Chronique | Soviet Soviet - "Fate" (album, 2013)


Soviet Soviet - "Fate" (album, 2013)

Tracklist

1. Ecstasy 03:03
2. 1990 03:10
3. Introspective Trip 03:52
4. Further 02:56
5. Gone Fast 03:59
6. No Lesson 04:26
7. Together 04:07
8. Hidden 03:23
9. Something You Can't Forget 03:24
10. Around Here 02:06

 Extrait
 

_______________________________


Il arrive de temps en temps que l'on découvre un groupe ni en concert, ni par l'intermédiaire d'un site spécialisé ni même par les recommandations chaleureuses d'une connaissance. Il arrive simplement parfois de faire une découverte via des sites web d’hébergement de vidéos, en passant de liens en liens, de recommandations personnalisées en recommandations personnalisées.

C'est de cette manière que mon œil fut attiré, il y a à peu près deux ans, par une étrange image bleutée et un nom qui sort de l'ordinaire : « Soviet Soviet »

Soviet Soviet. Avec un nom pareil, vous l'aurez compris, le groupe est évidemment d'origine... italienne!? Pas la peine de me demander pourquoi, je n'ai absolument aucune idée de la raison de ce nom. Ceci n'étant sûrement qu'anecdote, ça ne doit pas vous gâcher la musique qui se cache derrière cette énigme.

Le groupe s'est formé en 2008 à Pesaro autour d'Alessandro Costantini (Ex-Fanciful) que l'on retrouve au chant et à la guitare, d'Andrea Giometti (Ex-Barbacans) au chant et à la basse, et d'Alessandro Ferri à la batterie. Les deux premiers comparses se sont rencontrés de manière totalement fortuite et ont décidé, pour le plus grand plaisir de nos oreilles, de former un groupe autour de leur influence commune : le post-punk. Mais pas un post-punk gothique et pesant. D’ailleurs, les acolytes ne sont pas tout de noir vêtu. L'important pour eux étant de rester ce qu'ils veulent être et non ce que les autres veulent qu'ils soient. Ce sont eux qui le disent. Résolument tournés coldwave et punk.

Le groupe possède une grande maturité musicale. C'est après trois EP ("Soviet Soviet", "2°EP" et "Summer, Jesus"), un split avec Frank (just Frank) et une série de live en Europe, au Mexique et aux États-Unis, notamment en ouverture de Public Image Ltd. ou bien encore de A Place To Bury Strangers, que le groupe sort en novembre 2013, sur le label américain Felte, leur premier opus « Fate ».
 
La pochette de cet album est belle. Ciel de nuit étoilée, voile rougeâtre tel un coucher de soleil et nom de l'album dont les lettres irisées sont rattachées ensemble par des tirets, comme les étoiles le sont dans la représentation des constellations de la voûte céleste. Les voiles rouges et bleus sont, en regardant de plus près, des empreintes digitales. Empreintes digitales + ciel étoilé ? Le rêve est-il au bout des doigts des musiciens, distillé dans leur musique ? Interprétation personnelle.

La première piste, « Ecstasy » nous invite, tel Neo dans Matrix, à prendre la pilule rouge comme le disque, et à glisser vers un long voyage. Batterie puissante en introduction. Guitare qui explose. Je ne m'attendais pas à cela. On pense tout de suite à un Joy Division sous adrénaline. Puis la voix.
           
Sachez le tout de suite, si vous êtes allergique aux voix nasillardes passez votre chemin au plus vite. Ici, la tessiture du chanteur rappelle vaguement celle d'un Brian Molko de Placebo. Les chansons n’excèdent pas quatre minutes pour les plus longues. La quasi-totalité des paroles tourne autour des femmes, de la rupture et de la mort symbolique. On comprend alors mieux le titre de l'album. Tout ceci confirme que nous somme dans une approche plutôt punk mais dans un registre coldwave.

La voix, sous un effet de réverbération constante, conjuguée à la nappe des notes provenant de la guitare, nous invite à un voyage introspectif. Cela tombe bien, troisième piste : « Introspective Trip ». Soviet Soviet nous trace le chemin à emprunter. Plus doux, plus chaud, rappelant parfois Jesus and Mary Chain, cette piste nous donne envie d’aller plus loin dans l'album. Justement, quatrième piste : « Further ». Pardon pour cette avalanche de jeux de mots.

Avec « Gone Fast », « No Lesson » et « Together » on rentre au cœur de l’œuvre. Ces trois pistes sont pour moi les meilleures de l'album. Lignes de basse métallique distinctement new wave façon The Cure, guitares distordues et épileptiques, martèlement frénétique de la batterie. Un concentré d'énergie. Un rideau constant de sons hypnotiques. Je pense indéniablement à une filiation avec Chrome et Sonic Youth. Une pause au milieu de « No Lesson » nous laisse souffler, puis c'est reparti pour la déferlante.

Avant-dernière piste « Something You Can't Forget », résonne comme la promesse que nous n'oublierons pas cet album de sitôt. Dernière piste qui clôture l'album de façon abrupte. Tout comme pour Catalogue, c'est le genre qui veut ça. Cela n’enlève rien à la qualité de l'ensemble. Tout l'album a été un voyage au sein d'une obscurité dans laquelle on nous a montré la lumière.

Pour ceux qui recherchent encore une fois de plus un post-punk un peu plus posé, un peu plus introverti, ce n'est pas ici que vous le trouverez. Avec une volonté constante d'hypnotiser son auditoire, Soviet Soviet délivre une coldwave énergique. Vous vous demandez si c'est la même chose en concert ? Malgré une extrême timidité en dehors de la scène, les trois complices sont débordants de vitalité et se désinhibent totalement pour le plus grand bonheur de tous. J'attends avec impatience non seulement de les revoir sur scène mais surtout qu'ils nous sortent un nouveau disque.

            Fate, « Destin »... Avec un nom pareil, je devais aimer l'album. Je l'adore.

_______________________________

Aladiah



Commentaires