Chronique | Dust In Mind - "Never Look Back", 2015


Dust in Mind, "Never Look Back" (Album, 2015)
Tracklist:

01 - Intro 02 - How Can You 03 - I love As I Hate 04 - Never Look Back 05 - The Slave Of Man 06 - Give Up 07 - Frozen Smiles 08 - Real Nightmares 09 - Farewell 10 - Toxic 11 - My Departure

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Fort de son EP sorti en 2013, Dust In Mind, groupe strasbourgeois versé dans un Alternativ Metal à tendance Industrial, accouchera en Avril prochain de son album "Never Look Back", avec Jen et Dam au chant, Arnaud à la batterie et Jack et Matt armés de leurs guitares respectives. Ayant déjà conquis un certain public lors de shows remplis d'une certaine énergie communicative, voyons ensemble ce que leur première production significative réserve.

La première chose que l'on peut remarquer est cette introduction pour le moins intrigante. Quelques notes de pianos et de percussions d'ordinateur qui soulignent un calme et lointain chant de Tallulah précédé d'une réplique du personnage de Adam Bell dans le film Enemy, de Denis Villeneuve. Professeur d'Histoire porté sur le sujet des différentes formes de la dictature, il nous dit que tout est une question de contrôle, l'expression individuelle bafouée est vouée à se répéter inlassablement à travers l'Histoire, de quelque manière et mesure que ce soit à travers un medium différent à chaque fois. Dust In Mind donne t-il ici le ton de son album ?
Nous sommes donc en droit d'attendre un résultat au moins aussi significatif que la portée idéologique et esthétique du film, d'une puissance conceptuelle très marquante. Malheureusement, Dust In Mind se prend les pieds dans ses lacets et se casse la figure à mesure que la composition hasardeuse des morceaux révèle un manque de singularité musicale, pour ne pas dire de rigueur artistique. Impossible de discerner vraiment si les défauts sonores majeurs de l'album sont à imputés à une production désastreuse ou à un contrôle bancal des instruments de la part des membres du groupe. Ma conscience pseudo-professionnelle de mélomane convaincu me pousse à envisager la première constatation comme étant la véritable fautive de cette jachère criarde (je suis pas abilité à juger du talent, de l'ambition musicale d'un artiste ou de sa maîtrise de l'instrument). En effet, tout s'efface, les instruments comme la cohésion de l'ensemble, ce qui a pour effet de faire ressortir un chant pour le moins disharmonique, voire discordant, monocorde et sans passion. Jen échoue fatalement à s'accorder convenablement au reste de la troupe. Le choc musical se vérifiant alors que la voix recouvre les guitares, simplistes sans être désagréables, d'un micmac de pics vocaux en fin de phrasé pointant vers le haut et se dégageant alors complètement des guitares et de la batterie, qui continuent leur petit bonhomme de chemin sans faire attention à la coquetterie éhontée de leur chanteuse. De temps à autre dans les morceaux, un bon samaritain masculin vient à la rescousse de sa voix lourdement timide, un trop court moment d'entente entre le chant et l'instrumental.
C'est vraiment dommage, compte tenu de la qualité devenue toute relative de la batterie qui tente tant bien que mal de résister face à la pression du chant, mais qui n'abandonne pas et fait se tenir la formation. Farewell est pour le coup le morceau le plus réussi en ce sens que les instruments sont libres de toutes entraves et My Departure ainsi que I Love As I Hate sont agréablement rythmés par des guitares manifestes et un clavier désinvolte. La musique de Dust In Mind est un coup d'épée dans l'eau. La main lève le glaive qui s'apprête à tomber, les guitares se mettent en branle, la batterie commence son office, le glaive retombe, la lame tranche dans le liquide et le chant se décide à sortir, créant ainsi des ondulations qui perturbent la surface auparavant lisse et prometteuse de la ligne d'horizon de la surface. L'épée ne rencontre aucune résistance solide, ne rebondit pas pour mieux retomber ensuite et faire voler en éclats l'obstacle, il s'embourbe à mesure que le chant l'entraîne au fond sans aucune chance de s'en sortir.


Non, le groupe ne relève pas le défi annoncé par Adam Bell. "Everything is about control", and Dust In Mind failed to control their owns intentions.

Kalhan

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