Chronique | Abigail Williams - "In The Shadow Of A Thousand Suns" : Un album inspiré mais avec une réelle personnalité


Abigail Williams - In The Shadow Of A Thousand Suns, 2008

Tracklist :

1. I
2. The World Beyond
3. Acolytes
4. A Thousand Suns
5. Into The Ashes
6. Smoke And Mirrors
7. A Semblance Of Life
8. Empyrean: Into The Cold Wastes (extrait à écouter)
9. Floods
10. The Departure

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Abigail Williams est un groupe de black metal américain originaire de Phoenix, Arizona qui s’est formé en 2004. Le groupe a tout d’abord sorti un EP, ensuite cet album « In The Shadow Of A Thousand Suns » en 2008 chez Candlelight Records, puis deux autres albums sortis respectivement en 2010 et 2012 qui se nomment « In The Absence Of Light » et « Becoming », album qui permettra au groupe de trouver sa véritable identité. Le line-up a subi des changements constants au fil des années, le frontman Ken Sorceron est le seul à être resté sans interruption depuis que le groupe est actif. Les musiciens se sont succédés autour de lui, Ashley Ellyllon aux claviers, Bjorn Dannov et Ian Jekelis à la guitare , Kyle Dickinson, Gryph Wotawa, Bryan O’Sullivan à la basse et Zach Gibson (The Black Dahlia Murder), Samus, Ken Bedene Alan Cassidy à la batterie. Pour cet album, autour de Ken à la guitare et au chant, Samus était à la batterie, Plaguehammer à la basse et Ashley Ellyllon aux claviers. In the Shadow Of A Thousand Suns se place comme l’album de transition d’Abigail Williams, c’est l’album qui contrastera avec leur premier EP et qui les emmènera sur la piste de leur musique la plus aboutie et personnelle.


Après un premier EP intitulé « Legend » sorti en 2006 et à tendance core, la formation américaine Abigail Williams change complètement de registre en nous présentant « In The Shadow Of A Thousand Suns », qui se veut être une arrivée sur les terres du Black Metal Symphonique. Un revirement pas forcément bien vu par les puristes du black et qui peut laisser sceptique quant à la différence entre les deux genres. Mais la bande à Ken Sorceron a mis pas mal de chances de son côté, tout d’abord la majorité des parties batteries sont assurées par Trym (Emperor), alors que les titres « Acolytes », « Floods » et « Empyrean » sont enregistrés eux par Samus, le batteur officiel du groupe et machine de guerre derrière les fûts lui aussi. Niveau production ensuite, on retrouve James Murphy (Obituary, Death, Testament), une production très carrée donc, peut-être un peu trop pour le genre dira-t-on , mais cela montre déjà que le combo n’est pas venu pour faire de la figuration et compte vraiment s’imposer dans l’univers du black.


L’intro nous offre déjà un avant-goût de la panoplie de la charmante Ashley Ellyllon dont les nappes de claviers bien senties accompagneront à la perfection les musiciens et donneront ce supplément d’âme à l’album. Puis vient le premier blast effréné de « The World Beyond » qui nous laisse bouche bée et qui rend les choses tout de suite plus intéressantes tant la transition est soudaine. Cet album est un modèle du genre, un très bon compromis entre mélodies, ambiances un brin empruntées à leurs camarades nordiques, et le côté direct et ravageur des chansons, qui rend le groupe plus difficilement accessible tant les rythmes imposés par la batterie sont soutenus, Trym et Samus déploient un arsenal impressionnant. De plus les mélodies entêtantes comme celles de « Into The Ashes » sauront vous emmener dans l’atmosphère grandiloquente et légèrement morbide de l’accusatrice de Salem, pas forcément une atmosphère mauvaise, mais empruntée au fantastique et menaçante de par le mystère qu’elle engendre. Les orchestrations sont très présentes, la production est extrêmement travaillée, ce qui est un des défauts de l’album car cela contraste un peu avec l’esprit black, mais sans pour autant renier l’essence de la musique Black Metal. Abigail Williams ne révolutionne pas le genre, mais des titres comme la très envolée « The World Beyond », littéralement « Le monde au-delà » qui nous transporte tout droit dans un univers de sorcellerie, « Empyrean » et sa batterie de très haut niveau et les cris lancinants de Ken ou encore le final de « The Departure » qui donne l’impression d’assister à une fin du monde tragique et poétique à la fois, sont des passages majeurs du disque. Car c’est un des points forts de cet album, les riffs mélodiques et les claviers ne sont pas seulement là pour faire joli, ils sont un véritable voyage émotionnel parfois intimidants, parfois rassurants ou mélancoliques , on en redemande même après de nombreuses écoutes. Le disque perd cependant en saveur sur certains morceaux moins transcendants que d’autres, « A Thousand Suns » et ses voix claires qui manquent de conviction de par leur manque d’émotion ou « Smoke And Mirrors » trop inspirée de leurs camarades Dimmu Borgir, ce qui montre encore le manque de singularité de la formation. Mis à part ça, l’album est aussi bien structuré, une petite intro, un interlude « A Semblance Of Life » qui permet à l’auditeur de respirer un peu, plutôt bien pensé de la part du groupe. Le disque réussit à merveille à nous plonger dans l’atmosphère mystérieuse et sombre du groupe, même si on peut émettre une critique devant l’artwork un peu cliché et qui ne colle pas forcément au titre de l’album.
Pour conclure, ce disque est de très bonne qualité de par le niveau des musiciens et le niveau de composition pour un premier album complet d’un groupe dont le line-up est plutôt instable. Cet album ne donne pas non plus des ailes au genre car il a de fortes influences qui l’empêchent d’être un renouveau mais saura se faire sa place dans les playlists et ravir les amateurs de Sympho et de Black en général. Les structures musicales sont inventives, Abigail Williams nous transporte dans son monde avec un album plein d’âme, on en sort très nettement impressionné et séduit de par la démonstration de ce groupe prometteur. Cependant on sent que le groupe n’a pas encore délivré tout son potentiel, chose qui se confirmera à la suite de Becoming, qui est vraiment l’apogée du travail et de la personnalité musicale du combo.

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Auteur : Kévin





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