Il était une fois un chroniqueur
impatient de se rendre au concert de Luminance et Ascetic:, concert organisé
par l'association gothique de Rennes, La Villa Diodati. Ce chroniqueur oublia
que les trains entre Brest et Rennes, ce n'est pas la panacée et que la panne
arrive assez fréquemment. C'est donc avec un retard de 15 minutes que ledit
chroniqueur arriva au concert. La chance voulut que celui-ci ne fut pas
commencé. Le temps de saluer les amis, de prendre une petite bière, le son monta.
Ça commençait.
Luminance est un one-man band
belge, un nom derrière lequel se cache David Alexandre. Petite boîte à rythme,
guitare planante en entrée de jeu. On s'attend à une New Wave conventionnelle.
Mais ça, ce n'était que l'introduction. Un vague merci peu assuré pour clôturer
la première composition, rien ne nous prépare à ce qui va suivre.
Abandon total de la guitare au
profit du synthétiseur. Un instrument maîtrisé. La boîte à rythme se fait plus
présente. Il est écrit que l'artiste produit de la synthpop. Personnellement,
avec ce rythme poussé, je trouve que cela donne une approche assez futurepop à
la Diary of Dreams ou même BlutEngel, mais avec une voix plus douce, plus
éthérée. L'assemblée, à peine plus d'une cinquantaine de personnes, est là et
attend sans bouger, comme hypnotisée. Rien de surprenant à cela. C'est toujours
comme ça à ce genre de concert.
On passe de la futurepop à la
synthpop, avec des touches légères d'EBM et d'électro punk/dance punk version
Sigue Sigue Spoutnik, le tout avec une certaine cohérence. Effets sur la voix
en fonction de la composition. On note une touche de Depeche Mode, version
"Speak and Spell". L'artiste se dit influencé par Orchestral Manœuvre
in the Dark. Cela se confirme.
Le
bonhomme fait un show correct et énergique mais la salle se vide... Ne reste
pas plus d'une quinzaine de personnes, allez savoir pourquoi. Les gens
attendent probablement Ascetic: et un show moins électronique. En tout cas pour
moi c'est un succès. Je ne m'attendais pas à cela et je n'ai pas été déçu.
Le temps de se remettre de ses
émotions et de prendre l'air, Ascetic: s'installe. Quelques improvisations
bruitistes nous indiquent que le show du trio australien va commencer. Dès
les premières notes le ton est donné. Basse appuyée. Batterie électronique
puissante et tempo plutôt lent. Dans une forme de communion, de transe, on
assiste à une introduction en forme d'incitation au côté obscur.
Le
chant est sombre sans tomber dans le guttural à outrance. Les inspirations
s'entendent. On oscille entre "Pornography" de The Cure, Soror Dolorosa, avec une
pointe de Bauhaus. Dans tous les cas Ascetic: nous délivre ici un post-punk
mélancolique.
Les
compositions que l'on entend sont, pour moi, assez éloignées des versions
studios. L'assemblée avale la pilule... et devient à son tour une foule de
zombies, absorbant ce qu'on lui envoie. La musique de la formation est, il faut
le dire, communicative, et j'assiste là à l'un des concerts les plus
hypnotiques de ma vie.
Grosse
batterie, riffs planants. Andy Julia, de Soror Dolorosa, est justement dans
l'assemblée, et il acquiesce à chaque morceaux. La formation se perd dans les
brumes formées par la fumée diffusée depuis la scène, le top.
Le bassiste finit torse nu. La
soirée est chaude, enfin froide, enfin vous voyez... Puis c'est au tour de ces
deux comparses. Ça transpire, c'est lourd. Les coups de batterie résonnent dans
ma poitrine. Le chanteur semble possédé. Ça hurle, on est au bord de
l'orgasme... Ou pas : l'alcool a l'air de leur avoir fait perdre la tête. Des
couacs répétés se noient dans la réverbération. Autre
regret : « Religion », ma
composition préférée n'est pas jouée. Frustration partagée avec mon entourage.
Dommage, mais on ne peut pas tout avoir. Tout comme pour Luminance, la salle se
vide avant la fin. Pas de rappel malgré l'insistance de quelques spectateurs.
Un show vite expédié. Du coup je redescends très vite de mon nuage. Dommage.
Si vous n'avez jamais assisté à
ce genre de concerts, vous pourriez vous demander pourquoi un public aussi
léthargique. Mais pas d'affolement c'est très souvent comme ça que cela ce
passe. Les goth ne sont pas forcément de grands démonstratifs. La musique est
très souvent intériorisée.
Le
chroniqueur passa, malgré une fin de concert en demi-teinte, un très bon moment
et fut très content de sa soirée. Il finit celle-ci en échangeant quelques mots
avec les artistes, se faisant dédicacer ses nouveaux vinyles. Oui c'est un
collectionneur.
Au
retour le train n'eut pas de retard. Le chroniqueur s'en alla alors heureux et
eut beaucoup de bonne musique à réécouter chez lui.
Report : Aladiah
Photos : Shiny
Bone
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