Live Report | Behemoth & The Great Old Ones, 15 décembre 2014 à l'Empreinte, Savigny-le-Temple


Les amateurs de Black/Death puissant et agressif avaient rendez-vous le 15 décembre à l’Empreinte de Savigny-le-Temple ! Après une série de concerts en 2014, avec notamment deux passages par la France au Bataclan en février et au Hellfest en juin, Nergal et ses sbires clôturent la fin de l’année en beauté en compagnie des Bordelais de The Great Old Ones. Du metal froid et cinglant, une ambiance intimiste et une affiche sold-out, tous les ingrédients étaient réunis pour profiter d’un show exceptionnel.


« Les Grands Anciens » et leur post-black lovecraftien ouvrent donc le bal en mettant leur nouvel album à l’honneur. Sorti en avril 2014, « Tekeli-li » plonge une fois encore l’auditeur dans l’univers sombre et malsain de l’auteur torturé H.P Lovecraft, et base cette fois-ci son concept sur la nouvelle « Les Montagnes Hallucinées ». Cette thématique constitue un véritable défi musical pour rendre toute cette intensité en live, mais le quintet réussit le pari de développer une ambiance à la fois glaciale et hypnotisante.

Dès les premières secondes du set, un froid pénétrant envahit l’Empreinte avec des lumières bleutées et blafardes, et des musiciens aux silhouettes fantomatiques. Benjamin Guerry et Jeff Grimal se partagent le chant sur les différents morceaux et les nappes instrumentales emportent l’assemblée dans un monde fait de créatures innommables et terrifiantes. A noter une tenue de scène très sobre, pas de maquillage ni de décor, seule la musique prévaut et c’est tant mieux. The Great Old Ones prouve qu’il suffit de l’essentiel pour transporter l’auditeur dans cet imaginaire chaotique. Les riffs d’une lourdeur pachydermique s’enchaînent pendant 40 minutes, alternant passages cinglants et breaks musclés. Retours plutôt positifs côté assistance, le public ne semble pas déstabilisé par ce choix de mise en scène assez froid où presque aucune parole n’est lâchée. Par ailleurs, le groupe a la chance de bénéficier d’un son d’une puissance particulièrement remarquable pour une première partie et confirme que les Français jouent dans la cour des grands. Certains auditeurs n’ont pas semblés totalement convaincus mais pour ma part, The Great Old Ones prend toute son ampleur sur scène. La magie opère en live et invite le spectateur à un voyage contemplatif dans l’esprit tourmentée d’H.P Lovecraft. Un vibrant hommage musical qui se termine sous les applaudissements d’un public en grande majorité conquis.
 



Les roadies s’affairent sur la scène pour la préparation du show Behemoth et le combo polonais tant attendu prend place après plusieurs minutes de balances minutieuses. L’excitation est palpable, ce soir près de 400 personnes se seront déplacées en banlieue parisienne pour assister à leur Messe Noire. Wacken, Motocultor, Summer Breeze… Nergal et ses acolytes ont enchaîné les dates cette année afin de promouvoir leur dernière offrande « The Satanist » devant des admirateurs toujours aussi fidèles. 

Pour leur ultime concert de 2014, le quatuor a fait le choix d’un lieu intimiste et d’une décoration plus dépouillée. L’idéal pour profiter au maximum de cette envoutante cérémonie. Le spectacle débute avec « Blow Your Trumpets Gabriel » sur fond d’ovation de la part du public déjà entièrement séduit. En tout, cinq titres du dernier album seront joués ce soir. « The Satanist » ayant divisé les amateurs de la formation, on aurait aisément pu imaginer un accueil plutôt froid de la part de l’assistance. Au contraire : l’assemblée semble très réceptive et répond présente aux relances du frontman. Behemoth ne laisse pas de répit aux spectateurs et enchaîne les morceaux avec une rapidité et une efficacité redoutables. Le public est aux anges et déclenche pogos et slams sur les classiques « Conquer All » et « As Above, So Below », arrachant même des sourires aux musiciens d’ordinaire plus solennels. Le duo inséparable « Slaves Shall Serve » - « Christians to the Lions » aura également mis l’assistance dans tous ses états. Comme à l’accoutumée, le groupe nous sert une performance rodée et réglée au millimètre, revêtant un caractère quasi théâtrale dans la manière d’occuper l’espace scénique.

Retour à un show plus grave néanmoins, Nergal penche en faveur d'une communication relativement sommaire avec des discours assez succincts. Exit également les effets pyrotechniques et autres paillettes, ce soir le combo se contente du minimum et revient à une prestation plus brute. Une décision d'autant plus appréciable que le groupe bénéficie d'un son parfaitement limpide et enveloppant. La basse d'Orion résonne avec force et efficacité tandis que côté baguettes, Inferno se démène comme un diable en mitraillant ses fûts de manière toujours aussi vive et précise. Place à un rappel après l'imposant « Chant for Eschaton 2000 », le mot de la fin est donné à « O Father O Satan O Sun! » et ses riffs d'une intensité poignante.






Une heure et demie de concert, et pourtant l'impression que ce fut trop court. Behemoth a fait taire les mauvaises langues qui prévoyaient déjà un show édulcoré sans profondeur. Le groupe nous a apporté la preuve que malgré le changement de cap opéré avec « The Satanist », il ne perd rien de son intensité et conserve toute sa puissance en live. Nos compatriotes de The Great Old Ones n'auront pas non plus démérité face à la déferlante polonaise en offrant une prestation captivante. Un grand merci à l'Empreinte de Savigny-le-Temple pour cette soirée !

Photos : Pics'N'Heavy

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