Chronique | Turisas - "Turisas 2013" (Album, 2013)


Turisas - "Turisas2013", album (2013)

Tracklist :

01. For Your Own Good
02. Ten More Miles
03. Piece by Piece
04. Into The Free
05. Run Bhang-Eater, Run!
06. Greek Fire
07. The Days Passed
08. No Good Story Ever Starts With Drinking Tea
09. We Ride Together


Extrait en écoute 'Piece by Piece':


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On ne présente plus Turisas qui travaille depuis presque 20 ans à nous ramener au Xe siècle, l’époque des grandes explorations vikings, faisant découvrir à l’auditeur le paysage qu’ils pouvaient apercevoir depuis leur drakkar, enroulés dans leurs peaux de bêtes. De l’Islande à Moscou en passant par Constantinople, l’univers musical du groupe est très varié, passant sans problème d’une ville joyeuse et animée à un champ de bataille dévasté et plein de cadavres.
Après « Battle Metal », « The Varangian Way » et « Stand Up and Fight », la formation finlandaise ressort de studio avec un album au titre beaucoup moins évocateur que les précédents. Faites place à « Turisas2013 » et écoutons voir ce que vaut cette nouvelle recrue.

La première chose qui choque de cet album est le manque flagrant de basses. Ce n’est pas forcément mal d’avoir des chansons qui donnent dans les aigus que ce soit l’instrumental ou le chant mais là, ce n’est pas que c’est aigu : c’est fade. On reste dans les mêmes fréquences sonores qu’une conversation normale. Ca donne le même type d’impression que quand on s’attend à un café et qu’on se retrouve avec du jus de chaussettes dans sa tasse. Je soupçonne leur ingénieur du son d’être sous Prozac, ou d’avoir des problèmes lui empêchant de percevoir certaines fréquences sonores. A moins que tous les membres du groupe aient joué en sourdine pour pas réveiller mémé.
Malheureusement pour les auditeurs, ils ne souffrent pas de problèmes auditifs et s’attendent à quelque chose d’énergique mais doivent supporter la soupe auditive qui leur est servie. Néanmoins, là où cet album fait fort, c’est qu’il maintient une bonne cohérence entre le chant et l’instrumental. Tout manque de punch. Mathias Nygård, le chanteur réussit la prouesse de ressembler à une sorte de crooner, accompagné par des musiciens ennuyés par le simple fait de faire sonner leurs instruments comme il se doit.
Turisas qui avait habitué ses auditeurs à quelque chose de burné, avec un chant agressif et des instruments violents, censés rappeler à l’auditeur des aventures extraordinaires ou des champs de bataille a opéré un changement de cap radical. En fait d’aventures, on se retrouve avec le groupe folklorique engagé par la mairie pour nous faire découvrir un pays d’ex-URSS. Et la violence est aussi présente ici que dans un tir aux canards de fête foraine.
Tout cela pourrait se pardonner si l’on sentait que le groupe a voulu expérimenter quelque chose ; et si l’expérience est réussie. Je ne sais pas s’ils ont voulu essayer quoi que ce soit mais si c’est un essai, c’est quelque chose de raté. A moins que ce soit une sorte de concept album autour des ballades écrites par les guerriers à leurs amours d’un soir. Dans ce cas là, ils ont réussi à faire sonner leur album comme un recueil de chansons chantées par des soldats ivres et ont donc atteint leur but.
L’opus propose néanmoins quelques moments d’anthologie où l’auditeur ne sait pas réellement s’il doit rire ou pleurer. On retiendra par exemple ces quelques couplets de « Greek Fire » où le chanteur donne l’illusion parfaite de chanter avec la tête dans un seau en métal un lendemain de cuite, l’intro de « We ride together », mélange détonnant entre l’ouverture de Guillaume Tell et le thème musical de « Retour vers le futur » fournissant une bande sonore qui n’aurait pas volé sa place dans un film de Louis de Funès ; ou encore un solo de clavier bien kitsch sorti tout droit des années 80 dans « Piece by piece ».
L’un des moments impressionnant se situe au début de « Run Bhang – Eater Run », où Turisas s’auto-plagie l’introduction de « In the court of Jarsleif » mais en moins bien ; suivi de très près par la bande son d’un porno qu’ils ont dû voler quelque part que l’on trouve sur la même piste.


A la fin de l’album, on se retrouve avec une grande sensation de bonheur, principalement parce que c’est fini. On ne retient rien de spécial de cet album. Il laisse la même sensation qu’un thé froid : juste de l’eau légèrement assaisonnée. On ne note pas d’innovation, pas de recherche musicale. L’absence de basses et d’aigus enlèvent à l’album la majorité de l’intérêt qu’il pourrait avoir. On a beau monter le son, il manque toujours l’énergie que l’on s’attend à trouver dans la musique. Le chant qui pourrait aider à relever un peu le niveau général reste fade et avec la même vitalité qu’un patient atteint de cancer terminal et ne contribue au final qu’à rendre l’écoute de l’album un peu plus difficile.



On peut espérer pour le groupe, que pour son prochain opus Turisas retrouvera la recette pour un album qui fonctionne tant au niveau musical que vocal et qu’ils auront tous retrouvé leur ardeur d’antan.


Gwen

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