Chronique | Moloch - "Verwüstung" (album, 2014)



Moloch - "Verwüstung" (album, 2014)

Tracklist:

1. Todesstille
2. Blutmond 
3. Spiritueller Selbstmord
4. Negativität
5. Nur der Tod ist Wirklich
6. Die Kälte der Ewigkeit
7. Du bist nichts in diesem sterbenden Welt
8. Verwüstung
9. Frédéric François Chopin Symphony 

Extrait en écoute:


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Très peu de groupes peuvent se vanter d'avoir accompli le faux exploit de sortir près d'une centaine d'albums, EPs, splits et autres boxsets en une dizaine d'années de carrière. Moloch - le one-man-band ukrainien à ne pas confondre avec les innombrables projets du même nom - est l'un de ceux là, et on peut affirmer sans risque que sa discographie est loin d'être parfaite. Mais si nous cherchons bien, nous y trouvons quelques pépites monstrueuses au beau milieu d'un gros tas de productions moins intéressantes. C'est le cas de l'album "Meine alte Melancholie" paru en 2007 et de l'immense opus, "Misanthropie ist der einzige Welt zur Reinheit" sorti l'année d'après. 

Si "Verwüstung", délivré en 2014 parmi six productions, n'est pas aussi excellent que ces deux oeuvres, il présente des qualités indéniables que nous allons mettre en exergue dans cette chronique. On y retrouve les sujets auxquels s'intéresse en général Sergiy Fjordsson, à savoir un individualisme misanthrope et un nihilisme farouche mis en évidence par le titre même du brûlot, qui signifie "Dévastation" dans la langue teutonne. Ce nihilisme est exprimé par Sergiy Fjordsson dans la quasi totalité de ses travaux. Préparez vous à entrer dans un suicide spirituel à travers cette musique intense à la croisée des différents domaines musicaux expérimentés par le musicien: du Dark Ambient mélangé à du "Trve" Black Metal… tout en créant des innovations évidentes sur ce douzième album.

Au lieu de séparer le Black Metal et l'Ambient, Moloch rapproche cette fois-ci ses deux principales sources d'inspiration et d'influence. "Verwüstung" débute par un passage au clavier respirant la profondeur et l'obscurité, minimaliste, simple, qui concentre notre intérêt au lieu de le diminuer. Cependant, seule l'intro est vraiment atmosphérique, avec un exceptionnel interlude de basse durant "Du bits niches in diesel sterbenden Welt", un morceau suffocant de mal-être, que la voix transcrit de manière remarquable. La performance vocale est très variée en fonction du tempo et des atmosphères, alternant cris torturés, chant démoniaque…, rappelant ce que la scène USBM est capable de créer, suivant l'exemple de Xasthur, ou Leviathan pour le rôle de la basse. Mais le côté "Trve Norvegian" de la musique de Moloch transparait également, donnant de véritables coups d'accélérateur, ce qu'il semblait manquer dans les oeuvres précédentes. 

Le résultat de Verwüstung est un équilibre harmonieux entre divers aspects de l'univers de Sergiy. Les styles ne se mélangent pas mais se retrouvent tout de même au sein d'un même album. C'est une effusion d'émotions dépressives, stridentes, grinçantes et glaçantes. On croule sous la puissance du cosmos et notre nullité inutile. A coups de riffs trépidants et de mélodies contemplatives, Moloch ne signe pas son meilleur opus, mais n'a jamais créé une oeuvre si complète et exhaustive, que l'on peut conseiller sans problème à une large palette d'auditeurs. 


"Du bist nichts in diesem sterbenden Welt"


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Tom






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