Chronique | Frigoris - "Wind" : Un Black Metal Mélodique teinté de Paganisme


Frigoris - "Wind", 2013

Tracklist

01. Windgeflüster
02. Zwischenwelten
03. Im Keim ertrunken
04. Frühlingsnacht
05. Hauch
07. Ode an verlorene Seelen
08. Wenn die Maske bricht

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Ils ont essuyé la scène du Ragnarok Open Air 2013, partagé l’affiche avec Endstille en 2011 et sorti un premier album en 2010 mais vous ne les connaissez peut-être pas. Pourtant, Frigoris est en bonne voie pour devenir une vraie valeur montante de la scène Black/Pagan germanique.

Fondé en 2007 par Dominik Winter (chant et guitare), Frigoris n’a pas perdu de temps pour sortir une première démo en 2008, intitulée "Morgenröte". D’un niveau plutôt moyen, ce premier essai passera pratiquement inaperçu. Il faudra attendre 2010 pour que le groupe dévoile enfin son vrai potentiel avec "Nach dem Krieg...". Toutefois, souffrant d’un manque d’innovation et d’originalité, le résultat final restera assez inégal. Forte de ses erreurs, la formation revient à la charge en juin 2013 avec "Wind", sous les labels Misanthropic Art Productions et Hypnotic Dirge Records, et propose cette fois un album plus inspiré et mieux maîtrisé.

Opérant dans un style mélangeant Black Metal Mélodique et influences Pagan, les teutons nous proposent une œuvre subtile et presque délicate. Tout au long du CD, Frigoris alterne les riffs accrocheurs à la guitare électrique et les passages plus mélodiques à la guitare acoustique, flirtant parfois avec le folk. Extrêmement présentes, les guitares sèches sont utilisées sur la majorité des morceaux, conférant une dimension profondément mélancolique. Des titres comme "Windgeflüster" ou "Hauch" seront même exclusivement consacrés à cet instrument, et l’intégration de passages chuchotés apportent une atmosphère douce et paisible. L’utilisation du chant féminin sur "Frühlingsnacht" renforce ce climat de douceur en amenant une certaine poésie.

Hormis les interludes, les morceaux ont une durée moyenne de 6 à 8mn. L’utilisation d’un rythme plutôt lent permet aux musiciens de prendre le temps de développer une ambiance, poser un environnement musical. Mais là où l’auditeur pourrait facilement s’ennuyer, Dominik Winter et son compère Raphael Heuser (guitare) n’oublient pas d’incorporer des breaks et des ruptures qui permettent de créer des transitions efficaces comme sur "Zwischenwelten" ou "Im Keim ertrunken". Le septième titre "Ode an verlorene Seelen" apporte une touche d’originalité dans "Wind". "There’s two kinds of people in the world, people who love Jesus and people don‘t" : les extraits de films ou de documentaires en anglais sont soutenus par une musique ambiancée et un petit côté industriel. Abandonnant les influences folkloriques, Frigoris est bien décidé à prouver qu’ils n’ont pas qu’une seule corde à leur arc et qu’ils sont capables de composer un morceau beaucoup plus sombre et accrocheur.

Malheureusement, excepté "Ode an verlorene Seelen", Frigoris tourne parfois en rond. La structure des morceaux est pratiquement la même et les titres se ressemblent tous un peu. La formation aurait gagné à accentuer les passages plus agressifs et plus directs. L’utilisation du rythme mid-tempo tout au long de la galette ne séduira sans doute pas les amateurs de Black plus cinglant et moins "raffiné". De plus, le chant féminin sur "Frühlingsnacht" est pour moi de trop, c’est un parti-pris auquel je n’ai pas adhéré. Incorporer des chœurs aurait certainement été plus judicieux ?

Poétique, subtile et mélancolique, "Wind" possède tout de même des qualités indéniables qui plairont sans aucun doute à tous les fans de Black/Pagan sophistiqué. Le résultat, bien que présentant certaines imperfections, reste remarquable et mérite d’être félicité.

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