Interview d'Hesgaroth du groupe d'Epic Black Français Lutece



Interview d'Hesgaroth, un des leaders du groupe montant d'Epic Black Metal Parisien, Lutece.


Dans un premier temps. Comment présenterais-tu Lutece ?

Hesgaroth : Lutece est un groupe de Black Metal Epic formé en 2006 par Denosdrakkh et moi-même. Notre première démo « …And Ancestors Still Remain » est sortie en 2007 via le label Triple Silence, puis l’EP « Awaking Ancient Gods » l’année suivante en auto-production. Après 5 ans de silence nous revenons cette année avec un nouvel opus « …Our Ashes Blown Away », mixé et masterisé en Allemagne par Lasse Lammert (Alestorm, Svartsot). Lutece c’est avant tout l’histoire de deux vieux potes animés par une même passion et partageant la même vision de la musique, à vrai dire cela fait plus de 10 ans que nous jouons ensemble !

Depuis 2012 nous avons aussi débuté les lives avec le renfort de Hod Imensül, Ask et Kraftum, et nous avons remporté le Headbang Contest 2013 de Paris ce qui nous a permis de nous produire au Motocultor.


Pourquoi avoir choisi le nom de Lutece (nom Latin donné à Paris par les romains ndlr) ?

H : La thématique des textes étant païenne et comme nous sommes de la région parisienne le nom de Lutece est venu assez rapidement ; on trouvait que ça sonnait bien et que ça représentait parfaitement l’idée du projet. Il y a aussi une sombre histoire de bière, mais je n’en dirai pas plus à ce sujet…

Vous venez de sortir votre nouvel album. Quels sont les retours des auditeurs et des professionnels ?

H : Nous n’avons eu que de bons retours à ce jour ! Aussi bien de la presse écrite que des webzines. L’album est sorti un peu dans l’anonymat, mais en quelques mois les chroniques ont commencé à arriver et pour certaines de l’étranger. Encore aujourd’hui nous continuons à en recevoir ce qui indique que Lutece se fait connaitre un peu plus chaque jour. Donc que du bon pour l’instant !

"...Our Ashes Blown Away" est votre troisième production. C’est le premier véritable album de Lutece ?

H : En effet nous n’avions sorti qu’une démo et un EP, on peut donc considérer « …Our Ashes Blown Away » comme étant notre premier album. Cet opus marque vraiment une nouvelle étape pour Lutece car c’est le fruit de plusieurs années de travail et de réflexion sur notre propre vision du black. Le but était vraiment de concrétiser le projet, définir l’identité de Lutece et le faire coller le plus possible à nos attentes aussi bien en termes de son que de visuel et d’ambiance.

Artwork de "...Ou Ashes Blown Away"

Les précédents albums étaient composés par Hesgaroth et Denosdrakkh comment c'est passé la composition de celui-ci maintenant que vous avez un Line-up complet ?

H : En fait nous ne sommes que deux sur « …Our Ashes Blown Away », le reste de la horde nous a rejoint alors que l’album était déjà composé et il allait être envoyé en Allemagne pour le mix & mastering.

Lutece était donc à l'origine un projet studio, pourquoi avoir voulu monter un groupe complet ?

H : Denosdrakkh et moi avons vécu à l’étranger durant de nombreuses années par conséquent Lutece ne pouvait être qu’un projet studio. Nous nous sommes retrouvés tous les deux à Paris en 2010, et une fois l’enregistrement du nouvel album finalisé nous avons eu envie de porter le projet en live. Cela nous paraissait être une étape logique, c’est une idée que l’on avait depuis longtemps et ça nous a paru être le bon moment. De plus nous voulions assurer la meilleure promotion possible pour ce nouvel opus et à mon sens il est indispensable pour cela de faire du live. Nous avons donc posté des annonces et Hod Imensül a été le premier à nous rejoindre. Il nous a présenté Ask puis Kraftum, et avec la horde enfin au complet nous avons commencé à chercher des concerts !

L'auto-production de l'album est-elle un choix ?

H : A vrai dire oui et non… Notre contrat avec Triple Silence était arrivé à échéance et nous n’avons pas eu de proposition véritablement intéressante d’autres labels. Ce n’était pas un objectif en soit d’être sur un label alors plutôt que de signer un contrat bancal nous avons préféré nous orienter vers l’autoprod. On a donc décidé d’enregistrer l’album, le mixer et le masteriser. C’est tout de même ce qu’il y a de plus cher et compliqué à faire, le pressage est au final une formalité. Un label n’est plus vraiment nécessaire pour sortir un disque, cependant c’est au niveau de la distribution que c’est plus compliqué de faire sans. Mais c’est aussi ça le metal extrême, ca reste très « Do It Yourself » ! On a été obligé de trouver nous-mêmes les distrib, la promo, l’expédition des CD… T’es obligé d’être multitâches ! L’autoprod offre aussi une certaine liberté, pas de contraintes ou de dates butoirs d’enregistrement imposées par exemple. Tu gères toi-même ta trésorerie et le suivi des ventes, du coup plus besoin de demander à un label l’autorisation pour faire du merch, re-presser un CD si nécessaire ou vendre ton disque à un prix correct puisqu’il y a moins de monde qui fait une marge dessus.

Je pense que pour le prochain album on cherchera tout de même un contrat de distribution avec un label pour pouvoir se faire connaitre à l’étranger, mais on continuera à produire notre musique et on leur proposera un produit fini.

Il y a un Bonus Track sur l'album. Peux-tu m'expliquer son existence ?

H : Denosdrakkh compose vraiment de manière instinctive et sans feuille de route. Du coup au moment de sélectionner les chansons pour « … Our Ashes Blown Away » on s’est retrouvé avec cette chanson qui n’avait rien à voir avec le reste de l’album mais qui nous plaisait malgré tout. Pour faire simple c’est un morceau qu’on a fait sérieusement sans pour autant se prendre au sérieux. Après tout pourquoi pas l’intégrer, l’objectif n’était pas d’explorer d’autres styles mais simplement de nous amuser ! Il s’agit bien d’un bonus track, d’un goodies histoire de partager autre chose avec l’auditeur à la marge de l’album.

J’ai acheté mon premier disque de metal à 7 ans, c’était Killers de Iron Maiden, et je pense que je ne jouerais pas dans Lutece si je n’avais pas eu un grand frère qui me collait du Coroner, Testament, Motorhead ou encore Annihilator et Death dans les cages à miel ! Pour Denosdrakkh c’est pareil il a été bercé à coups de Slayer et Pantera. Ce bonus track est donc une sorte « d’hommage » à ceux qui nous ont fait découvrir cet univers et ses monuments.

D'où vous vient cette fascination pour les Gaulois ?

H : On ne peut pas vraiment parler de fascination… C’est plutôt sa symbolique qui nous intéresse. Même si je suis passionné d’histoire, le but de Lutece n’est pas de décrire une succession de faits historique ou encore de donner un cours d’histoire. Les Gaulois c’est notre culture, notre histoire, une idée de résistance. C’est la thématique guerrière et les valeurs de bravoure qui nous intéressent dans Lutece. C’est pour nous l’allégorie de valeurs aujourd’hui perdues et qu’on essaye de faire revivre au travers de notre musique et nos textes.



Quels sont vos influences, musicales, littéraires, cinématographique ?

H : Les influences musicales de Lutece sont assez larges… Ca va de groupes comme Naglfar en passant par Dissection et Immortal, Graveland ou encore Belphegor et Negator ; on est aussi de grands fans de Kataklysm… On n’a pas un groupe de référence, on a été influencés par plein de groupes et notre but n’a jamais été de sonner comme un groupe en particulier ou de s’inscrire dans un style. Je ne vois pas d’influences littéraires ou encore moins cinématographiques… Si tu veux tout savoir je lis en ce moment une biographie de Du Guesclin ainsi que des bouquins d’Arturo Pérez-Reverte, mais ça n’a pas vraiment de liens ou d’influence sur le groupe.

Tu peux nous faire une rapide explication du visuel de l'album ?

H : Le thème de « …Our Ashes Blown Away » est assez sombre voir mélancolique. Ca traite de ce qui fut et qui n’est plus. On voulait que les couleurs dominantes soient le gris, le noir et un rouge un peu passé. On voulait aussi intégrer les photos qu’on avait prise de ce crane avec des entrelacs celtes et lorsque le graphiste nous a proposé cette pochette avec le crane en clair obscure entouré par les rebords de ce qui pourrait être une tombe ça nous a tout de suite plu. C’est comme si on était face au passé en ouvrant ce tombeau et en regardant un corps enterré il y a des siècles. Les entrelacs sur le crane ne sont pas juste esthétiques, ils représentent une sorte d’essence ou de patrimoine indélébile malgré le temps qui passe.

La question qui tue. Vous vous revendiquez des gaulois, et j'ai lu que l'on vous reprochait de chanter en anglais. Donc pourquoi ce choix ?

H : C’est la question récurrente ! La quête de la cohérence absolue ! Il y a plusieurs raisons à l’utilisation de l’anglais. Tout d’abord l’envie ; Denosdrakkh et moi avions un autre projet avant Lutece et les paroles étaient en français, du coup pour changer nous avons fait des textes en anglais pour Lutece. La deuxième raison principale est la sonorité de la langue ! Le français ne sonne pas pareil et n’a pas le même rythme dans le phrasé que l’anglais. Donc on a préféré l’anglais pour une question de sonorité. Autre raison, cette fois ci annexe, nous étions sur un label britannique qui était sensible au fait que les textes soient en anglais.

Très franchement la langue utilisée dans Lutece est vraiment une question secondaire. Nous ne traitons pas uniquement de gaulois et la thématique va au-delà d’un périmètre historique franco-français. Les textes sont présents dans l’album et je pense qu’il est assez simple de les traduire, de fait je ne pense pas que les gens ratent le message de ces derniers. Nous ne proposons pas des « concept-albums » et pour ceux qui sont dans une quête jusqu’au-boutiste de cohérence force est de constater que tout a une limite… A ce compte là pas de Viking Metal si on n’est pas de scandinavie et pas capable de chanter en vieux norrois ? Dans cette logique même Amon Amarth est une bande d’imposteurs qui n’est pas allée au bout des choses…

On retrouve des éléments de batailles, et même un peu de piano. Pourquoi ce choix artistique ?

H : Pour nous l’objectif sur CD est de récréer une ambiance, de retranscrire un univers. Il y a toujours eu des samples, des passages acoustiques ainsi que des claviers sur nos disques afin de renforcer l’atmosphère et d’immerger l’auditeur.


Lutece s'est rapidement fait une place sur la scène Black Parisienne puis Française. Comment vivez-vous ça et comment l'expliquerais-tu ?

H : On avait déjà fait un peu parler de nous lors de la période « myspace », mais c’est vrai qu’avec ce nouvel album on passe une nouvelle étape. La raison principale est que maintenant nous faisons aussi des concerts. Aujourd’hui tout passe par la scène et le fait d’avoir multiplier les dates depuis 1 an et demi a vraiment permis de nous faire connaitre. Grace aux nouvelles technologies c’est assez simple d’enregistrer un album et de diffuser sa musique, mais à moins d’être Darkthrone, il est impossible de percer sans faire de scène. Il ne faut pas non plus cacher que le fait d’avoir remporté le Headbang contest et de jouer au Motocultor à donner un sacré coup de fouet en terme de promo et d’audience.

Quels sont les futurs projets de Lutece ?

H : Tout d’abord continuer la promo de « …Our Ashes Blown Away » et multiplier les dates en France et aussi on l’espère à l’étranger. On prépare d’ailleurs une tournée ave Funeral Dawn, les premières dates seront à Lille et en Belgique fin novembre. On a aussi re-pressé l’EP « Awaking Ancient Gods » qui était sorti en 2008 et qu’il n’était plus possible de trouver. Il est maintenant disponible sur notre page big cartel. On prépare aussi notre prochain album, pour l’instant pas de dates d’enregistrement de bloquées, mais la composition est pratiquement terminée !

Un dernier mot ?

H : Merci à toi pour cette interview ! N’hésitez pas à passer sur notre page Facebook pour vous tenir au courant des prochaines dates ! En attendant soutenez votre scène locale !


Intervieweur: Morgan




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