Chronique | Mutilanova - "Nera Lux" : Bons Cauchemars...


Mutilanova - "Nera Lux", 2013

Tracklist

01. Phantasmagoria In Obscurity
03. Carnival Of Grotesque
04. The Outsider
05. Nera Lux
06. Dark Oniromancia
07. Leviathan
08. In The Abysses Of Time
09. Revelations

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    « Nera Lux » second album de la formation de Black Symphonique, Mutilanova. Le nom ne vous dit rien ? Et bien vous ratez quelque chose. Le groupe s'est formé en 2002. Ils ont sorti une première Démo en 2005, suivi de leur premier album en 2008, « Fragements », puis leur second album, « Nera Lux » le 5 Janvier dernier chez Le Crépuscule du Soir Production.

Le groupe est composé de Svärhandis aux claviers, Avskrius à la guitare, Dypentord à la basse, Dunwitch au chant et de Morkhod à la batterie.

De lui-même, le groupe qualifie son genre de Metal Extreme Onirique. L'artwork ne dément d’ailleurs pas avec cette idée : dans la continuité de « Fragments », il représente un ciel de nuit avec la lune dans un esprit à la "The return ..." de Bathory. Les teintes bleutées laissent place à celles de la lumière dorée d'une pleine lune. Nous plongeons instantanément dans l'univers du groupe. A l’ouverture du CD, l'image d'un démon nous accueille. Est-il le guide de Mutilanova ? Je décide de me laisser guider par cette lumière noire…
Pas de répit pour les ténèbres… Premier morceau : nous entrons dans le vif du sujet ! 'Phantasmagoria In Obscurity' nous reçoit avec une grosse batterie accompagnée du clavier qui se colle parfaitement au tout, offrant un aspect des plus oniriques. Le chant débute après l'entrée en scène de toute l'instrumentation. Il est rapide, sale et vomie des paroles cauchemardesques. De quoi contraster avec la musique propre et maîtrisée, tout ce que l’on aime. Le clavier a des parties où il prend sa pleine mesure, il est la douceur de la nuit avec cette voix toujours présente comme le démon tapi dans l'ombre de la lune.
Quoi d’autre à ajouter.... L'album porte bien son nom. Pris par l’impression d'être baigné dans une lumière noire, malsaine et corrompue par toutes nos peurs, par nos cauchemars.

Les morceaux sont très bien composés. Ils s’enchaînent avec fluidité et prennent indépendamment leur forme, nous perdant dans ce vaste univers onirique et cauchemardesque. L'exemple, même, est le titre 'The Dying Silence' avec son passage au clavier accompagné d'un râle. Une marche funèbre pour le peu d'espoir qui habitait encore notre cœur. L’espoir s’est envolé. Continuons à nous enfoncer dans cette nuit. Plus nous avançons, plus nous restons dans la contemplation de cette souffrance.

Les morceaux s’enchaînent dans une dimension intemporelle, immergés par cet univers musical qui s'étend autour de nous. C'est vraiment une sphère isolé du monde, baigné de lumière.

Musicalement, le tout est parfaitement maîtrisé. Chaque morceau apporte son lot de passages où nous pouvons apprécier la maîtrise des musiciens et de leurs instruments.

Nous ressentons la froideur de la musique comme voulu. Nous ne sommes pas les bienvenus dans l’univers de Mutilanova et nous le subissons. C’est avec une curiosité malsaine que nous écoutons cet album. Est-ce que nous suivons le Démon ? Ou sommes nous le démon des cauchemars de cet être ? Le chant n'est pas sans rappeler les groupes de Black Metal de la fin des années 90 avec ses sonorités graves et caverneuses.

Le clavier permet de varier les ambiances, passant des marches funèbres, aux sonorités plus médiévales telles que 'The Outsider'. Le plus souvent , il est soutenu par un second élément, chant comme guitare. Il se créée une vraie cohésion musicale sur cet album. Chaque élément étant calibré selon les autres, à des moments précis et sur des tons voulus, créant ainsi violence, souffrance, stress... Sur le titre 'Dark Oniromancia', le clavier permet de créer une atmosphère fantasmagorique, notamment avec les carillons qui raisonnent, rappelant les maisons hantées.

A cela s’ajoute d’autres sonorités… Par exemple, sur la fin du morceau 'Nera Lux' , nous entendons des souffles de vent. A moins que ce soit un douloureux cri de souffrance qui vient se projeter dans nos oreilles.

Cette chronique n'était absolument pas prévue, mais je me devais d'exorciser le démon qui était entré en moi après la première écoute. Il est difficile de sortir de cet album tant la musique est poignante et sincère. Nous ne pouvons pas vraiment dire s'il est original, mais authentique, pour sûr, dans sa démarche. C'est une bouffée de fraîcheur ténébreuse dans un milieu Black Metal bien souvent surfait.

Si, à la lecture de Black Metal Symphonique Français vous avez pensé de suite à Anorexia Nervosa, et bien… Mutilanova n'a juste rien à voir. Le terme de « Metal Extreme Onirique » leur convient à la perfection. Mais ils prouvent bien que le Black Metal Symphonique Français n'est pas mort. Un album à posséder, sauf si vous êtes allergiques aux claviers…

Bons Cauchemars...

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