Norot - Nathrach (2015)
Tracklist
01 - The Old Serpent 01:20
02 - Lightbearer 06:39
03 - The Dreaming Maelstrom 05:00
04 - Haunted Sleep 04:23
05 - Vast and Luminous 02:36
06 - The End of all Things 04:58
07 - The Howling Void 06:27
08 - Her Woven Abyss 03:34
09 - A Bitter Harvest 03:35
10 - Lunar Acendant 07:17
11 - Serpent of Fire 10:24
Extrait
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"Life? an impeccable machine, exact
He paces an inane and pointless path
To glut brute appetites, his sole content
How tedious were he fit to comprehend
Himself !
More, this our noble element
Of fire in nature, love in spirit, unkenned
Life hath no spring, no axle, and no end." - Aleister Crowley
Il y a des albums qui ne se laissent pas faire. Au-delà de tout concept de valeur adaptée à un certain type de public, le groupe d'Experimental Black Metal irlandais Norot pourrait s'apparenter à un rouage en faveur d'une étrange méritocratie de la musique. Mais c'est sans compter le grain particulier qui ressort de ce genre de démarche artistique puérile, une espèce de graine pourrie qui s'en ressent alors dans le dispositif créatif, une atmosphère pataude qui se veut intimiste couplée à une technique quasi exhibitionnisme pour satisfaire les pulsions pédantes d'une pseudo élite faussement fringant. Norot se contrefout de toute tendance à la démarcation par l'excentricité facile et l'esbroufe fantaisiste. Ce que vous écoutez, c'est l'honnêteté implacable d'un homme perdu dans le brouillard de son petit pays brumeux, le monarque d'un royaume désolé, récitant les divagations dictées par sa soif de silence profane.
Norot, l'oeuvre d'un seul homme, Robert Cook, auteur, compositeur, interprète et graphiste de toutes les œuvres picturales liées à son groupe (pochette, illustrations et gravures). Après une année riche en singles, il est temps pour ce visionnaire de l'occulte de sortir cet album après des années de complaisance solitaire. Un artwork très bien travaillé pour faire ressortir la sobriété d'un visuel lourd de signifié. "Nathrach" est le serpent, la figure emblématique de l'album, un animal au lourd passé métaphorique en matière de temps, de cycle éternel, de tâche suintante et furetant parmi les vivants.
"Nathrach" ce n'est pas seulement un album, c'est aussi une oeuvre d'une grande puissance symbolique. Usant de ses connaissances en matières d'arts occultes, de symbolisme noir et de son mysticisme sous-jacent, Robert Cook retranscrit en musique les œuvres qu'il créé et dessine. Avec la pesanteur conférée par ces esquisses, il n'est pas étrange de se retrouver à écouter autre chose qu'une structure musicale classique pour le seul plaisir d'assembler des notes. Il s'agit de dresser des ponts entre les dessins, la musique, la condition de l'auteur et sa manière d'entrevoir la sphère intangible au-delà des mortels.
Évitant le constat confus qui peut déboucher de ce désir d'errances psycho-éthérées, Norot se soucie peu de la mélodie, préférant l'aspect symbolique à la farandole de riffs effrénés. Un début d'album assez trompeur, de plein pieds dans un Black Metal furieux quoiqu'un peu erratique avec sa batterie effacée, mais qui laisse rapidement la place à la vraie aspiration de "Nathrach", l'errance fantomatique. De nombreux éléments musicaux de Norot font s'évader petit à petit de l'étendue restreinte des canons du Black Metal et du Metal en général pour établir une sorte de méditation ésotérique. Les guitares ralentissent, la batterie se transforme en métronome, le cri en murmure et le Black Metal en autre chose. Cook nous a bien trompé.
C'est là que l'album prend tout son sens, ou plutôt fait honneur à son absence de substantiel pour nous amener à considérer l'obscur, la chimère reptilienne qui plane sur cet album, son regard où se love l'univers et ses sombres déclinaisons vaporeuses. Mettre des images sur ce vertige est la seule alternative, oublier la musique et se laisser aller à la considération involontaire d'une forme d'oraison ascendante. L'aspect Black Metal de Norot n'est que mécanique délégatrice, un bruit de fond pour mieux desservir le côté rituel de la musique de Robert Cook. Si certains seraient tenter d'appeler ça une messe, la facilité de ce terme devenu stérile au fil du temps ternit totalement la portée solennelle de la musique de Norot. Cérémonie liturgique ou fascination cabalistique serait plus approprié, un sacrement mué en un rituel mystique.
Un One Man Band qui recèle bien plus de choses que ne pourraient le laisser croire ce début d'album trop bizarre pour être conventionnel pour le fan de Black Metal lambda. Un album qui n'a pas besoin d'héritiers illégitimes pour renforcer un propos qui ne demande qu'à rester dans les ombres qui l'ont engendré.
Norot, ce n'est pas de la musique, c'est une naissance.
Kalhan
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