Chronique | KESYS - EP 1 (EP, 2024)

Kesys - EP 1 (EP, 2024)

Tracklist :

01. It Will Be Night Soon - 08:13 
02. You And I Can Reach The Stars - 10:10 
03. Au-delà - 06:50 
04. Merci La Lune - 04:49

Streaming intégral :

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Il y a des groupes que l’on suit, et puis il y a des musiciens. La plupart du temps, les groupes construisent une identité visuelle et sonore au fil des albums, cherchant à affirmer leur singularité. Bien sûr, il existe aussi des groupes qui veulent avant tout ressembler à quelque chose : sonner plus True Black Metal que le True Black Metal norvégien, être plus mélodiques que le Death mélodique finlandais, ou aligner Satan en blanc sur fond noir avec un logo rouge pour être encore plus war que war. Mais partons du postulat qu’en général, les groupes tentent de forger une identité qui, sans forcément être unique (tant les influences sont nombreuses), aspire du moins à apporter une vision qui leur est propre. La complexité d’un tel exercice ne se limite pas uniquement à essayer de se démarquer de la myriade de groupes existants — à la qualité très fluctuante — mais aussi à composer avec les différentes individualités qui composent ledit groupe. Et, parfois, pour telle ou telle raison, en leur sein, une des personnalités se démarque et on se prend à regarder ce qu’elle a déjà fait... puis ce qu’elle va faire.

C’est ce qui s’est passé pour moi avec Jeff Grimal après son départ de The Great Old Ones. Fan de la première heure du groupe, j’étais triste à l’annonce de son départ mais extrêmement curieux de voir ses projets futurs (en plus d’apprécier ses talents de peintre). Bien que je ne sois pas amateur de tous ses projets, certains m’ont particulièrement touché. Citadel, avec son Black Symphonique old-school, et Spectrale en font partie. C’est dans la lignée de ce dernier que s’inscrit Kesys.

Suite spirituelle, s’il en est, cet EP 1 conserve ce qui faisait toute l’étrangeté de Spectrale : ce mélange des styles, entre Post-Rock et nappes ambient aux accents quasi-cinématographiques. Là où Kesys se démarque vraiment, c’est dans l’utilisation des guitares, moins « neo-folk » et plus progressives, plus éthérées, soutenues par des lignes de basse profondes qui donnent aux morceaux une dimension à la fois aérienne et insondable. Ce contraste plonge l’auditeur dans un entre-deux, suspendu entre la terre et le ciel. Car oubliez les infinis cosmiques : ici, à l’image de l’artwork, Jeff Grimal se « contente » des nuages. Et il y a bien assez à faire avec ces entités vaporeuses, fuyantes, impalpables. Accrochez-vous à cette image… mais peut-on réellement s’accrocher à un nuage ?

On se fait une idée de ce qu’est un nuage, comme on se fait une idée de ce qu’est la musique de Kesys : pourtant, à l’image de ces formes en constante mutation, les morceaux de cet EP nous offrent toujours quelque chose de nouveau — que ce soit la basse de Benoît Gateuil, la batterie de Simon Renault, ou encore un passage de flûte signé Thomas Boissier (Wegferend, Gonfanon) qui nous plonge sous des cieux plus celtiques.

Arrivé à ce stade, le lecteur assidu de chroniques aura sans doute remarqué que je ne me suis pas arrêté sur un morceau en particulier. C’est volontaire. J’ai abordé cet EP comme on contemple un ciel de nuages : allongé dans l’herbe, en laissant s’écouler le temps... Ce ciel que l’on regardait enfant, que l’on a oublié de continuer à contempler, avant de le retrouver — immuable, mais pourtant si différent.
La musique de Kesys se nappe de formes multiples, d’atmosphères rêveuses, oniriques, dépaysantes, apaisantes.

La suite sera peut-être plus orageuse...
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Morgan

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