Chronique | Nachtmahr - "Feindbild", 2014 (Industrial / EBM - Autriche)


Nachtmahr - "Feindbild", 2014

Tracklist

01. Wir sind zuruck 
02. Damon
03. I Hate Berlin (feat. Frl. Plastique)
04. Die Fahnen unserer Vater
05. Chaos
06. Parasit
07. Feindbild
08. Stehend sterben
10. The Torch
11. Wache

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         "Feindbild" est le nouveau né du fameux projet Nachtmahr, dirigé en solo d'une main de maître par Thomas Rainer (Autrichien d'origine, également fondateur du side project l'Âme immortelle). 
Nachtmahr a acquis depuis ses débuts avec "Kunst is krieg" ("l'art est la guerre") un succès grandissant et s'est trouvé une place de choix au sein des clubs industriels et des charts Allemands, considéré par beaucoup comme un incontournable de l'industrial goth. De « Katharsis » à « Feuer frei » en passant par son titre éponyme « Nachtmahr », Thomas Rainer, fort de plusieurs années de Djing, baigne dans une electro hybride oscillant entre les beats lourds de la techno et le côté furieux de l'indus. 

Ce nouvel album ne révolutionnera pas Nachtmahr, voilà, ceci est dit. Ceci dit il apportera encore en maturité au projet, c'est indéniable avec une polymérisation encore plus parfaite des sonorités lourdes et mélodiques. Dans un premier temps, cet album fait d'emblée rêver de par son artwork ABSOLUMENT somptueux (bien entendu les goûts et les couleurs...), réalisé par le talentueux John Knox. Celui-ci prend la forme d'une sorte de nouvelle graphique qui ne va pas sans évoquer l'Allemagne des années 40, et illustrant le concept album sur la guerre que vous allez bientôt découvrir. Rien à dire de plus si ce n'est qu'il incite fortement à acheter l'album. 

Penchons nous maintenant sur l'essentiel, la musique. Pour faire simple, cet album est véritablement une merveille, la quintessence de l'electro indus. Chaque morceau est un hit en puissance. On commence par un « Wir sind Züruck » ("nous sommes de retour") qui sonne comme un avertissement : cet album est la bombe H. Une basse extrêmement lourde et rythmée, auquel s'ajoute rapidement un rythme soutenu aux sonorités techno. Le tout agrémenté de la voix de Thomas Rainer, grave et éraillée. Un couplet simpliste mais efficace avant un refrain sur lequel se planteront les synthétiseurs électro typiques de Nachtmahr pour créer une mélodie en contre champ de la basse, ce qui est sans doute la marque de fabrique de Nachtmahr et le secret de sa réussite. Sur ce refrain parfaitement arrangé seront plaquées les paroles, saturées cette fois. C'est ainsi que fonctionne une bonne partie des morceaux, un couplet plus aéré mais énergique, nous ouvrant la voix à un refrain bourré d'énergie , qui sera toujours l'hymne du morceau (car oui beaucoup de refrains sont des hymnes tant leur structure martiale et mélodique reste en tête). 

Petite digression pour évoquer les paroles. Ce qui facilite l'appréhension des morceaux et influe encore plus sur l'impact qu'ils ont sur nous, c'est l'aspect répétition présent dans chaque refrain notamment. Une simple sentence est scandée par la voix saturée de Rainer, et répétée le long du refrain, entrecoupée de silences, comme pour laisser à l'auditeur le temps d'assimiler dans le but de chanter par la suite (ce n'est toutefois qu'une interprétation subjective). Ecoutez les morceaux « I hate Berlin », « Wir sind züruck » , « Liebst du mich ? » etc...

Retour à l'album, les morceaux s'enchaînent pour le plaisir des oreilles et des jambes qui tressaillent au rythme des beats, sans pour autant apporter quelque chose de particulièrement nouveau à l'oeuvre de Nachtmahr, chaque morceau reste toutefois unique et facilement reconnaissable, étrange paradoxe propre à la cohérence de Nachtmahr. La conclusion de l'ouvrage m'a toutefois très agréablement surpris, de par son éloignement du morceau archétypal du maestro. « Wache », une sublime mélodie fusionnant piano et violon dans des sonorités douces, mélancoliques, semblant illustrer la fin de la guerre lancée par l'album, une fin qui dessine le manque, quelque chose de perdu au travers de cette violence ? Ou serait-ce une musique pour apaiser les âmes ? Quelle qu'en soit son interprétation, une fantastique preuve de maturation de la part de Thomas Rainer et une belle interprétation de la part du pianiste.

En conclusion, bien qu'on aurait peut-être pu apprécier un peu plus de nouveauté comme « Wache » (bien que la volonté de conserver son public n'est souvent pas assez respectée, et ce tous styles confondus), cette galette mérite d'être achetée (oui je sais le téléchargement c'est moins cher, mais soutenir de bons artistes est le seule moyen de faire perdurer la bonne musique contre l'industrie musicale des masses actuelles). 

Du début jusqu'à la fin aucun morceau n'est à jeter, on sent quand même que le compositeur a « grandi », les musiques sont élaborées, entraînantes dès la première écoute, et surtout particulièrement jouissives lors des refrains. Parions que cet album surpassera "Feuer frei", déjà anciennement N°1 au Deutsch Alternativ Charts. Coup de cœur assuré !

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Auteur : J. Ulrich



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