Chronique | Decline Of The I - "Inhibition", 2012


Decline of the I, "Inhibition" (album, 2012)

Tracklist

1. Où se trouve la mort ?   02:57
2. The End of a Sub-Elitist Addiction   10:46
3. Art or Cancer ?   07:02
4. The Other Rat   07:33
5. Mother and Whore   07:57
6. Static Involution   07:55
7. L’Indécision d’être   05:04
8. Keeping the Structure   09:02


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«(…) Ce qui m’a ramené à la drogue, c’est le goût du risque que nous avons dans le sang. Où se trouve la mort ? Où se trouve la folie dans tout ça ? La drogue, c’est encore la vie, c’est embêtant comme la vie (...). »  (« Où se trouve la mort ? »)

« Malsain » et « bandant » sont deux mots qui ont du mal à s’accoupler. Mère et putain également. Decline Of The I taillade la morale et lâche un OVNI. Un énorme pavé dans la mare. Black Metal crade et bien produit, l’air que dégage le premier Full-Lenght de Decline Of The I est chargée en pelures de cranes de bébés morts. Si ce n’est vous dire.

La recette de « Inhibition » est originale et maîtrisée. Les  Maïté du Black Metal avantgardiste parisien, A.K (Chant, basse, guitare), Georges (Chant), SRK (Chant) et Necrolith (Batterie) ne sont pas des novices dans le genre. Ils font ou faisaient partie de formations reconnues comme Vorkreist, Malkhebre, Merrimack, Corpus Christii ou encore Eibon et la liste continue… Cette recette est novatrice et peut peut-être rebuter les puristes du genre, car « Inhibition » est chargé en effets électroniques de toutes sortes, mais qui se mélangent très bien dans le Black Metal sans en faire trop. Les gars ne nous lâchent pas du Breakcore à la Igorrr mais crée une ambiance qui fout mal à l’aise les petites cailles et qui fait prendre leur pied aux névrosés en quête de vérité (Notez cette rime). Mais ne vous inquiétez pas, cette partie « électronique » est toujours en retrait par rapport au Black Metal que l’on chérit tant.

Ce premier album se défend: 3 chanteurs avec chacun leur personnalité vocale. J’ai sincèrement été touché par la voix la plus « glaireuse » (on sent les bulles en effet dans la gorge), qui m’a pris aux tripes. Dans cette originalité, il y a également certaines utilisations du chant grégorien laissant derrière une atmosphère cathédralistique (notamment dans « static Involution »). Le groupe n’exécute pas une musique technique, mais une musique complète qui pourrait en lasser certains car l’album est assez long et le mid tempo ralenti n’améliore pas ce côté. Mais Decline Of The I ne récupère pas les clichés du Black Metal et s’embarque vers d’autres horizons au plus profond de l’humain. Cette formation est dans l’avant-garde.

« (…) Je suis resté un exemple, peut-être un mauvais exemple, c’est ça qui est terrible, certains vont faire de moi un héros, mais il n’y a pas de héros dans la criminalité. Il n’y a que des hommes (…). » (« L’indécision d’être »)

« Inhibition » s’exhibe dans l’atmosphère malsaine, irréelle et infamante des caves où les morts prennent de la mescalyne. Ce qui fait que l’album est si complet, c’est qu’il a une âme. Il est prenant car chanté en anglais et parlé en français. Murmures, chœurs, pleurs, monologues que l’on ne voudrait pas comprendre… La drogue. Le sexe. Le meurtre. Tout cela recouvert de mousse mortifère. Cet album pousse au vice. Les meurtriers assument leurs choix et leurs actes tant qu’ils restent fidèles à eux même. Les jeunes femmes qui baisent à foison assument leurs êtres et les drogués ne demandent rien à personne.

 Il est un mix entre Void Of Silence (Doom Gothique d’Italie, notamment dans l’album « Criteria Ov 666 »), Merrimack (Black Metal français, logique) et la boîte ‘ « Le Rectum » dans le film « Irréversible » de Gaspard Noé, c’est dire la lourdeur de la puissance du malsain (respectivement selon chaque influence) dans « Inhibition ». il y effectivement dans cet album une inhibition du monde extérieur. Ce qui en fait un album très personnel, massif et barré.

Une piste absolument géniale, « Mother and Whore », tirant sur le fil de l’humanité sans jamais le casser. Sample électronique, monologue d’une jeune femme sur le sexe, son corps, sa conception de l’être en relation avec le vide. Il s’en suit d’un Black Metal lourd et prenant… Pas de blast sur cet album.

« Pour moi il n’y a pas de pute, une fille qui se fait baiser par n’importe qui, qui se fait baiser n’importe comment n’est pas une pute. Pour moi y’a pas de putes c’est tout (…). » (« Mother and Whore »)
La musicalité est boostée par la Krokodile, les russes et les utilisateurs de Webchoc savent de quoi je parle, cela rend puissant dans l’ignoble surcroit de pue dégoulinant et suintant sur les plaies. Cet album représente l’irréel et le malsain dans le réel. Decline Of The I présente un album complet dont les pistes sont enduites de Crystal Meth. On sent sincèrement un travail de composition pas piqué des hannetons, la recherche d’un univers à eux. Les gars se sont fait plaisir et ont créé un parallèle sur la scène Black Metal.

Decline Of The I emmerde Freud et laisse l’inconscient prendre le conscient à la gorge. Un album qui m’a véritablement touché -malgré quelques longueurs-, névrosé et sincère avec lui-même.
PS : Si ce côté électronique dont j’ai parlé vous rebute à la lecture de cette chronique, gardez en tête une chose : Vous allez écouter l’un des albums les plus malsains et massif, ne vous attendez pas à Swedish House Mafia.

Le Black Metal évolue avec son temps comme dirait l’autre.
«(…) L’angoisse est simplement un autre nom du désir (…), pas de solution à ce trouble, et surtout pas de médicament pour remédier à ce trouble, et surtout pas de somnifères pour remédier à l’insomnie. » (« Keeping The Structure »)

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Auteur : Hugod




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