Interview de Carach Angren (Symphonic Black Metal - Pays-Bas), mars 2015
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Kalhan : Tout d'abord, merci pour cette interview, je suis vraiment très excité à l'idée d'être en contact avec un de mes groupes favoris. Qui êtes-vous ? Présentez-vous pour les quelques lecteurs de Scholomance qui ne vous connaitraient malheuresement pas encore.
Ardek : Salut ! je suis Ardek de Carach Angren, de l'Horror Metal agissant depuis les Pays-Bas !
K: J'ai toujours voulu savoir : pourquoi Carach Angren, les "Machoires d'Acier" de Tolkien ?
Ardek : En 2003, nous cherchions un titre qui sonnait bien pour notre future formation, Seregor a ouvert un de ses tiroirs et un morceau de papier s'en est échappé sur lequel était inscrit "Carach Angren". Il nous l'a lu et nous avons beaucoup aimé la prononcation. C'est vraiment comme ça que ça s'est passé ! (rires) Il avait écrit ça 10 ans auparavant alors qu'il écrivait les paroles de son premier groupe, c'est sorti comme ça. Ce n'est que plus tard que nous avons su d'où était tiré ce nom et qu'il voulait dire Machoires d'Acier.
K: Sur quoi vous êtes-vous basés pour créer Carach Angren ? Quelle était votre idée principale quand vous avez décidé de former un groupe ?
Ardek : On a d'abord commencé pendant une courte période comme un simple passe-temps, jouant de la musique pendant les sessions de répétitions que nous faisions avec notre groupe précédent (Vaultage). Petit à petit, c'est devenu un projet à part entière et lorsque les autres membres du groupe on décidé d'arrêter de jouer, nous on a continué et ça a finit par déboucher sur notre première démo "The Chase Vault Tragedy". Depuis cette toute première démo, nous avons décidé de créer une musique avec comme base des histoires d'horreur et de fantômes. C'est devenu notre identité, ce à quoi on nous reconnait désormais, et nous avons développé cet aspect du début jusqu'à maintenant.
Vaultage, le premier groupe des membres de Carach Angren
K: Avez-vous un univers bien à vous que vous souhaitez partager avec votre public ou vous aimez simplement raconter des histoires horrifiques ?
Ardek : Oui, nous aimons raconter des histoires d'horreur et nous essayons de le faire du mieux que nous pouvons en créant une empathie avec l'auditeur qui va pleinement ressentir toute l'étendue de cette musique à travers les paroles et les émotions qu'il éprouve. Nous voulons que notre public subissent de plein fouet cette expérience auditive et la mythologie qui se cache derrière la musique et les paroles. Nous voulons que les gens écoutent sans pour autant se focaliser sur une quelconque analyse des paroles. Je pense que c'est quelque chose de bien avec notre musique. Aux concerts, nous voyons des gens devenir complètement fous sur des titres tels que "The Carriage Wheel Murder" tandis que d'autres préfèrent écouter attentivement, au fond, dodelinant doucement la tête, les yeux fermés, absorbés par la musique et les paroles. Les deux sont possibles avec Carach Angren.
Carach Angren, au Divan du Monde, 14/05/2013 (Guilaume Martins Photography)
K: Comment créez-vous les samples très cinématographiquement typés que vous utilisez dans vos chansons, comme le fusil de "An Ominous Recording" ?
Ardek : Tout est une question de moment et d'état d'esprit. Il faut être dans l'impulsion donnée par l'humeur pour réussir à penser un bruit précis et à le placer là où il faut dans la chanson. Pendant "An Ominous Recording", tu peux entendre cette montée orchestrale qui s'efface soudainement au son du coup de feu. C'est un exemple de comment la musique et les samples sonores fonctionnent de concert pour créer de la tension dramatique. C'est aussi important que la production soit à la hauteur et c'est toujours le cas pour nous. Nous avons travaillé sur le dernier album une nouvelle fois avec Patrick Damiani du Tidal Wave Studio. Un très bon ami et un gars très professionnel. L'album a cette fois été mixé par Peter Tägtgren et il a fait un boulot incroyable, donnant à cet album l'éclat dont il avait besoin.
K: Avec le temps, vous avez réussi à conquérir un très large public passionné grâce à votre monde magique, froid, macabre et implacable. Quelles sont vos influences majeures ?
Ardek : Merci beaucoup ! Nous sommes très satisfait de cette énorme fanbase et son soutien inconditionnel nous permet de toujours continuer plus en avant dans la noirceur ! Nos influences sont simplement notre imagination et les conversations que nous entretenons entre nous à propos d'un possible concept à développer pour un album. Pour "This Is No Fairytale", Seregor m'a appelé un jour et m'a dit "J'ai trouvé une idée pour une chanson !". Il a commencé à m'en parler et, complètement sous le charme, lui ai immédiatement répliqué : "C'est l'histoire pour l'album entier !". A partir de là, nous avons débuté le travail en détails, lui en enrichissant cette histoire et moi en élaborant quelques bases musicales sur lesquelles travailler ensuite. Avec son histoire en tête, les notes sont sorties toutes seules.
K: Cette atmosphère particulière est perceptible à travers toute votre discographie. Avec le temps, n'avez vous pas peur que cette atmosphère se dessèche et meurt d'elle-même ?
Ardek : Non, je pense que nous avons une bonne cadence de travail pour alimenter toujours plus les éléments sur lesquels nous travaillons et qui nous amenent vers de nouvelles idées. Nous ne voulons pas nous répéter, c'est très dur mais la passion nous anime et c'est notre vie !
K: Parlons de l'album. Pourquoi ce titre ? Est-il à rapprocher à une manière inédite de d'apprécier votre musique ?
Ardek : Ce titre est assez ironique. D'une certain façon, l'histoire de l'album est basée sur le conte original de Hansel et Gretel. Notre adaptation du conte en musique est à replacer dans une époque contemporaine, très sombre et repoussante. C'est pourquoi les notions abordées dans l'album font que ce n'est pas véritablement un conte de fée et que ce qui se passe dans l'histoire narrée peut arriver à n'importe qui, n'importe quand. Ce titre nous a donc paru approprié avec ce type de rapprochement que nous avons pensé intéressant. Le titre est églament très provocateur, il attire l'attention sur lui-même, tout comme l'histoire, la musique et les paroles. Nous avons choisi une approche très directe pour cet album, de la même manière que les contes sont racontés, il y a un peu de place à l'interprétation, seule l'imagination s'appuie sur la signification exacte de l'histoire.
K: Dites-m'en plus à propos de l'artwork, sa relation avec le concept de l'album.
Ardek : La pochette a été créée une fois de plus par le très talentueux Erik Wijnands (Negakinu Photography and Design). Il a travaillé avec nous à partir de plusieurs composants de l'album. Sur chaque page du livret tu vois une image reliée aux paroles d'une chanson. Le truc c'est de révéler quelque chose mais pas totalement au premier coup d'oeil et c'est ce à quoi lui et nous espérions encore pour cet album et je pense que nous avons réussi !
K: Tous vos albums ont un thème. Quel est celui de "This Is No Fairytale" ? Son intrigue ?
Ardek : Comme je l'ai dit, il tourne autour de Hansel & Gretel mais se détache au final pas mal de l'histoire originale, avec des indices et des tournures diférentes. J'aimerais que les gens cherchent par eux-même la ligne narrative directrice de cet album, pas de spoil !
K: Comment avez-vous composé cet album ? Ses particularités comparés aux autres
Ardek : Nous avons un planning de travail très organisé. Généralement, je commence par écrire la structure orchestrale avec une base de rythmes de batterie pendant que Seregor développe la dramaturgie de l'histoire. Quand j'ai fini, j'envoie ces bases à Seregor et il se met aux guitares. Ensuite, Namtar s'attèle à la batterie et change les rythmes de base. Finalement, les paroles sont ajoutées à l'ensemble et tout est peaufiné.
K: Quelle est la place de cet album dans votre discographie ? Est-ce une différente façon de raconter vos histoires (avec ces nappes symphoniques plus marquées que d'ordinaire) ou, pour vous, juste dans la même veine que vos autres albums ?
Ardek : C'est concrêtement la même chose mais nous avons complété avec de nouveaux élements. Cet album est plus abrupt et diffère quelque peut de l'ampleur plus poétique de "Death Came Throught A Phantom Ship" et "Lammendam", de même que la production. Il n'y a jamais eu de détails orchestraux si bien détaillés que dans "This Is No Fairytale" mais avec en même temps un mixage plus brutal car l'accent est mis sur les guitares et la batterie plus qu'à l'accoutumée. On peut sentir que tout est mieux équilibré.
K: J'aime énormément les paroles avec ce flow si unique et cette façon de découper les syllabes qui abouti à ce style narratif si reconnaissable. C'est la marque de fabrique de Carach Angren. Comment en êtes vous arrivés là ?
Ardek : Merci ! Oui Seregor a ce petit quelque chose d'incroyable qui reflète un style très à lui. Il continu de travailler de plus en plus ses performances au fil des années. Je pense que nous avons errigé ça en marque de fabrique en nous nous y tenant et en travaillant ça durement pendant plus de 10 ans. Nous devenons meilleur d'album en album.
K: Quelle est la prochaine étape pour Carach Angren ? Concerts ? Tournées ? Un nouvel album ? Autre chose ?
Ardek : Oui, nous voulons partir en tournée le plus longtemps possible pour apporter l'horreur à tous nos fans de tous les pays !
K: Le créateur de Scholomance a une question pour vous : "Ca fait quoi d'êtres les dieux du Symphonic Black Metal ?"
Ardek : Haha, c'est un honneur ! Je ne sais pas si nous sommes des dieux. En général nous aimons rester humbles mais nous sommes fiers de ce que nous avons accomplis jusqu'alors et nous allons continuer de faire ce que nous aimons faire et ce en quoi nous sommes bons !
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K: Merci beaucoup pour cette interview. Je suis content d'avoir eu la chance de converser avec un de mes groupes préférés, même si les questions sont restées assez formelles. Merci à vous d'exister en tant que groupe. Avez-vous un dernier mot pour nos lecteurs et Scholomance ?
Ardek : Merci infiniment ! Soyez sûrs de jeter une oreille à notre album "This Is No Fairytale" !
Propos recueillis et traduits de l'anglais par Kalhan.
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