Chronique | Ghost Bath - "Funeral", 2014


Ghost Bath - "Funeral" (album, 2014)

Tracklist

01. Torment
02. Burial
03. Silence
04. Procession
05. Dead
06. Sorrow
07. Calling
08. Continuity
09. March
10. Afterlife
11. Birth
12. Forever

Extrait en écoute



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Le DSBM est un genre qui fait l’objet de beaucoup de débats et de discussions… « Black pour émo », « C’est tellement minimaliste que c’est même pas de la musique », « Ces cris sont vraiment ridicules »… N’importe quel fan du genre à déjà eu droit à ce genre de commentaires vis-à-vis de ses goûts musicaux, du moins ça a été le cas pour moi, et ça l’est encore aujourd’hui. Et pourtant, le DSBM est de plus en plus reconnu, et ne date pas d’aujourd’hui. Il est d’ailleurs riche en groupes, de tous les pays. Suède, Russie, France, Allemagne, Tunisie, Brésil… Chine ? 

Une fois de plus à titre personnel (mais je ne suis pas le seul à penser cela), je trouve que la scène DSBM stagne depuis quelques années, car chaque jours naissent des clones de SHINING, LIFELOVER, ou encore SILENCER. IL y’a néanmoins quelques groupes qui sortent du lot, qui nous proposent des sonorités différentes, un univers et une atmosphère radicalement étrangers aux clichés du DSBM. Je pense notamment à PSYCHONAUT 4, WOODS OF DESOLATION, GERM, SKYFOREST, PERGALÉ… Autant de groupes excellents et si peu connus (Excepté WoD). Le groupe qui va nous intéresser aujourd’hui fait partie intégrante de cette brochette musicale qui essaye tant bien que mal de s’extirper du DSBM et de sa monotonie. Ils sont chinois, et s’appellent  GHOST BATH.  

 Funeral est donc leur premier album, sorti en 2014.. Pour parler de l’aspect esthétique de Funeral, ainsi que de sa « forme », la couverture de l’album est la peinture « Ophelia », de l’artiste John Everett Millais. Le choix parait évident si l’on s’attarde un tout petit peu plus sur la peinture, ainsi que sur le nom du groupe. « Ghost Bath » est un terme qui concerne le suicide par noyade, et le tableau nous présente… une femme qui se noie.  La « légende » veut que, alors que, alors qu’elle tentait de récolter des fleurs au-dessus du ruisseau, elle tomba à cause d’une branche qui céda, et se laissa noyer, tout simplement.

Là où GHOST BATH m’a bien surpris, c’est cette manière avec laquelle ils ont réussi à s’extirper du minimalisme du DSBM, tout en restant dans cette ambiance bien glauque et torturée, à l’image de ce genre. Prenons par exemple « Procession », et ses accords post-rock rythmés, son solo, et sa batterie qui nous pond des blasts sur une bonne partie des musiques.  Pas forcément besoin d’aller plus loin pour se rendre compte que, plus que du DSBM, GHOST BATH s’est immiscé dans ce sous-genre très controversé du Post-Black Metal. 

Néanmoins, je pense que, à la place du Post-Black, GHOST BATH s’était fixé pour objectif de revenir aux sources du DSBM en les modernisant. J’entends par là que, avec un son un peu plus rétro, et sans les accords lancinants du Post-Black, on pourrait très bien avoir à faire à un clone quelconque des titans suédois de SILENCER. Rien que par la voix, pour sa puissance et ses connotations aigues, le timbre vocal du si célèbre Nattramn se retrouve facilement. Cela donne à la musique cette ambiance torturée qui est essentielle à n’importe quel album de DSBM. 

Puisque nous parlons de l’atmosphère, je dois évoquer un élément qui m’a grandement surpris : En plein milieu de l’album se joue une musique de 6 minutes, nommée « Sorrow », complètement acoustique, apportant un break notoire à Funeral. Malgré le fait qu’elle soit bien construite et très agréable à l’écoute, la transition avec « Calling », le morceau suivant, est assez étrange, auditivement parlant. Avec ses cris immenses et lancinants, il nous remet en scène des accords post-rock sur lesquels s’ajoute une batterie à la double pédale apparemment déchainée, effectuant un contraste assez net entre les deux côtés de la musique de GHOST BATH.

Pour parler des aspects négatifs de cet album, il faut avouer que l’écouter d’une traite est assez monotone, voir ennuyant. Malgré les pistes instrumentales qui sont assez régulières, les autres morceaux se ressemblent énormément, ce qui nous donne plus un album à deux pistes :  Une piste Black Metal, et une piste instrumentale. En plus de cela, il faut avouer que les cris du chanteur sont souvent exagérés, qui donne un côté dérisoire à cet album. C’est exactement pour cette raison que ceux qui ne connaissent pas l’esprit du DSBM pourrait rigoler à l’écoute de cette voix, et ainsi ne pas prendre au sérieux les Chinois de GHOST BATH.

Funeral reste malgré tout un bon album. Il constitue un point de départ pour la carrière de la formation chinoise, qui, grâce à cet opus, nous montre clairement la direction qu’ils s’apprêtent à emprunter avec leur prochain album, nommé Moonlover. Le seul extrait en écoute, « The Golden Number », nous fait un peu oublier le côté torturé et mélancolique de GHOST BATH, pour laisser place à un Post-Black Metal entrainé à son apogée. Cette année 2015 s’apprête donc à recevoir le nouveau bébé dépressif des chinois, qui, nous l’espérons, sera encore meilleur que son prédécesseur. 

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Rémi



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