Selbstentleibung - "null | negativ" (album, 2014)
Tracklist
1. Patient Null 05:09
2. Hinter Spiegeln und Beton 06:33
3. Diagnose: Subjekt Irreparabel 04:20
4. Therapie 3.1 05:10
5. 201109032230 03:40
6. Kontrollverlust 05:58
7. Sequenz 1 06:20
8. Vision Negativ 05:37
Extrait
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2014 aura été un bon cru pour la scène BM autrichienne. On pourrait parler des quelques monuments que sont Belphegor, Abigor ou encore Dornenreich qui, dans des registres différents, nous ont offert de belles sorties. Mais non, ce qui nous intéresse ici est un peu moins huppé mais tout aussi talentueux et certainement plus expérimental et mélancolique.
Marrok, - non, il ne s'agit pas là d'une destination exotique mal orthographiée, mais plutôt d'une référence à quelque personnage chevaleresque – a également participé, et de manière assez productive, à cette riche année. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et je ne vous en tiendrai pas rigueur. Par contre, vous n'avez pas pu passer à côté d'Anomalie, projet solo de Marrok, d'Harakiri For The Sky et de Selbstentleibung, deux groupes dont il fait partie. "Between The Light" et "Aokigatiara" auront été deux belles découvertes mais c'est sur "null | negativ" de Selbstentleibung que nous allons nous attarder.
Sorti chez Nihilistic Empire Records en Mai 2014, "null | negativ" est le troisième album réalisé par le groupe viennois, après "Emotionale Endstation" paru en 2009 et "Kategorie Tot" en 2012. Le titre renvoie au type sanguin o négatif, illustré sur la pochette par un cercle, un O de sang, barré d'une seringue, tracé sur le mur blanc, tout sauf immaculé, de ce qui pourrait être la cellule d'un asile. C'est en tout cas ce à quoi font référence les intitulés des différents morceaux. L'album se présente encore une fois comme un tableau, déclinant sur plusieurs volets l'évolution d'un mal être. On pense ici à la maladie, l'épidémie, la contagion et son opposé, ce groupe rare, donneur universel mais receveur limité. Ces 7% d'éléments isolés, coupés d'un monde auquel ils ont trop donné, trouvent dans cet album l'expression de leur souffrance.
Le premier morceau, qui a le mérite de nous faire rapidement entrer dans le vif du sujet, sans introduction ni larmoiement, manque peut-être de consistance. Certains passages de chant surprennent et le sentiment qui s'en dégage, plus léger, est là pour marquer la transition avec ce qui va suivre. Hinter Spiegeln und Beton, plus progressif aurait sans doute fait une meilleure entrée en matière. On nous amène là assez efficacement vers ce qui caractérise cet album, avec un chant et des hurlements qui vous happent et une composition plus travaillée, mêlant lenteurs et riffs plus rapides, solo et passages clairs. L'enchainement Hinter Spiegeln und Beton, Diagnose Subjekt Irreparabel et Therapie 3.1 est particulièrement réussi. Ces trois morceaux témoignent de la palette et du talent de Marrok et ses collègues avec la justesse de l'instrument, de nombreux passages instrumentaux, et l'équilibre entre des riffs plus lourds, et des ambiances plus atmosphériques. Therapie 3.1 est le point culminant de "null | negativ", marqué par une batterie omniprésente, une composition efficace et une guitare qui avec sa justesse et ses variations dans le tempo, nous emmène vers autre chose. Après un interlude, l'album s'achève sur Sequenz 1 et Vision Negativ, en renouant avec ce côté plus rock'n roll que l'on avait déjà pu entrevoir sur "Emotionale Endstation".
A noter que le chant, plus malléable que sur le précédent album, sans s'éloigner de ce que l'on a l'habitude d'entendre, complète parfaitement le tout. Il apporte une dimension plus mélancolique à l'ensemble et ce sentiment de folie et de souffrance que n'exprime pas toujours la partie instrumentale, peut-être trop énergique, trop « vivante ». Après tout, c'est bien dans cette contradiction, cette complémentarité que réside tout l'intérêt du travail de Selbstentleibung.
Cette souffrance mentale que nous évoquions, celle d'un homme tourmenté, isolé et incapable de faire face à un monde qu'il ne peut comprendre, s'exprime ici de manière moins violente. Plus proche de leur premier opus auto produit, qui était de qualité, efficace mais trop homogène, "null | negativ" est tout de même plus abouti et plus varié. D'un Black metal plus sombre, plus Black'n roll en passant par une production plus traditionnelle, plus agressive et plus crue dans son expression, le groupe nous offre ici un album aux sonorités et à la composition tenant d'avantage du Post Black, à l'image de ce qu'a pu faire Ellende sur "Weltennacht", le tout teinté d'une aura plus mélancolique.
En évoluant, tout en gardant un son qui leur est propre, les membres de Selbstentleibung continuent d'enrichir le répertoire d'une scène autrichienne qui n'a plus à faire ses preuves.
Marrok, - non, il ne s'agit pas là d'une destination exotique mal orthographiée, mais plutôt d'une référence à quelque personnage chevaleresque – a également participé, et de manière assez productive, à cette riche année. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et je ne vous en tiendrai pas rigueur. Par contre, vous n'avez pas pu passer à côté d'Anomalie, projet solo de Marrok, d'Harakiri For The Sky et de Selbstentleibung, deux groupes dont il fait partie. "Between The Light" et "Aokigatiara" auront été deux belles découvertes mais c'est sur "null | negativ" de Selbstentleibung que nous allons nous attarder.
Sorti chez Nihilistic Empire Records en Mai 2014, "null | negativ" est le troisième album réalisé par le groupe viennois, après "Emotionale Endstation" paru en 2009 et "Kategorie Tot" en 2012. Le titre renvoie au type sanguin o négatif, illustré sur la pochette par un cercle, un O de sang, barré d'une seringue, tracé sur le mur blanc, tout sauf immaculé, de ce qui pourrait être la cellule d'un asile. C'est en tout cas ce à quoi font référence les intitulés des différents morceaux. L'album se présente encore une fois comme un tableau, déclinant sur plusieurs volets l'évolution d'un mal être. On pense ici à la maladie, l'épidémie, la contagion et son opposé, ce groupe rare, donneur universel mais receveur limité. Ces 7% d'éléments isolés, coupés d'un monde auquel ils ont trop donné, trouvent dans cet album l'expression de leur souffrance.
Le premier morceau, qui a le mérite de nous faire rapidement entrer dans le vif du sujet, sans introduction ni larmoiement, manque peut-être de consistance. Certains passages de chant surprennent et le sentiment qui s'en dégage, plus léger, est là pour marquer la transition avec ce qui va suivre. Hinter Spiegeln und Beton, plus progressif aurait sans doute fait une meilleure entrée en matière. On nous amène là assez efficacement vers ce qui caractérise cet album, avec un chant et des hurlements qui vous happent et une composition plus travaillée, mêlant lenteurs et riffs plus rapides, solo et passages clairs. L'enchainement Hinter Spiegeln und Beton, Diagnose Subjekt Irreparabel et Therapie 3.1 est particulièrement réussi. Ces trois morceaux témoignent de la palette et du talent de Marrok et ses collègues avec la justesse de l'instrument, de nombreux passages instrumentaux, et l'équilibre entre des riffs plus lourds, et des ambiances plus atmosphériques. Therapie 3.1 est le point culminant de "null | negativ", marqué par une batterie omniprésente, une composition efficace et une guitare qui avec sa justesse et ses variations dans le tempo, nous emmène vers autre chose. Après un interlude, l'album s'achève sur Sequenz 1 et Vision Negativ, en renouant avec ce côté plus rock'n roll que l'on avait déjà pu entrevoir sur "Emotionale Endstation".
A noter que le chant, plus malléable que sur le précédent album, sans s'éloigner de ce que l'on a l'habitude d'entendre, complète parfaitement le tout. Il apporte une dimension plus mélancolique à l'ensemble et ce sentiment de folie et de souffrance que n'exprime pas toujours la partie instrumentale, peut-être trop énergique, trop « vivante ». Après tout, c'est bien dans cette contradiction, cette complémentarité que réside tout l'intérêt du travail de Selbstentleibung.
Cette souffrance mentale que nous évoquions, celle d'un homme tourmenté, isolé et incapable de faire face à un monde qu'il ne peut comprendre, s'exprime ici de manière moins violente. Plus proche de leur premier opus auto produit, qui était de qualité, efficace mais trop homogène, "null | negativ" est tout de même plus abouti et plus varié. D'un Black metal plus sombre, plus Black'n roll en passant par une production plus traditionnelle, plus agressive et plus crue dans son expression, le groupe nous offre ici un album aux sonorités et à la composition tenant d'avantage du Post Black, à l'image de ce qu'a pu faire Ellende sur "Weltennacht", le tout teinté d'une aura plus mélancolique.
En évoluant, tout en gardant un son qui leur est propre, les membres de Selbstentleibung continuent d'enrichir le répertoire d'une scène autrichienne qui n'a plus à faire ses preuves.
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Siegfried
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