Interview | Cruachan au Cernunnos Pagan Fest - février 2015



Voici l'interview de Keith Fay et John O'Fathaigh de Cruachan, que nous avons pu rencontrer le 22 février à Paris, avant leur concert au Cernunnos Pagan Fest. 


Merci d'avoir accepté cette interview avec Scholomance. Pouvez-vous me présenter votre dernier album, paru l'année dernière?

Keith: "Blood On The Black Robe", c'était comme une renaissance, et cela a été l'occasion, pour le groupe, de prendre un nouveau départ. Le fait que Karen ait quitté le groupe a été un grand changement, et nous voulions le mettre en évidence sur le dernier, "Blood On The Blood God". Nous voulions continuer dans cette voie pour les albums suivants, il n'y a donc pas vraiment de concept important pour cette "Blood Trilogy", cet album est la continuation de "Blood On The Black Robe", qui est en quelque sorte similaire à nos débuts, avec une musique plus sombre, plus agressive.




C'est une sorte de retour aux racines?

Keith: Oui, totalement. L'album est beaucoup plus heavy et plus puissant que les précédents. Nous progressons dans cette voie d'album en album. Le départ de Karen est d'ailleurs un des facteurs de cette évolution, mais nous restons tout de même dans une mouvance Folk. 

John O'Fathaigh: On est l'un des premiers groupes celtiques, c'est dans nos gènes!


La chanson 'Beren And Luthien' extraite de cet album, fait référence à J.R.R. Tolkien. Quelle est l'influence de ses travaux sur la musique de Cruachan?

John: Ce n'est pas moi qui écrit les lyrics, mais mes pochettes sont inspirées de Tolkien car j'ai toujours été influencé par son oeuvre. Je l'ai découverte quand j'étais beaucoup plus jeune, lorsque j'ai lu The Hobbit j'avais neuf ans. Ça a complètement changé ma vision de la vie, c'est un univers qui me reste proche après tant d'années. Mais je n'aime pas les adaptations filmiques, je préfère rester dans la lecture des livres, pour garder ma propre vision de l'univers, pour ne pas être corrompu de la conception de Peter Jackson par exemple.

Keith: De mon côté, j'ai vu les adaptations avant de lire les livres. Du coup, j'ai la représentation du film lors de mes lectures. Ça n'a pas du être le cas pour … qui a vu le film en espagnol en Argentine. 

L'Irlande a une histoire, une culture profondément chrétienne. En quoi le passé, récent et ancien de votre pays a-t-il eu un impact sur votre façon d'envisager votre Celtic Metal?


Keith: La culture chrétienne est une part de notre histoire, on l'a donc intégrée. En plus de tout ça, de plus en plus de scandales au sein de l'Eglise éclatent en Europe. Mais nous avons tous une part d'anti-christianisme en nous, d'abord parce que quand l'Irlande est devenue indépendante de l'Angleterre, qui est un pays peu sécularisé, avec une présence forte de l'Eglise, c'est cette dernière qui a gouverné l'Irlande. Elle a fait un job de merde, un peu comme nos gouvernements d'aujourd'hui. Par ailleurs, nos racines Black Metal nous poussent à cette hostilité envers l'institution religieuse. C'est bien d'être dans un pays où on a une liberté d'expression qui nous permet de critiquer ouvertement ces institutions. Cela ne signifie bien évidemment pas qu'on est satanistes mais cela veut dire que nous sommes anti-chrétiens. 




Naissance de la République irlandaise, peinture de Walter Paget


John: Le lien entre le paganisme, le folklore et notre musique a toujours été très présent. Quand on observe toutes les mythologies irlandaises et même toutes les mythologies européennes, elles ont toutes un lien avec le paganisme, mais ce n'est pas une figure autoritaire qui te dicte ce que tu dois faire. Il y a quelques règles à respecter, mais tu n'as pas à te référer à une personne plus élevée que toi hiérarchiquement. Avec le paganisme moderne, chacun a sa propre façon de le pratiquer. 


Pouvez-vous me parler de la conception de la pochette de "Blood On The Blood God"?

John: C'est moi qui ai peint l'artwork. Je me suis inspiré pour cela du site archéologique de Newgrange, qui a mille ans de plus que celui de Stonehenge en Angleterre et qui est plus vieux que les pyramides d'Egypte. Je me suis servi des gravures à l'entrée du temple pour les reproduire ensemble, afin de représenter les temps pré-chrétiens. 




Vous êtes considérés comme l'un des pionniers du Celtic/Folk Metal, comment définiriez-vous ce style?

Keith: Certes, on fait du Celtic Metal, du Black Metal et tout ce que tu veux, mais on se considère avant tout comme un groupe de Folk Metal. Au début, quand on a commencé, il n'y avait que Skyclad qui faisait du Folk, et on a pris ça pour le mélanger à du Black.

John: En associant ces genres, on a donné naissance au Pagan, on a été les premiers à se concentrer là-dessus, je pense. 


Keith, tu vas apparaitre sur scène avec Stille Volk cet après-midi, peux-tu m'en dire quelques mots?

Keith: Je suis très enthousiaste à l'idée de jouer avec eux. J'ai parlé à Daniel il n'y a pas longtemps sur Facebook, il m'a proposé de monter sur scène pour un morceau, j'ai répondu positivement. On est tous des grands fans de Stille Volk dans le groupe, nous les suivons depuis le milieu des années 90 environ. 

John: Personnellement, je ne l'ai jamais rencontré mais je suis content d'en avoir l'occasion. Stille Volk ne se rendent pas comptent qu'on est fans de leur groupe car ils sont fans de Cruachan. Mais nous sommes encore plus fans de leur musique. 
\



Quels sont les groupes avec Stille Volk, que vous auriez le plus envie de voir aujourd'hui au Cernunnos?

Keith: Moonsorrow, évidemment, car on adore ce qu'ils font. Leur approche diffère de pas mal de groupes qui ne méritent pas l'appellation Folk Metal selon nous. Certains groupes ont vraiment des paroles stupides ou funs et c'est bien dommage. 

Notre interview touche à sa fin, c'était une joie de vous rencontrer, merci à vous!

Keith: Merci à toi également, bon festival!



Interview: Tom





Commentaires