Chronique | Nachtreich - "Trugbilder" : pour un dernier requiem néoclassique...


Nachtreich - "Trugbilder", 2013

Tracklist

01. Im Fieber
02. Traum(a) 
03. Gestalten
04. Trance 
05. Frei Schweben 

_______________________________


      Nachtreich est un groupe de Black Metal Néoclassique Instrumental venu d’Allemagne, de la région bavaroise.  Le groupe composé du duo Peter Honsalek/Uli Kaineder, a sorti en 2006 une démo intitulée « Von Dornen und Selbstmord », un album en 2009 nommé « Sturmgang », une compilation en 2011 « B-Sides & Unreleased Demos », et leur dernier album post-split « Trugbilder » est sorti en 2013 via Pest Productions, dont nous allons parler. Cet album, contrairement aux autres a été entièrement composé par Peter Honsalek, mais Uli Kaineder a contribué à l’album, mais pour l’artwork. Et pas n’importe quel artwork, en effet « Trugbilder » peut se targuer d’être un album très particulier, une collaboration entre un musicien (Peter Hondsalek), un peintre (Uli Kaineder) et un poète (Gustav Glotz). L’album est donc présenté non pas avec un livret et dans un boîtier, mais dans un magnifique package relié comme un grand livre, avec pas moins de 10 peintures et de 5 poèmes, un pour chaque musique.  


A la première écoute, une chose est tout de suite claire, bien que les influences Metal des précédentes sorties de Nachtreich étaient assez discrètes, Peter Honsalek va encore plus loin, en n’intégrant aucun élément Metal dans Trugbilder, l’album n’est que de la musique néoclassique avec violon, piano et autres instruments à cordes. En résulte un album d’une grande mélancolie, plongeant son auditeur dans une folie douce tirée tout droit de la mouvance romantique, chaque pièce creuse toujours plus profond dans les émotions les plus noires de son auditeur et donne l’impression de les mettre en scène. Après une courte introduction « Im Fieber » dont les premières notes rappelent Ave Maria de Schubert, « Traum(a) » frappe tout de suite très fort d’un point de vue émotionnel de par ses envolées magistrales au piano et aux sanglots du violon, le tout dans une ambiance douce mais fortement torturée, comme une ode tragique parfaitement orchestrée. Les amateurs de « La Dryade » de Gris seront ravis de cette pièce, dépourvue de guitare mais comportant cette même atmosphère, ces mélodies grandiloquentes qui, sous un couvert faussement joyeux, emporte celui qui l’écoute dans une mélancolie d’une profondeur presque insoutenable. La production très organique apporte beaucoup à l’ambiance, qui restera tout au long de l’album un hymne presque dérangé à la tristesse. L’album comme le violon, a ses sursauts, des passages plus rapides par moments sur un tempo majoritairement lent, mais gardant toujours un dialogue cohérent avec le piano, les deux instruments se laissant parfois la part belle, parfois cohabitant ensemble en se complétant, où tous deux se déchaînant ensemble pour créer de magnifiques envolée d’une grande virtuosité, notamment sur « Frei Schwebend ».


L’album a aussi l’avantage de ne pas se répéter, avec des chansons plus structurées que les autres, avec des refrains (Traum(a) , Trance) et d’autres plus libérées et assumées, ne rentrant pas forcément dans des standards de linéarité. Aucun élement Metal dans Trugbilder, mais certains passages peuvent nous y faire penser, notamment les passages très rapides au violon, rappelant la vitesse des riffs Black Metal, les rythmiques lourdes au piano parfois présentes comme sur la fin de « Im Fieber » peuvent se rapprocher au Doom.  La galette est d’excellente facture, difficile d’y trouver des points négatifs, où même de discerner des chansons fortes, chaque pièce qui la compose est d’une qualité nette et les préférences ne se forgent que vis-à-vis de l’état d’humeur de son auditeur, du moins c’est ce que l’album dégage. Chaque session d’écoutes de Trugbilder donne une sensation différente, si bien qu’on finit par se demander si l’album a changé, où si nous avons changé. Bien que d’un niveau technique très élevé, Trugbilder n’en reste néanmoins pas indigeste avec des parties plus calmes et envoûtantes, comme le refrain de « Trance » au piano qui laisse une marque indélébile sur l’album, une mélodie très simple et très prenante, qui revient, qui est détournée, entrecoupée par du violon, des accélérations au piano, mais qui définit clairement l’identité du morceau.

Nachtreich rend son dernier soupir avec cet opus travaillé et pousse à l’extrême les influences néoclassiques du projet en les laissant submerger complètement les compositions, en ne laissant la place à rien d’autre. L’univers artistique de Nachtreich et leur penchant pour le romantisme se traduit même hors de la musique avec les peintures et les poèmes présents avec l’album. Le tout savamment orchestré ne laissera pas indifférent même les auditeurs les plus exigeants, et l’ambiance générale de l’album ravira les plus grands amateurs de DSBM ou de Sympho. Un album naturel, non-Metal, qui aura tout de même été un des grands moments de 2013.


_______________________________

Auteur : Kevin



Commentaires