Chronique | Abigail Williams - "In The Shadow Of A Thousand Suns" : Un album inspiré mais avec une réelle personnalité
Abigail Williams - In The Shadow Of A Thousand Suns, 2008
Tracklist :
1. I
2. The World Beyond
3. Acolytes
4. A Thousand Suns
5. Into The Ashes
6. Smoke And Mirrors
7. A Semblance Of Life
8. Empyrean: Into The Cold Wastes (extrait à écouter)
9. Floods
10. The Departure
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Après un premier EP intitulé « Legend » sorti en 2006 et à
tendance core, la formation américaine Abigail Williams change complètement de
registre en nous présentant « In The Shadow Of A Thousand Suns », qui se veut
être une arrivée sur les terres du Black Metal Symphonique. Un revirement pas
forcément bien vu par les puristes du black et qui peut laisser sceptique quant
à la différence entre les deux genres. Mais la bande à Ken Sorceron a mis pas
mal de chances de son côté, tout d’abord la majorité des parties batteries sont
assurées par Trym (Emperor), alors que les titres « Acolytes », « Floods » et «
Empyrean » sont enregistrés eux par Samus, le batteur officiel du groupe et
machine de guerre derrière les fûts lui aussi. Niveau production ensuite, on
retrouve James Murphy (Obituary, Death, Testament), une production très carrée
donc, peut-être un peu trop pour le genre dira-t-on , mais cela montre déjà que
le combo n’est pas venu pour faire de la figuration et compte vraiment
s’imposer dans l’univers du black.
L’intro nous offre déjà un avant-goût de la panoplie de la
charmante Ashley Ellyllon dont les nappes de claviers bien senties
accompagneront à la perfection les musiciens et donneront ce supplément d’âme à
l’album. Puis vient le premier blast effréné de « The World Beyond » qui nous
laisse bouche bée et qui rend les choses tout de suite plus intéressantes tant
la transition est soudaine. Cet album est un modèle du genre, un très bon
compromis entre mélodies, ambiances un brin empruntées à leurs camarades
nordiques, et le côté direct et ravageur des chansons, qui rend le groupe plus
difficilement accessible tant les rythmes imposés par la batterie sont
soutenus, Trym et Samus déploient un arsenal impressionnant. De plus les
mélodies entêtantes comme celles de « Into The Ashes » sauront vous emmener
dans l’atmosphère grandiloquente et légèrement morbide de l’accusatrice de
Salem, pas forcément une atmosphère mauvaise, mais empruntée au fantastique et
menaçante de par le mystère qu’elle engendre. Les orchestrations sont très
présentes, la production est extrêmement travaillée, ce qui est un des défauts
de l’album car cela contraste un peu avec l’esprit black, mais sans pour autant
renier l’essence de la musique Black Metal. Abigail Williams ne révolutionne
pas le genre, mais des titres comme la très envolée « The World Beyond »,
littéralement « Le monde au-delà » qui nous transporte tout droit dans un
univers de sorcellerie, « Empyrean » et sa batterie de très haut niveau et les
cris lancinants de Ken ou encore le final de « The Departure » qui donne
l’impression d’assister à une fin du monde tragique et poétique à la fois, sont
des passages majeurs du disque. Car c’est un des points forts de cet album, les
riffs mélodiques et les claviers ne sont pas seulement là pour faire joli, ils
sont un véritable voyage émotionnel parfois intimidants, parfois rassurants ou
mélancoliques , on en redemande même après de nombreuses écoutes. Le disque
perd cependant en saveur sur certains morceaux moins transcendants que
d’autres, « A Thousand Suns » et ses voix claires qui manquent de conviction de
par leur manque d’émotion ou « Smoke And Mirrors » trop inspirée de leurs
camarades Dimmu Borgir, ce qui montre encore le manque de singularité de la
formation. Mis à part ça, l’album est aussi bien structuré, une petite intro,
un interlude « A Semblance Of Life » qui permet à l’auditeur de respirer un
peu, plutôt bien pensé de la part du groupe. Le disque réussit à merveille à
nous plonger dans l’atmosphère mystérieuse et sombre du groupe, même si on peut
émettre une critique devant l’artwork un peu cliché et qui ne colle pas
forcément au titre de l’album.
Pour conclure, ce disque est de très bonne qualité de par le niveau des musiciens et le niveau de composition pour un premier album complet d’un groupe dont le line-up est plutôt instable. Cet album ne donne pas non plus des ailes au genre car il a de fortes influences qui l’empêchent d’être un renouveau mais saura se faire sa place dans les playlists et ravir les amateurs de Sympho et de Black en général. Les structures musicales sont inventives, Abigail Williams nous transporte dans son monde avec un album plein d’âme, on en sort très nettement impressionné et séduit de par la démonstration de ce groupe prometteur. Cependant on sent que le groupe n’a pas encore délivré tout son potentiel, chose qui se confirmera à la suite de Becoming, qui est vraiment l’apogée du travail et de la personnalité musicale du combo.
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