Chronique | Dagoba - Face The Colossus (2009)


Dagoba - Face The Colossus (album, 2009)

Tracklist

01 - Abyssal      00:49
02 - Face the Colossus     04:54
03 - Back from Life     04:25
04 - Somebody Died Tonight     05:55
05 - The World in Between    06:09
06 - Transylvania     01:37
07 - Orphan of You     06:09
08 - The Nightfall and All Its Mistakes     05:44
09 - Silence #3     04:17
10 - The Crash     06:54
11 - Sudden Death     03:46

Extrait



__________________________________

Souvent comparés à leurs confrères de Gojira sans que la raison n'ait compris pourquoi, les deux n'ayant fondamentalement pas grand chose en commun, les français de Dagoba se sont imposés comme un représentant plutôt manifeste à l'international sans pour autant être adulés ou décriés outre mesure. Jusqu'à leur album « Poseidon », certains puristes de l’hexagone reprochent au groupe leur trop grande frivolité, le groupe ayant quelque peu du mal à s'ancrer véritablement dans un genre en particulier, leur mixage signature leur offrant le bénéfice du doute entre Death, Groove et Industrial. Le troisième album est un concentré des forces et des faiblesses de Dagoba, un résumé référent pour approcher le procédé créatif du groupe et analyser en profondeur ce qui peut plaire et déplaire à un auditeur non averti, ou trop habitué à un ancrage immédiat dans un univers musical déjà prédéfini.


Étrange album que ce « Face The Colossus ». De la même manière qu'un enfant surexcité, Dagoba fait se survoler plusieurs phases distinctes revenant sans cesse à l'intérieur des titres. L'album entier est une suite de contentements et de revers contraignants. Au sein d'un morceau, on vogue entre un Death bourrin et assumé ainsi qu'une batterie qui pilonne et des moments sonnant comme des erreurs de composition, le chant change radicalement et la synergie entre les instruments s'amenuise. Un phénomène observable sur plusieurs titres (« Back from life », « Somebody Died Tonight ») . On passe d'un travail de batterie très bien interprété, d'un chant brutal tenant la longueur et de guitares rythmées et groovy à un effet beaucoup plus « pop ». Le growl se transforme en clean bien moins maîtrise, frôlant l'erreur de ton, les guitares perdent leur impact sauvage, l'influence de la batterie se voit remplacée par quelques notes de synthé à la manière du mec timide en soirée qui prend son courage à deux mains pour exécuter trois pauvres pas de danse maladroits.

Un album étrange oui, car il semblerait que Dagoba approche la composition de son album de deux manières différentes, ce qui abouti à une dualité presque incompréhensible. Le basculement de dynamique évoqué dans le paragraphe précédent n'est à imputer qu'à quelques morceaux. Ceux restant se voient attribuer un traitement inverse, l'aspect Death s'accentuant à mesure que le titre progresse. Ainsi, « Sudden Death », « Crash », "The Nightfall and All It's Mistakes" et « Orphan of You » se démarquent des morceaux déjà évoqués, la violence mortelle du chant et des grosses caisses dominant l'entièreté du champ musical. Un déferlement orageux et un régal pour les esgourdes.
Cette décision de créer une alternance d'ambiance peut donc paraître comme assez étrange, déconcertant l'avis à chaud que l'on pourrait avoir après une première écoute, ne sachant vraiment où le groupe a voulu se diriger.

Sans compter la patte de Dagoba, « Face The Colossus » se dote de quelques influences, marquées ou non sur certains titres. « World in Between » et son lointain arrière-goût de Ommph! période 2005-2006, « Silence #3 » et son faux plagiat de Stone Sour à leurs débuts, « Sudden Death » et son curieux aspect divinatoire du déhanchement Modern Death des années 2010.

Un album bien réussi, un Death à la fois lourd et nerveux, pimenté d'étranges pics de cleans brisant la teneur établie des débuts de certains morceaux. En définitive, on en retient l'approche plus Death/Groove ou plus Post-Industrial / Alternative, selon les préférences de chacun, mais il est certain que les morceaux compris dans l'un ne peuvent que décevoir les amateurs de l'autre.

Kalhan
_________________________________







Commentaires