Death, Pierce Me (2001)
Tracklist
01 - Death - Pierce Me 10:33
02 - Sterile Nails and Thunderbowels 06:19
03 - Taklamakan 08:35
04 - The Slow Kill in the Cold 11:37
05 - I Shall Lead, You Shall Follow 08:50
06 - Feeble Are You - Sons of Sion 03:03
Extrait
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Nyctophilia in mortem
Silencer, un nom qui évoque l'époque obscure de ce début de siècle pour le milieu Black Metal. Un groupe qui restera dans les mémoires grâce à l'atmosphère particulièrement malsaine de son album, elle-même caractérisée par son chanteur, une pauvre hère à la limite du déséquilibre mental. Un seul album, mais il n'en faudra pas plus à Silencer pour devenir un socle théorique fondamental pour tous les groupes de DSBM qui ont suivi les années suivantes. Le regard rivé dans le miroir, ricochant sur toutes ces réflexions cadavériques convoitant un dégoût presque passionnel.
Tous les morceaux de "Death, Pierce Me" respirent la souffrance, le mal-être de se retrouver à respirer le même air que les autres êtres vivants qui peuplent la planète, des odes purificatrices où se mélangent la douceur antithétique d'une peau marquée par le chagrin et la disgrâce au lendemain du péché. La musique de Silencer est ce qui se rapproche le plus du dérèglement, de l'abandon de toute forme de libération. Une sombre intensité reflétée par la répétition sans relâche des mêmes notes de guitares et frappes de cymbales. Peu importe le rythme pourvu qu'on ait le désespoir, à jamais une senteur putride psalmodiée à travers ces infinies mélodies uniformes. Le DSBM n'aura jamais aussi bien porté sa qualification de "voile pénétrant au-delà de la musique". La musique n'est qu'un prétexte pour aspirer à quelque chose de plus expressif encore, une pulsion première avant la disposition empathique. Avec Silencer, la sérénité prend un tout autre sens, tenant plus de la satisfaction morbide que du discernement austère.
Que ne serait Silencer sans la chose faisant office de chanteur, l'âme pourrie à l'intérieur de ce corps estropié fait de notes et de coups de couteau. Nattramn s'apparente plus du spectre larmoyant que du vocaliste lancinant. Ses hurlements labourent le champ de la raison, retournent la surface pour en révéler le versant névrosé. Nattramn vocifère, crie, se lamente, déchire les tympans en même temps que l'entendement. "Sterile Nails and Thunderbowels" et "I Shall Lead, You Shall Follow" méritent amplement leur titre de poèmes acérés garnis de crevasses creusées par la complainte d'une charogne se refusant la mort. Sur "The Slow Kill In The Cold", ces battements neutres accompagnant un braillement bâtard, une presque attestation de la nature galeuse de sa demie-vie. Le plongeon sans fin de Nattramn dans l'abysse de sa propre folie l'entraîne à formuler impulsivement, presque excessivement, l'amertume de son errance cauchemardesque. Les ongles courent sur sa chair écorchée à vif et ses plaintes glissent sur les parois de sa prison intérieure. Silencer atteint une toute autre sphère crasseuse, imbriquée de toute la tristesse et la désespérance d'un homme commandé par la mortalité.
Pas vraiment d'interprétation, ni de complaisance. Silencer est un constat ascétique, versé dans la folie de son commanditaire. Une réflexion individualisée sur la portée relative des choix de l'humanité, qui se dirige lentement mais sûrement vers une saturation de sa morale, destinée à devenir une ruine mortifère.
Une plaie béante d'où jaillit un sang noir.
Kalhan
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Silencer est fondé en 1995 à Stokholm par Leere (aussi connu sous le nom de Casado qui a évolué un temps dans le groupe de DSBM Shining) , à la base projet solo, Nattram rejoint la formation en 1998. C’est après la sortie de leur seul et unique album « Death - Pierce Me » en Octobre 2001 que le groupe se sépare. Selon les rumeurs, Nattram aurait été interné à l’hôpital Psychiatrique « Sankt Sigfrids » en Suède, et c’est donc suite à cet évènement que le groupe aurait décidé de mettre fin aux jours de Silencer.
« Death - Pierce Me » est un album de référence pour tous les adeptes du genre « Depressive Suicidal Black Metal » de par ses compositions mais également de par la réputation que s’est faite le leader du groupe, Nattram considéré comme l’un des plus gros fêlé de l’histoire du Metal Extrême. En effet on n’a jamais vraiment su dénouer le vrai du faux dans la légende entourant le groupe, mais il semblerait que Nattram se serait mutilé les mains durant l’enregistrement de « Death Pierce-Me » afin de faire ressentir à l’auditoire toute la douleur et la peine enfouie en lui à travers son chant le plus extrême.
Apres 1 minute 50 de musique à la guitare sèche à la douce mélodie, une voix à vous faire rire car forcément on ne s’attend pas à ça, elle se veut criarde, pour ne pas dire atroce et vient nous extirper d’un album qui s’annonçait si doux, et très prometteur.
Vous voulez de la finesse allez voir ailleurs, ici il n’y aura que de la haine, du dégout, de la peine, du tourment, du mal être et de la folie…
Les compositions musicales de Leere au-delà de cette ambiance malsaine, et glauque pourraient presque faire oublier la folie du bonhomme grâce à de nombreux passages acoustiques.
Et encore une fois, cette voix, comment fait-il, d’où la sort-il ?
Et ces lyrics, sincèrement que dire de ces textes dignes de l’écriture d’un enfant de CP?
Un « chant » à vous glacer le sang, comment peut-on faire ressentir autant de malaise dans un cri, pour nous sentir aussi mal à l’écoute d’une voix humaine… ces hurlements sont à vous en faire hérisser les poils de bras cette ambiance n’est pas dû qu’à ça, elle est agrémentée de pleurs, de vomissements, de toux, donnant à l’ensemble une atmosphère vraiment désagréable à l’écoute, provoquant de l’embarras chez l’auditeur.
Sterile Nails and the Thunderbowels, sur ce titre, Nattram adopte un chant qui aurait parfaitement convenu à l’ensemble de l’album, des growls collant parfaitement au climat de l’album, mais par la suite son chant strident nous rappelle le côté dérangé de l’artiste, l’aliénation et la démence sont poussées à leur paroxysme. Voilà que Nattram parle seul comme si il se trouvait au sein d’une cellule capitonnée… dire qu’on adule Kvarforth pour son côté dérangé, à côté de Nattram il passe clairement pour un enfant de chœur.
Musicalement on reconnait bien la patte suédoise (craft) les guitares rythmées Black’n’Roll.
Et je maintiens musicalement que cet album est vraiment très bon, le groupe crée une atmosphère douce, apaisante et même parfois entraînante.
Silencer est un groupe « Mort-né » qui ne laissera pour sa postérité qu’un album qui aura su marquer les esprits en bien ou en mal, mais qui ne peut laisser aucun auditeur indifférent.
Chaosophia
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