Interview | Amduscias (Temple of Baal), novembre 2015



Il y a des groupes comme ça, dès le début de leur carrière, on sent qu’il y a un potentiel. C'est le cas avec Temple of Baal, qui, à la sortie de son premier album Servants of the Beast en 2003, avait déjà fait forte impression dans la scène Black Metal. Depuis ce premier blasphème, le groupe n’a cessé de grandir, album après album, étape par étape, offrant à chaque nouveau palier une musique de plus en plus personnelle, délaissant le raw Black de leur début afin de nous offrir une musique  immédiatement identifiable, ce qui est la marque des grands. Et justement, pour la sortie de leur tout nouvel opus « Mysterium », je me suis entretenu avec le leader du Temple, Amduscias.



1. Temple of Baal est une formation de Black Metal créée en 1998 en région parisienne. Le groupe en est actuellement à son cinquième album. Quand tu as débuté Temple pensais-tu que tu arriverais si loin ? Et d’ailleurs, à cette époque quels étaient tes objectifs ?

Amduscias : J'ai toujours su que Temple Of Baal allait durer, depuis le début du groupe. Sa création a été une expérience particulière, pleine de sens, un événement à la fois musical, occulte et profondément personnel, qui n'avait rien d'anodin. C'est un sacerdoce, c'est une tâche sacrée, la réponse à un appel, comme un prêtre répond à sa vocation, la manifestation d'une expérience mystique qui je dois bien le dire est inexprimable autrement que par la musique. Les mots n'y suffisent pas. Quant à mes objectifs, à nos objectifs, à l'époque, ils étaient finalement assez simples. Nous avions pour but de redonner au Black Metal son véritable aspect, à tous les points de vue. Il faut savoir qu'à cette époque, un grand nombre de groupes tournaient le dos aux principes du Black Metal tel que nous le connaissions, et adoucissaient leur propos musical et conceptuels, sacrifiant l'essence du Black Metal sur l'autel du commerce, ce qui nous apparaissait comme inacceptable. Une partie d'entre eux tournaient même le dos au Satanisme et à l'Occulte, qui sont pour nous absolument indissociables du Black Metal. Nous avions donc pour but de remettre les choses à leur place, mais en toute humilité. Nous avons commencé par sortir une rehearsal à la pochette photocopiée la plus simple et directe qui soit, avec un son... Rehearsal, une esthétique 100% Black Metal underground... Et elle a été très bien reçue par l'Underground. Nous nous trouvions, sans même nous en apercevoir à l'origine, au coeur d'un mouvement de groupes qui avaient décidé, tout comme nous, de reprendre les choses en main. Un certain nombre de groupes formés vers 1997-98, dégoûtés par les dérives de la scène. Mais nous ne savions pas vraiment où nous allions, à vrai dire, ce qui nous animait était la pure passion pour le Black Metal originel... La sortie de la démo chez Chanteloup Créations a continué à répandre le nom du groupe, quant à sortir un album, plus qu'un objectif, c'était un véritable rêve ! J'avais grandi avec la scène Metal des années 90, des années pendant lesquelles il était tout à fait impossible à un groupe français de franchir ce pas, à part par le biais de l'autoproduction, et c'est bel et bien le Black Metal qui a permis un véritable changement de regard par rapport à la scène française ! Mütiilation, Blut Aus Nord, Antaeus, ont sorti des albums, on se disait alors que c'était peut être possible, mais cela restait exceptionnel ! Quand Cut Your Flesh And Worship Satan est sorti, c'était incroyable, un groupe français qui sortait un disque, qui plus est de notre entourage, c'était un véritable événement. Je te raconte tout ça pour remettre les choses dans leur contexte. Aujourd'hui, il est très facile de sortir un disque, le fait d'être français n'est plus du tout un obstacle. En 1998, ça l'était encore d'une certaine manière. Les "objectifs" ne pouvaient donc qu'être tout à fait différents par rapport à aujourd'hui et je pense avoir gardé cet état d'esprit. Pour moi, sortir un disque, ça reste une chose exceptionnelle, alors avoir sorti 5 disques et fait tout ce qu'on a fait... C'est dingue, et en même temps, étant donné la puissance de la foi qui anime ce groupe depuis sa création je trouve normal que Temple Of Baal ne se soit pas consumé en deux ans comme beaucoup de groupes-feux-de-paille


2. Qu’est ce qui t’a poussé à créer cette bête qu’est devenu Temple of Baal ? Penses-tu que la création d’un groupe à cette époque était différente de celle de nos jours, entre le talent, la motivation, l’intégrité etc... ? Et te souviens-tu du jour où tu as trouvé ce nom Temple, le pourquoi du comment ?


Je ne pense pas que la création d'un groupe soit différente entre hier et aujourd'hui. C'est une affaire de passionnés, à moins que ça ne réponde à des impératifs commerciaux comme ces groupes "all star" montés par des maisons de disques... Pour la plupart des musiciens, heureusement, c'est la passion qui reste à l'origine de la musique ! C'est donc bel et bien la passion qui est à l'origine de Temple Of Baal, une passion dévorante pour le Black Metal, et l'envie irrépressible de présenter notre vision de la chose. Le talent est présent à des degrés divers et dans des domaines divers selon les groupes. La motivation, à l'origine, est toujours présente, on peut la perdre, cela arrive, c'est arrivé à des musiciens de Temple Of Baal et c'est normal. Tout n'est pas un rêve dans la vie de musicien, si tu n'es pas un peu perché et que tu ouvres les yeux, c'est très facile de se demander d'un seul coup pourquoi tu as roulé 500 kilomètres pour jouer devant 50 personnes ! Personnellement je pense encore être assez cinglé et en dehors des réalités pour ça mais en effet, disons que la motivation peut être fluctuante, c'est humain. L'intégrité, si elle n'est pas là, vient un moment où cela se voit, où les masques tombent, et la chute peut être dure. Et encore, de quoi parle-t-on... Vaste concept que celui d'intégrité à mon avis. Mais ce sont des constantes je pense, à moins encore une fois que l'on ne parle de musique commerciale, ce qui n'a rien à voir avec nous, ni avec un groupe qui se formerait aujourd'hui.

Comme je te l'expliquais, ce qui m'a poussé à former le groupe est cette passion, ce besoin de prendre la parole dans le contexte du Black Metal, pour en présenter ma vision. Il se passait quelque chose, et j'avais quelque chose à dire, quelque chose de fort, de profond, de puissant. C'était ce besoin impérieux d'imposer le Black Metal comme musique religieuse, et de réaffirmer cette importance de l'occulte, du chemin de la main gauche, le Black Metal comme une musique d'essence sataniste et luciférienne. La création du groupe, le nom du groupe, l'écriture des deux premiers morceaux, l'enregistrement des maquettes de ces deux premiers morceaux, tout cela a eu lieu en une nuit et un jour. Ca a été extrêmement rapide. J'ai senti une présence, un appel, et j'ai su que j'allais former un groupe de Black Metal, que celui ci s'appellerait Temple Of Baal, et qu'il serait le groupe de ma vie.



3. Depuis cette époque et vos premières demos, du temps a passé, et le groupe est toujours là, plus fort que jamais. Peu de changements de line up, une régularité à toute épreuve, des dates un peu partout… Comment expliques-tu cette stabilité et ce succès ?


Je ne pense pas qu'on puisse parler de succès, tout est relatif. Nous ne faisons que peu de concerts par rapport à d'autres. Bon, nous faisons pas mal de bons concerts, il est vrai. Je ne me plains pas. Quant à la stabilité, nous avons connu des changements de line up mais c'est vrai qu'ils se sont fait petit à petit, chaque musicien est resté assez longtemps dans le groupe. Je pense que si le groupe est encore là, c'est parce que dès le début, il était fort, non pas en terme commercial mais en terme de convictions. L'expérience de sa fondation, que j'évoquais précédemment, avait été d'une telle force, d'une telle violence psychologique, qu'il ne pouvait pas s'agir d'un groupe de plus. J'ai vu pas mal de groupes naitre, sortir un disque, avoir du succès parfois de façon assez phénoménale, puis disparaitre, en deux, trois ans. Temple of Baal dure quant à lui depuis bien longtemps et je pense sincèrement que c'est tout simplement parce que j'ai cette foi, que je comparerais aisément à celle d'un religieux qui renonce à tout pour entrer dans le clergé. Son geste est incompréhensible pour toi et moi, mais lui y trouve un sens, qu'il ne peut souvent pas vraiment expliquer non plus. Pour moi c'est du même ordre.

4. Depuis Satanas Lux Solis, le groupe a évolué, grandi même, les textes sont devenus au fil du temps plus personnels et plus poussés, tout comme l’imagerie et la musique évoluant étape par étape afin de nous offrir une vision plus mature de leur art. Comment décrirais-tu le cheminement idéologique du groupe depuis ses débuts, et jusqu’où comptes-tu pousser le concept du Temple de Baal ?


Le cheminement idéologique n'a pas bougé d'un iota. Il s'agit de faire du Black Metal. Donc un art religieux, marqué par un seul but : la glorification du Démon, la célébration du Diable, l'exaltation de Lucifer, l'affirmation de Satan. Certes, au fil des textes, on peut noter une perception de plus en plus fine et précise, même si chacun en aura forcément une interprétation différente étant donné que ce chemin spirituel présente l'avantage de n'être pas figé dans des règles dictées par un gourou et consignées dans un livre. Les paroles de Temple Of Baal ne font que refléter son chemin initiatique au long des expériences qui lui sont offertes par la vie, par les rencontres, par les lectures. Ce n'est même pas un concept, c'est une part de moi. Jusqu'où cela ira, je n'en ai aucune idée. Je suivrai ce chemin jusqu'à ce que je ne puisse plus le suivre, ou que je parvienne à son aboutissement, quel qu'il soit.









5. Sur « Mysterium », la première chose qui m’a marqué c’est la batterie, tant par le jeu que par le son qu’elle dégage. Ça fait plaisir d’enfin retrouver un son organique, grâce au jeu de Skvm mais aussi grâce au travail effectué en studio. Le travail sur celle-ci est juste admirable. Ca fait plusieurs fois que vous passez chez Andrew Guillotin pour l’enregistrement, est-ce devenu votre seconde maison ? Qu’attends-tu du travail d’un ingé son d’ailleurs, guide passif ou acteur ?

Notre seconde maison c'est beaucoup dire, disons qu'Andrew connait très bien le groupe pour l'accompagner depuis plusieurs années dans ses aventures discographiques, que nous nous apprécions beaucoup humainement et qu'il sait comment nous voulons sonner. A savoir, authentiques, sans artifices ! Ce que j'attends d'un ingé son, c'est qu'il écoute le groupe, qu'il fasse ce que je lui demande, en y apportant son professionnalisme et son savoir faire. Je ne veux pas d'un ingé son qui cherche à imposer ses idées, à mettre coute que coute sa personnalité sur un enregistrement. Par exemple, pour la batterie, je suis contre l'idée de trigger, je suis contre l'idée de rajouter des samples pour grossir le son et accentuer l'attaque. Je le tolère pour la grosse caisse car j'aime avoir un son de grosse caisse précis et perceptible, mais c'est tout, et encore, il faut qu'il soit le plus proche possible de l'instrument acoustique. Nous avons, à l'époque de Lightslaying Rituals, travaillé avec des triggers et des simulateurs d'ampli, par manque de temps et de budget : ce fut à mon avis une erreur. A partir de Verses Of Fire, nous sommes revenus au son brut de l'ampli à lampes et d'une batterie acoustique. Nous avons poursuivi dans cette direction sur Mysterium, et comme tu l'as bien remarqué, la différence est flagrante ! Il faut savoir qu'Andrew avait, à l'époque, fait un premier mix de Verses Of Fire en triggant la batterie, car il en avait tout simplement l'habitude : Nous l'avions forcé à l'époque à retirer les triggs et à travailler le son acoustique, et il a bien fini par admettre que nous avions raison ! Je suis de la vieille école. J'aime les albums de Black Metal du début des années 90. Rien n'était recalé, rien n'était triggé, les amplis sonnaient même parfois vraiment n'importe comment, mais cela marchait et ces enregistrements sonnent tellement plus authentiques que tous les machins qui sortent aujourd'hui, avec leurs batteries samplées, leurs recalages, leurs productions aseptisées... Je rêve d'enregistrer un disque à l'ancienne, avec les rythmiques live, sur des putains de bandes magnétiques, comme au début du groupe 

6. Avec le temps, ton travail de composition a évolué, tant dans la musique que dans les textes, ce qui au fur et à mesure a permis de créer des pistes de plus en plus longues offrant la possibilité à chaque musique de pouvoir exprimer son propre univers. Ce processus est venu instinctivement, ou est-ce que tu as du retravailler ta manière de composer afin d’offrir à Temple la possibilité de s’exprimer de manière plus libre ? Comment s’est déroulée la genèse de l’album ?

En fait nous n'avons rien retravaillé du tout. Nous savions juste que cet album renfermerait des morceaux plus longs et plus atmosphériques de par son titre, "Mysterium", qui n'appelait pas à la brutalité et à la concision. Ensuite, la composition se déroule toujours de manière instinctive même si évidemment je pense que pour faire des morceaux longs, il faut déjà en avoir écouté et avoir compris la démarche compositionnelle. A ce titre, j'aime beaucoup le Rock progressif des années 70, des albums comme Close To The Edge ou Relayer de Yes... Même si nous en sommes très loin ! Et il faut bien dire que les morceaux longs ont toujours été une chose récurrente dans l'histoire du Black Metal et de tout ce qui gravite autour... Si tu prends des albums comme Hvis Lyset Tar Oss (Burzum), ou Vikingligr Veldi (Enslaved), tu trouves déjà cette composante, dans la forme la plus simple qui soit à savoir la répétition d'un riff pendant de longues minutes, parfois même tel quel, sans variations d'arrangements. C'est l'une des choses qui m'ont accroché au Black Metal. D'ailleurs mon premier contact avec le BM des années 90 a été Kathaarian Life Code de Darkthrone, un morceau long, comme par hasard. Quant à la genèse de l'album elle s'est déroulée comme cela se passe souvent avec Temple Of Baal, des maquettes que nous avons faites dans nos home studios puis retravaillées en répétition ou même en s'échangeant les prédémos entre guitaristes, parfois en changeant pas mal de choses, je pense à All In Your Name par exemple. Mais l'inspiration était vraiment présente. Le travail de composition a été somme toute assez rapide.



7. « Hosanna », « Black Redeeming Flame », « Lord of Knowledge and Death » sont je pense les titres phares de l’album. Ce sont ceux qui offrent les personnalités les plus abouties dans les titres que vous proposez sur « Mysterium », et justement ce sont des pistes avec une durée conséquente et taillées pour la scène. Quand tu composes, penses-tu au fait que la musique que tu écris va finir sur scène ? Et n’est-ce pas trop de contrainte de placer dans une setlist des titres qui dépassent les 6 min ?


On pense toujours, depuis le début du groupe, à ce que donnera un morceau sur scène. La scène fait partie de Temple Of Baal, c'est l'une de nos raisons d'être. A ce titre, même lorsque les morceaux sont longs, nous cherchons toujours à éviter la monotonie. Et oui, il est de plus en plus difficile de choisir des morceaux pour un set ! Rien qu'avec nos cinq albums studios cela devient compliqué. C'est pourquoi nous essayons en général d'avoir des sets d'une heure. Evidemment ce n'est pas toujours possible alors il faut faire des compromis. Imagine une set list comprenant un morceau de Mysterium, Walls Of Fire et Arcana Silentium de Verses Of Fire. On dépasse déjà les 25 minutes en trois morceaux! 



8. Mon idéologie personnelle me fait penser que les forces obscures ne nous soumettent pas mais au contraire nous libèrent de notre enclave morale humaine. C'est ce que je retrouve en grande partie dans vos textes. Quel est ton approche vis-à-vis de ce point de vue ?


C'est également ce que je pense. Je vois les dieux des religions conventionnels comme des dictateurs. Il suffit de voir l'interprétation que font leurs dévots des écritures. Les religions de la main droite ne sont qu'obscurantisme, tyrannie, fascisme religieux, et vont à l'encontre du progrès. Les scientifiques de l'Histoire brûlés pour hérésie peuvent en témoigner de même que les femmes violées lapidées pour adultère encore aujourd’hui…



9. Comment se passe l’écriture des textes d’ailleurs ? Dois-tu te retrouver dans des conditions particulières ou bien la vie de tous les jours t‘inspire continuellement ? Sachant que de moins en moins de gens passent du temps à lire les paroles de nos jours, tu ne trouves pas frustrant que les fans  s’éloignent de cet aspect de la musique ?
Je vois cet instant comme une prise en dictée, souvent lors du premier jet je ne réfléchis pas. Il m'est impossible de me dire "ok, aujourd'hui j'écris un texte", cela ne marche pas et conduit systématiquement à de la merde, même chose pour la musique. L'inspiration vient et elle doit être entretenue par une sorte de mise en condition, un processus méditatif afin de canaliser les énergies. Il arrive que l'inspiration provienne de lectures évidemment. La lecture de certains textes occultes est stimulante, c'est un fait, qu'ils viennent de Crowley ou d'un autre auteur... Il m'arrive même de lire la Bible ! Certains passages sont absolument merveilleux si on les lit du point de vue qui est le mien ! Certains psaumes sont remplis de dévotion et donc intéressants, d'autres passages, particulièrement dans l'Ancien Testament souligne l'absurdité profonde des lois de cette religion... C'est parfois lourd bien sûr, mais il est bon de savoir exactement ce à quoi on s'oppose, me semble-t-il !   
10. Le titre « Dictum Ignis » a été une réelle surprise, si je ne m’abuse, c’est la première fois que T.O.B utilise ce genre de piste ambiante, ce qui apporte une atmosphère encore plus lourde à cet album. D’où t'est venue cette idée et où as-tu puisé ton inspiration pour celle-ci ?


Je voulais renforcer encore le côté atmosphérique et rituel de la musique de Temple Of Baal. J'ai toujours adoré ce genre de choses à condition de ne pas en abuser, Morbid Angel du temps de sa gloire faisait des merveilles en se prêtant à cet exercice, je ne pourrai pas nier que cela m'a influencé bien sûr. J'adore aussi des artistes comme Endvra, Coph Nia, Desiderii Marginis, In Slaughter Natives... Evidemment pas question de faire un copier coller mais ces artistes ont forcément contribué à m'influencer. 


11. Cet album reste à mes yeux l’opus le plus abouti du groupe, notamment grâce à ce travail sur les compos, on ressent un tas d’influences notamment Old School, par ces riffs Thrash et heavy (notamment sur « All in Your Name » et «  Divine Scythe »). Ils apportent une énergie supplémentaire justement à la musique du groupe. Que représentent pour toi ces styles qui sont bien souvent mésestimés voire décriés ?


Il faut vraiment être un crétin pour décrier le Thrash et le Heavy Metal. Pas seulement parce que ces styles sont "à la base" de ce qu'on fait maintenant, mais tout simplement parce qu'ils sont géniaux. J'ai commencé le Metal en écoutant ça, et j'écoutais du Rock et du Hard Rock auparavant. Je n'ai jamais renié tous ces styles musicaux, j'ai vu des gens tirer un trait sur ces styles dès qu'ils en rencontraient un nouveau plus extrême, pour moi c'est crétin. Ces styles font partie de mon vocabulaire musical, ils l'enrichissent. De même que les solos de guitare qui viennent justement de là. Ca peut paraitre "daté" à certains mais je m'en fous. Un riff Thrash placé dans un morceau donne une énergie que les autres styles plus extrêmes n'ont pas. Un riff Heavy va accrocher le public. Un solo de guitare est une expression de l'indicible, il transcende les mots. Ceux qui ne comprennent pas ça ont juste un cerveau trop limité, c'est dommage pour eux.


12. Il y a un point que je tenais à souligner, c’est le travail effectué sur la cover, que je trouve sublime, elle est l’œuvre de David Fitt et de Maria des studios « AAAAA Atelier », qui étaient aussi responsables de la cover du précédent album, mais qui là ont poussé la magie encore plus loin. J’ai l’impression que vous avez trouvé les artistes qui ont su retranscrire l’art de Temple en image. Comment s’est déroulée la genèse de cette œuvre ?





David et Maria ne font pas partie de AAAAA Atelier. Ce sont deux artistes qui travaillent ensemble, de la même manière que Léo et Marie de AAAAA Atelier. Ces quatre personnes sont des gens que nous connaissons depuis longtemps, des amis, cela nous paraissait naturel de travailler avec eux, dont nous apprécions le travail, plutôt qu'avec un artiste à l'autre bout de la planète, certes talentueux mais également moins facile à joindre. David, lui, souhaite travailler avec nous depuis de nombreuses années et nous avons souvent été amené à discuter de l'univers visuel de Temple Of Baal. En effet, ce que lui et Maria ont accompli est excellent et correspond tout à fait à ce que je veux exprimer via Temple Of Baal. Nous avons fourni à David et Maria les maquettes des morceaux, ainsi que les paroles, pour qu'ils s'en imprègnent et que cela guide leur inspiration. Puis, de longues discussions via internet ont permis de faire la lumière sur ce que nous avions en tête. Ils ont réalisé plusieurs ébauches pour parvenir au résultat final, que je trouve vraiment excellent.   



13. Il semblerait que sur chaque album vous ayez un invité au chant, c’est devenu comme un rituel pour vous non ? 


Non. C'est la première fois depuis longtemps que nous invitons un musicien externe à enregistrer. La dernière fois, c'était Erik Danielsson de Watain, avec qui nous avions enregistré la reprise de Woman Of Dark Desires de Bathory vers 2000. Certains musiciens que nous apprécions ont par contre écrit des paroles pour Temple Of Baal au long de son histoire : MKM d'Antaeus/Aosoth, Erik de Watain, Infestuus de Glorior Belli... Mais ils ne les ont pas chantées sur disque. Georges de Drowning/Eibon nous accompagne souvent sur la route et nous apprécions ses groupes, sa voix, sa mentalité. Cela nous faisait donc plaisir de lui faire placer ses quelques lignes, et son timbre diffère un peu du mien. 



14. Et c’est la première fois qu’entre deux albums ne parait aucun split ou EP, ce qui m’a surpris à vrai dire. À quoi devons-nous cet état de fait ? Aucune opportunité ne s’est offerte à vous ?


Oh si, j'ai reçu pas mal de propositions de la part de groupes dont je n'avais rien à foutre. Cela ne m'intéresse pas. Je veux sortir un disque avec un groupe dont je me sens proche, et cela n'est pas une priorité non plus. Si nous avons envie de le faire nous contacterons nous-mêmes un groupe à mon avis. Pas la peine de me proposer votre groupe de Black Metal pourri que je n'écouterai jamais.



15. J’ai pu noter que sur le vinyle, il y a une piste exclusive, une reprise de Bathory, «  The Golden Walls of Heaven ». Je rappelle que ce titre provient de Blood Fire Death : là où d’autres choisissent généralement la période Black du groupe, vous avez choisi la période viking, pourquoi ce choix ? 

Blood Fire Death est vraiment un album à mi chemin. Certains titres sont encore axés Black Metal et c'est le cas de The Golden Walls Of Heaven. A vrai dire, c'est Skvm qui a tenu à ce que nous jouions ce morceau plutôt qu'un autre. Personnellement cela me convenait, même si le chant n'est pas facile à placer, et encore moins en live ! 





16. À quoi devons-nous nous attendre pour cette fin d’année et début 2016 de la part de Temple of Baal ? Et je te laisserai conclure cet entretien à travers cette question.



Nous sommes en train de préparer des concerts, certaines choses se négocient à l'heure actuelle, nous nous concentrons d'ailleurs sur les concerts en dehors de France car il m'apparait vraiment important de continuer à donner un rayonnement international à Temple Of Baal. Nous jouerons également en France bien sûr, certaines dates sont en discussion, mais évidemment il m'est impossible de t'en dire davantage tant que tout n'est pas officialisé. Pour le moment les dates annoncées sont  le 10 Décembre à Paris, La Boule Noire, avec Vortex Of End et Ritualization, et le 23 Janvier à Oberhausen en Allemagne avec Acherontas, Paria, Dysangelium et Shibalbla.


Merci à toi pour cette interview et à bientôt en live, vous pouvez suivre Temple Of Baal sur Facebook ou Twitter


Merci pour le temps accordé à Scholomance.


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