperçevoir au dos de la pochette de l'album, en en-tête de cet article. 


"Et si Black Sabbath n'avait rien inventé?"


Et c'est là que la polémique et les spéculations entrent en jeu. Re-situons le contexte. Formé quelques années auparavant Coven sort en 1969 "Witchcraft Destroys Minds and Reap Souls" , dont le bassiste se nomme Oz Osborne et dont le titre d'ouverture s'intitule ... 'Black Sabbath'. Quelques années plus tard, un petit groupe de Heavy Metal de la banlieue de Birmingham inconnu des radars signe pour l'enregistrement d'un premier album chez Vertigo (succursale Anglaise de Mercury US). Ils décident de prendre pour nom de scène Black Sabbath, après que leur nom initial Earth ne soit pas disponible,. Il est dit qu'ils auraient puisé leur nom d'un vieux film d'épouvante de 1963. Fascinés par le fait que des masses de gens payent pour avoir peur, ils auraient été poussés à écrire une musique effrayante et sombre, plus que jamais fait auparavant. L'album "Black Sabbath" sort en 1970, année du départ de Coven de Mercury. Ronnie James Dio, qui quand à lui aurait popularisé le "mano Cornita" (de sa mamie sicilienne), n'est arrivé dans Black Sabbath qu'en 1979.


"L' imitation est la plus grande des flatteries" (Jinx Dawson)


À l'heure ou internet n'était pas du tout popularisé, les secrets pouvaient encore être bien gardés, bien que la qualité de l'oeuvre et l'héritage laissés pas Black Sabbath dans le monde et dans la musique underground ne soient en aucun doute remis en question. Il semble néanmoins indéniable que Coven ait influencé ( jusqu'à quel point, nous ne le saurons jamais) la musique des Anglais. Les spéculations vont bon vent et bien que Black Sabbath ait toujours renié les influences de Coven et revendiqué l'apparition de cornes du diable dans la culture rock and roll, les deux groupes se connaissaient et on eu l'occasion de tourner ensemble et notamment à Memphis en 1970.

Cependant, Iommi "découvre" Coven en 1986 et jure ne jamais en avoir entendu parler :





"Hail Satan et Horns Up"

Après la rupture avec Mercury en 1970, le groupe se fera plus discret. Jinx Dawson aposera sa voix sur la BO du film "Billy Jack" sorti en 1972. S'en suivra la même année l'enregistrement d'un album éponyme chez MGM.





 Deux ans plus tard en 1974, sortira "Blood on the snow" suivi de l'assez récent "Jinx" paru en 2013. 47 ans après la sortie se "Witchcraft Destroys Minds ans Reap Souls", Coven continue d'inspirer des groupes de Doom/Psychédélique tant par leur visuel décalé et occulte que par les qualités vocales de Miss. Dawson. Citons des groupes à frontwomen telles que Jess and the Ancient Ones, Purson, ainsi que les représentation scéniques et la ressemblance frappante de la chanteuse des allemands de Lucifer. A l'époque ou des groupes comme Alice Cooper, Kiss et même Black Sabbath jouaient davantage le jeu de Halloween que de l'occulte originel, Coven a su jouer la carte du culte de la main gauche et du dérangeant laissant une marque indéniable dans le paysage heavy metal et Rock and Roll mondial.

Je vous laisse avec cette conclusion qui clôturait toutes les célébrations de Coven lors de leurs tournées : "Ave Avas Satanas, Lilith Vade Retro Pan Deus Maledictus est Gloria Tibi - Do what Thou wilt shall be the whole of the law - So Mote it Be -"

Chaosophia


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